MEG Montréal : 20 ans de découvertes et de party
Musique

MEG Montréal : 20 ans de découvertes et de party

Pour son 20e anniversaire, MEG Montréal célèbre en grand. 

«20 ans en musique électronique, c’est comme 50 ans en rock’n’roll. Ça va tellement vite!» proclame d’emblée Mustapha Terki, qui a cofondé le Montréal Electronic Groove (MEG) en 1999 avec le producteur et gérant d’artistes Jacques Primeau. Même s’il a ouvert ses horizons au hip-hop, au rock et au pop en deux décennies, l’événement est encore aujourd’hui le festival québécois le plus ancien à être consacré en majeure partie à la musique électronique, tout juste devant Mutek, fondé en 2000.

Bien en vue à l’international, surtout du côté du marché français avec qui l’événement a une relation privilégiée depuis ses tout débuts, MEG Montréal n’a jamais cherché la facilité, préférant constamment se renouveler et se mettre en danger plutôt que de viser le statu quo. Mais malgré toutes ses reformulations, le festival est resté fidèle à sa mission : mettre en lumière des artistes à la démarche audacieuse qui, un jour ou l’autre, auront le potentiel de rejoindre un plus large public. «Disons qu’on est un festival de niche, mais qui fait des découvertes d’envergure. C’est essentiellement ce qui nous démarque des autres festivals électro», résume Terki. «On a une bonne image extérieure, et j’en suis particulièrement fier et heureux. Les médias et les gens de l’industrie reconnaissent notre travail de fond laborieux.»

Mustapha Terki. Courtoisie MEG Montréal.
Mustapha Terki. Courtoisie MEG Montréal.

Du groupe électro rock Rinôcérôse en 1999 jusqu’au producteur Fakear en 2015, en passant par TTC, M83, Le Tigre, Justice, Crystal Castles, MGMT et Neon Indian, MEG Montréal a donné une place de choix à des artistes influents de partout dans le monde avant qu’ils aient un succès de masse. Année après année, le festival s’est également démarqué par son flair local, de Poirier et Les Jardiniers à High Klassified et Dead Obies, et par ses happenings originaux, dont le Meg Boat, navire festif qui a sillonné les eaux du Saint-Laurent de 2008 à 2015.

C’est d’ailleurs durant ces huit années que MEG Montréal a considérablement élargi son public pour devenir un incontournable du circuit festivalier de la métropole. «Le bateau était un produit d’appel. Ça nous amenait beaucoup de retombées médiatiques, donc on a joué là-dessus pendant un moment, mais la réalité, c’est que, si on avait voulu faire de l’argent avec ça, on aurait dû mettre les billets à 100$, ce qui était inconcevable. Ça a été une belle expérience et c’est certain que la journée qu’un commanditaire m’appelle pour avoir le bateau, on recommence.»

C’est dans le même esprit que Terki a initié l’Electro Parade l’an dernier. Développée en partenariat avec Piknic Electronik et evenko, cette fête déambulatoire allant du mont Royal au Quartier des spectacles a été le moment fort de l’édition 2017 du festival. «On compte refaire l’événement l’an prochain, car on constate que les gens veulent vivre une expérience. Ce qui fonctionne actuellement dans les festivals, c’est l’addition de la programmation et de ce qui se passe sur le site.»

Electro Parade 2017. Courtoisie MEG Montréal.
Electro Parade 2017. Courtoisie MEG Montréal.

Autre évolution notable du MEG : le développement de son volet professionnel. Cette année, deux présentations viennent enjoliver sa programmation musicale, soit la conférence Musique et numérique : alerte sur les enjeux d’une mutation du journaliste musical Alain Brunet et la table ronde 20 ans de musique électronique avec Erwan Perron, Mathieu Gervais, Alexandre Auché et Evelyne Côté, qui discuteront plus précisément de l’évolution des scènes française et québécoise de ce genre musical.

Témoin de premier plan de cette dite évolution, Mustapha Terki croit que les DJs et producteurs encore mis à l’écart de l’industrie musicale au Québec. «C’est encore très niché comme style. Le modèle business n’est pas encore bien défini aux yeux des gens de l’industrie, contrairement au hip-hop qui prend peu à peu la place du rock. Ici, les artistes électroniques n’ont pas beaucoup d’autres options que d’aller ailleurs pour performer. Les revenus se trouvent là, dans ce réseau international.»

Si la situation est instable pour les artistes, il en est de même pour les plateformes de diffusion comme MEG Montréal. Conscient des transformations constantes du milieu de la musique, le directeur et cofondateur a décidé l’an dernier de déplacer la date de son festival un mois plus tard que d’habitude. «L’été, il y a tellement de gratuités pour le public. L’électro est partout, alors ça devient difficile de demander aux gens 15-20$ pour un spectacle. Pour moi, c’était évident que ce serait plus simple à la rentrée. Mon intuition a été confirmée l’an dernier lorsque j’ai constaté le succès de l’Electro Parade. Maintenant, le but, c’est de fédérer le public et l’industrie pour devenir la destination électro de la fin de semaine du Travail.»

Et, plutôt que de se dérouler aux quatre coins du centre-ville, cette destination prend maintenant ancrage dans deux lieux précis : la SAT pour les soirées électro et le Ministère pour les volets hip-hop, pop et rock. Parmi les artistes de la programmation, cette 20e édition mettra en vedette deux figures importantes de la musique électronique française : le défricheur techno Arnaud Rebotini et le maître de la french touch Etienne de Crécy. «La ligne directrice de cette année, c’est qu’on a 20 ans et qu’on fait le party. On a enfin l’âge de notre public, donc aussi bien en profiter.»

MEG Montréal – du 30 août au 2 septembre 2018

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