Rap local : Waahli, le premier vol solo
Musique

Rap local : Waahli, le premier vol solo

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Vétéran de la scène hip-hop montréalaise, Waahli fait enfin le saut en solo avec Black Soap, un tout premier album en 17 ans de carrière.

«Blague à part, je sors cet album-là pour la simple et bonne raison que je n’avais plus de place sur mon hard drive!» lance d’emblée le membre du collectif Nomadic Massive, en riant.

Amorcé il y a trois ans, Black Soap a subi moult reformulations, mais a bénéficié d’une impulsion plus franche dans les derniers mois. «C’est vraiment dans la dernière année que je me suis mis à fond là-dessus. D’abord et avant tout, je voulais apporter ma singularité au projet. Depuis mes débuts, on m’attache toujours à Nomadic. C’est une bonne chose, oui, mais je suis également un individu à part entière avec une tête forte. Je voulais me permettre plus de liberté, me permettre des choses que je n’aurais pas pu toucher avec mon groupe.»

Ainsi, les origines haïtiennes du rappeur, producteur et guitariste (également connu sous le nom de scène Wyzah) transparaissent davantage sur ce premier album. «Mes influences afro-caribéennes sont très présentes, et j’avais envie d’explorer mon côté créole. Il y a également des trucs plus personnels du côté des textes. Sur Intent, par exemple, je parle de mon parcours, de toutes les raisons qui m’ont poussé à mettre la musique au centre de ma vie. Il y a là une atmosphère qui décrit vraiment bien ma personnalité. Sinon, il y a aussi God Is Love, qui me parle beaucoup. Je suis plus vulnérable dans cette chanson et j’assume le fait que je ne suis pas parfait, que ma personnalité est complexe.»

[youtube]ngDysvriM3k[/youtube]

Produite par le jeune producteur talentueux Lowpocus, Rewind s’inscrit également dans ce registre plus intime, voire autobiographique. «C’est l’histoire d’un jeune Noir issu de la diaspora. Il y a un message très social à travers tout ça. C’est l’idée de dire que tu as toujours la possibilité de changer le cours de ton existence, même si tu as fait quelque chose de négatif. Une erreur ne signifie pas que tu ne peux pas te reprendre.»

Bref, même s’il a majoritairement été écrit récemment, Black Soap est le témoignage d’une vie entière. «Ce sont des parties de ma vie, des idées que j’ai écrites sur une napkin, sur un morceau de papier ou sur mon phone dans les dernières années. J’ai toujours eu en tête l’idée de faire un album solo, mais je me suis longtemps contenté de faire des chansons ou des beats. Là, je vois Black Soap comme un prélude à d’autres choses. C’est simplement une partie de moi que je dévoile.»

Créée dans la pure tradition hip-hop, c’est-à-dire à partir d’échantillons, l’album bénéficie également de l’apport de plusieurs musiciens d’expérience, notamment le pianiste Jean-Michel Frédéric, le bassiste Mark Haynes ainsi que les producteurs Lou Piensa et Butta Beats, tous deux de Nomadic Massive. En découle une œuvre à mi-chemin entre la production synthétique et les arrangements organiques. «J’ai voulu m’assurer que le mélange soit fluide entre les deux, à un point qu’on ne soit pas capable de distinguer ce qui est du beatmaking et ce qui est de l’instrumentation live», explique-t-il. «Aussi, j’ai voulu rendre hommage au hip-hop des années 1990, qui a façonné ma jeunesse, tout en m’assurant d’y intégrer des sonorités d’aujourd’hui, notamment des basses 808 très lourdes. Ça a été un gros défi de doser tout ça, notamment parce que je me demandais beaucoup ce que les autres allaient penser du résultat final. À un moment donné, je n’ai pas eu le choix de me tenir loin de toutes ces pensées pour uniquement me fier à ce que j’aime, à mes influences.»

Maintenant, Waahli espère que cet album saura le repositionner dans la  communauté hip-hop montréalaise. OVNI de notre scène musicale, en raison de son caractère polyglotte et de son mélange d’influences assez marqué, son groupe Nomadic Massive a souvent été associé à la catégorie fourre-tout de «musique du monde» depuis ses débuts en 2004 – étiquette que le rappeur rejette dorénavant du revers de la main. «L’industrie musicale nous a catégorisés comme ça, mais notre base, c’est vraiment le hip-hop. On a souvent l’impression d’être en orbite autour de ce qui se passe dans le rap québécois, mais pourtant, quand on fait des tournées à l’extérieur, les gens nous perçoivent comme du hip-hop montréalais, car on a un côté très diversifié et multiculturel. Des fois, je trouve ça un peu désolant qu’on soit capable de représenter autant le rap de Montréal partout dans le monde, mais qu’ici, on soit sous-représentés. À l’avenir, j’espère que le mot world va être retiré des catégories, car il ne veut absolument rien dire.»

Black Soap – disponible ce vendredi 28 septembre

Lancement de Black Soap – Jardins Gamelin (Montréal), 28 septembre (19h)

Nouveautés d’envergure //

Souldia frappe un grand coup en faisant appel à MB, Lost et White-B, trois des rappeurs montréalais les plus en vue dernièrement, sur Le bonheur des autres, chanson tirée de son très attendu Survivant, qui paraîtra le mois prochain.

[youtube]pirbeR-aDog[/youtube]

Rowjay frappe lui aussi un grand coup en se joignant à Mister V, youtubeur et rappeur français, sur la chanson Saint-Laurent, énorme succès sur la toile avec un total de plus d’un million de vues en trois jours.

[youtube]uWDkQCcxwCY[/youtube]

Toujours aussi mordant dans son flow, MTLord impressionne sur Who Am I.

[youtube]BqMR824vYxQ[/youtube]

Le Montréalais YLS nage avec habileté dans les eaux du mumble rap sur Yes or Nah, une collaboration avec Kymo Bang.

[youtube]ayffEndJfsQ[/youtube]

Spity s’allie avec Everythingoshaun sur cette pièce trap.

[youtube]YbswNkEl_H0[/youtube]

Lougy Badness livre un premier EP solo, Esteban, ainsi qu’un clip pour la convaincante On Go.

[youtube]gfKhygn_Adg[/youtube]

Quatre ans après s’être révélé avec brio sur la percutante chanson trap Ignorant, Rwo revient d’un hiatus de quelques mois avec ce freestyle enregistré pour la radio française OKLM.

[youtube]OdWWDndpKiA[/youtube]

Après s’être dévoilé aux côtés de son camarade Misa sur la mixtape Okulte, le rappeur Nova prépare un retour en solo avec cette nouvelle pièce, sur laquelle il montre l’étendue de ses prouesses au micro.

[youtube]chRuM2bR_PE[/youtube]

Le rappeur et producteur Le Chum se fait relativement intime sur cette chanson du rappeur Brakeur, tirée de la mixtape Brik à brak.

[youtube]6k1uTSaeIc4[/youtube]

Lodgicko lance un deuxième EP en trois mois.

Les artistes seinsucrer (alias Jessy Benjamin) et Dr.Stein offrent une chanson assez déjantée et psychédélique, construite à partir d’un échantillon de Loadé comme un gun d’Éric Lapointe.

Natif de Victoriaville, Dvsty Figur alias White Piece ramène sa voix rauque et incisive sur une production trap signée Griesgrammar.

Originaire de Québec, le beatmaker Bragi $kuld fait part d’originalité sur cette première beat tape en carrière.

Un an après 4, une première beat tape inventive, le producteur Pabst Is An Astronaut poursuit ses expérimentations avec panache sur Banana Attraction.

LaF y va d’un clip pour Omen, l’une des chansons les plus étoffées de son EP Hôtel délices lancé le mois dernier.

[youtube]V2oMkXcn-U4[/youtube]

Le septuor O.G.B met en images Rebondir, chanson jazzy rap très entraînante qui met en vedette FouKi.

[youtube]pPRikdzS7V0[/youtube]

Le vétéran Cheak13 s’allie à Scavenger Kal et Phil Mespieds (d’Okapi) sur High & Low.

[youtube]2q0AlLUgLJo[/youtube]

Nicholas Craven signe un remix de la chanson 212 de Conway et Elzhi.

SevDee livre un fougueux mix de plusieurs hits rap de l’année 1988.

La compositrice électro Debbie Tebbs collabore avec le rappeur acadien d’adoption montréalaise Jacobus sur l’accrocheuse Dans les voiles.

[youtube]BpBJpAk4nqQ[/youtube]

3 shows à voir //

Soirée de clôture avec OGB

Aire commune, l’un des happenings les plus courus de l’été, clôture sa première saison avec un spectacle du septuor jazzy rap O.G.B.

Aire Commune (Montréal), 27 septembre (17h)

Yes Mccan + LaF.

Yes Mccan amène sa tournée en soutien à son premier album solo à Saint-Hyacinthe. C’est le sextuor LaF qui ouvrira la soirée.

Le Zaricot (Saint-Hyacinthe), 29 septembre (21h)

Ghost Club Records Showcase

Ghost Club Records, étiquette qui a l’un des l’alignements les plus audacieux du microcosme hip-hop et électro montréalais, prépare un showcase avec plusieurs de ses artistes clés : Prince Club, Aaricia, Maky Lavender, Cyber et Lust.

Le Ministère (Montréal), 26 septembre (22h)

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