Rap local : DawaMafia, histoires de famille
Musique

Rap local : DawaMafia, histoires de famille

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Sur une scène street rap de plus en plus compétitive, DawaMafia se lance avec Mafia, une deuxième mixtape qui dépeint une réalité crue et décomplexée.

Suite trap plus rude à D’où je viens, un premier projet aux teintes tropicales paru en mai dernier, Mafia est le résultat d’un long cheminement pour Zacka, qui forme le duo avec son frère Tali B. Actif comme rappeur depuis une décennie, le Marocain d’origine a trimé dur pour en arriver là. Le début de son parcours musical en témoigne : «Je me suis plongé dans la musique, car j’avais des problèmes avec la justice. J’avais un couvre-feu, donc je pouvais pas traîner dehors. La musique, c’est tout ce qui me restait pour passer le temps. Je serais pas qui je suis aujourd’hui sans elle.»

Membre des collectifs Bagdad Musik et UMR, qui ont obtenu un engouement modéré sur la scène rap montréalaise, Zacka avait pourtant perdu la flamme artistique il n’y a pas si longtemps. Rongé par des soucis personnels, il a repris goût à la création lorsque son frère, sept ans plus jeune que lui, a commencé à manier le micro avec plus d’aplomb. «Je l’ai aidé à bâtir son projet solo, en le poussant de l’avant. À force de travailler avec lui, on a commencé à faire quelques sons ensemble, et le nom DawaMafia est apparu. C’est un clin d’œil à la réputation qu’on avait dans les soirées à l’époque. Nous sommes cinq frères très soudés dans la famille et, quand on débarquait quelque part, tout le monde disait de nous qu’on venait foutre le ‘’dawa’’, le bordel. Ça allait être tout sauf tranquille!»

En août 2017, le duo originaire de Brossard se révélait officiellement avec le clip Vida Loca, filmé par le réalisateur Dino César lors d’un road trip à Sandbanks et à Niagara Falls. Promoteur renommé de la ville de Québec, Rico Rich a tout de suite perçu le potentiel des deux frangins en entendant cette chanson . «Il a voulu amener le mouvement un peu plus loin. C’est lui qui a structuré notre plan d’action.»

Motivé par cette marque de confiance, DawaMafia a notamment collaboré avec le producteur montréalais Ebeatz et le rappeur parisien Jarod pour la création de cette deuxième mixtape. En résulte une trame musicale plus intense et brute, en phase avec les thèmes abordés dans les textes. «On s’inspire de faits vécus, de faits réels, de ce qu’on voit autour de nous ou dans les nouvelles. Sans même le vouloir, ce sont ces trucs-là qui sortent lorsqu’on kick sur une instrumentale.»

Voulant éviter de s’enfermer dans une étiquette quelconque, le duo assume une dimension gangsta rap qui lui est propre. «Oui, le gangsta rap implique qu’on n’a pas totalement les mains propres, mais notre objectif, c’est de sortir du hood. En fait, si on n’avait pas cet objectif-là en tête, il y aurait vraiment un problème… À mon avis, un gangster, c’est celui qui quitte la rue, le bando. C’est celui qui se range, car il a réussi. Si tu fais constamment des allers-retours en prison, tu te retrouves toujours à la case départ. T’es pas un gangster, t’es un loser!»

Sur la majeure partie des chansons de Mafia, les deux rappeurs entretiennent un rapport obsessif avec l’argent, perçu comme la marque de réussite et de respect la plus fondamentale. «Quand la mise est bonne, je ne mesure plus mes limites», rappent-ils sur Price.

«Y’a beaucoup de gens qui disent que l’argent fait pas le bonheur, mais à mon avis, ça arrange bien des choses», nuance Zacka. «Si tu n’en manques pas, ta vie va aller mieux. L’argent tourne partout autour de toi.»

Mais cette quête vers le haut de la pyramide vient avec son revers de médaille, et les deux rappeurs en sont conscients. «On veut la vie de riche, on prend des risques bro / Sur mon dos, je traîne un fardeau», entend-on en guise d’entrée en matière sur Intro. «Avant même de parler d’argent, on veut refléter ce qui se passe dans nos vies. Il y a une différence entre le réel et nos ambitions», explique le rappeur.

Pour les prochains mois, les attentes restent toutefois réalistes. «Notre objectif d’abord et avant tout, c’est la musique. Avant, on kickait pour kicker sans trop se poser de questions, mais maintenant, on a une vision plus large avec Rico Rich. On va mettre les bouchées doubles.»

En spectacle avec Souldia le 16 novembre au Méduse (Québec) et le 24 novembre au Club Soda (Montréal)

Nouveautés d’envergure //

Coup de génie pour Alaclair Ensemble, qui signe son clip le plus impressionnant en carrière avec La famille, l’hymne le plus probant de son dernier album Le sens des paroles.

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Les Montréalais.e.s Mags (du trio Strange Froots) et Shem G s’unissent pour former le nouveau duo Marshal Gordow. NuLifeOnMars apparait comme une première oeuvre foisonnante et pour le moins agitée, qui se démarque passablement du reste de la production hip-hop locale.

L’excellent producteur montréalais Nicholas Craven signe les productions de ce nouvel EP du rappeur originaire de Rochester, Eto. Son collègue 80Rock ajoute également sa touche à l’ensemble.

Le beatmaker montréalais VoTang – 武唐王 offre un trois titres lo-fi très bien ficelé, Farewells.

Le collectif franco-québécois Tour de manège redonne vie à Special Cultiz, une compilation initialement parue en mai 2016 et donnée en cadeau au défunt webzine street à tendance geek Cultiz.

À quelques jours de la sortie de leur deuxième projet collaboratif, Adamo et J7 (alias le duo Gros Big) proposent un deuxième extrait aux consonances folk pop.

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Sam Faye et D-Track s’offrent une pièce plus sombre qu’à l’habitude : Voodoo Shit.

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Le Montréalais Joji Redback suit les conventions du mumble rap sur Cotillard, un hommage à l’actrice française.

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L’éminent Kris The $pirit se joint au jeune Kap.Dog sur LIVEYURLIFE, chanson planante de son EP Spirit Mode Vol. 1 qui profite maintenant d’un clip.

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Sans Pression s’allie à Bilo Da Kid et Tammy Tuesdayz sur Né pour briller ainsi qu’à son camarade des premiers temps Ti-Kid sur La vérité, deux chansons en soutien à son album French Amerikkka prévu pour le 23 novembre.

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Natif de Québec, Ross prépare la sortie de son troisième projet solo Jimmy Rozay et en propose un premier extrait.

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Le nouveau venu KBG collabore avec Kay Bandz sur Shyne.

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Sans le soutien de Make It Rain Records, Flawless Gretzky livre une deuxième mixtape, On da Run. Son nouvel extrait, Will We Chill Again, n’a rien de bien convaincant.

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Le rappeur et producteur Hardbody Jones y va d’un brûlot trap industriel, en prévision de son projet Brain Jiggle.

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St-Saoul est à la barre de cette chanson pop trap fort probablement ironique, menée par les rappeurs Sauce (alias Suspek-T) et Syme.

Le producteur Cobrayama se joint à la chanteuse R&B Fawna sur la prometteuse Lungs.

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La popstar québécoise Marie-Mai s’allie à Koriass sur la chanson titre de son nouvel album Elle et moi.

3 shows à voir //

Concert Spécial SiriusXM

Trois des révélations les plus en vue des derniers mois sur la scène rap montréalaise, FouKi, Rowjay et Zach Zoya, se réunissent dans le cadre de M pour Montréal.

Club Soda (Montréal), 15 novembre (21h)

Ghost Club Records x Multiply MTL Showcase

Créée par le label Ghost Club et le promoteur Multiply MTL, la compilation We Don’t Die, We Multiply (dont la sortie est prévue pour ce vendredi) mettra notamment en vedette Ogee Rodman, DeusGod, Imposs, LaF, Maky Lavender, JT Soul et Osti One. Tous (et bien plus encore) seront de la partie pour ce lancement.

Le Belmont (Montréal), 16 novembre (22h)

Lost & White-b en showcase (Places Limitées)

Au sommet de la scène street rap en ce moment, Lost et White-B s’offrent un showcase au Skills.

Le Skills (Montréal), 16 novembre (20h)

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