Les Fucking Raymonds : Blitzkrieg PQ
Réunis par leur amour indéfectible des Ramones, Les Fucking Raymonds ne veulent pas être considérés comme un cover band conventionnel.
«On est un groupe hommage, mais pas dans le sens classique. On se considère pas comme un cover band normal», insiste d’emblée Raphaël Colet alias Raffy, bassiste et choriste du quatuor. «À la base, on a été inspirés par des adaptations québécoises de classiques du metal comme L’as de pique d’Arseniq 33 (une reprise d’Ace of Spades de Motörhead). J’ai toujours trouvé ça l’fun comme exercice.»
Avec Les Fucking Raymonds, Rockaway Beach devient donc Plage Jean-Doré, alors que 53rd & 3rd devient Ste-Catherine/d’Champlain et Teenage Lobotomy, Ado lobotomisé. À ces traductions québécisées s’ajoutent aussi des références à La Meute et à Philippe Couillard. Bref, la réappropriation prend le dessus sur la simple reprise, dont se contentent la plupart des groupes hommage, de Alcoholica à The Australian Pink Floyd Show. C’est d’ailleurs en réaction à l’hermétisme et à la conformité propres au cover band typique que Raphaël et son collègue initial, Réjean Gariépy alias Reggie, ont quitté Les Raymonds, autre groupe hommage aux Ramones qui impliquait moins d’originalité et plus de perruques.
Tout de suite après leur départ, les deux musiciens ont enregistré un premier album avec les moyens du bord. Après avoir longuement hésité, le duo a choisi le sobriquet Les Fucking Raymonds plutôt que leurs deux premières idées, presque aussi bonnes : Blitzkrieg PQ et Les Ramonets (en hommage aux Baronets). À la grande surprise des deux comparses, l’impact de l’opus homonyme, paru sur Bandcamp en janvier dernier, a été notable, à un point où le promoteur evenko a saisi la balle au bond en les invitant à se produire au festival punk ‘77 Montréal cet été.
Évidemment, cette opportunité immanquable a donné une impulsion au projet. Motivé comme jamais, après plusieurs décennies à voguer d’un groupe rock à l’autre, Colet a toutefois dû se «revirer sur un dix cennes» à trois semaines de préavis lorsque son collègue de premières heures a dû laisser tomber l’aventure pour retourner vivre à Québec. C’est là que, par miracle, Patrick Martin alias Patty (du groupe trash metal Reanimator) est arrivé en renfort. «Il a fait un travail de fou. Il a appris les chansons à moins d’un mois du gros show. Il a étudié les textes jour et nuit», se souvient-il, encore saisi par son exploit.
Complétée par le batteur Francis Labelle alias Franky (également membre de Reanimator) et le guitariste Maxime Cormier alias Vinny, la formation renouvelée a maintenant les reins solides. Même s’il a une quinzaine d’années de plus que ses trois compères, Colet ne s’est jamais senti aussi bien entouré. «Même s’ils sont plus jeunes, les gars ont roulé leurs bosses en masse. Pis, au-delà de leur professionnalisme, ce sont surtout des gars super sympathiques. Ils sont vraiment à leur affaire», soutient le bassiste de 47 ans.
Après le spectacle à Montréal de ce samedi, Les Fucking Raymonds entreront en studio pour enregistrer un deuxième album, évidemment plus représentatif de leur nouvelle chimie. Réalisé par Jef Fortin d’Anonymus (le colocataire de Patty), l’opus contiendra d’autres relectures colorées telles que J’veux sniffer de la colle (Now I Wanna Sniff Some Glue), Roche chinoise (Chinese Rock) et Ici aujourd’hui, parti demain (Here Today, Gone Tomorrow).
«On a au-dessus de 30-35 textes qu’on va continuer à peaufiner. Cette fois, on va avoir un son un peu plus solide. J’en ai parlé à Jef, et le but, ça va être de faire un mariage entre quelque chose vintage et de moderne, sans verser dans quelque chose de trop heavy pour pas dénaturer la touche des Ramones. On a quand même du pain sur la planche pour que la recette prenne aussi bien que sur le premier.»
Les Fucking Raymonds (avec Brutal Chérie, Chemical Way et Dang) – Katacombes (Montréal), 3 novembre (20h)