Maxime Gervais : la décroissance musicale
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Maxime Gervais : la décroissance musicale

Bien au-delà des frasques absurdes auquel il nous a habitués avec son groupe Les Pic-Bois, Maxime Gervais se livre avec sensibilité et humour sur La magie, son septième album solo.

Adepte invétéré de l’esthétique lo-fi, l’auteur-compositeur-interprète montréalais présente ici un album éclaté, à la fois teinté d’un amour pour le rock alternatif des années 1990 et d’un attrait marqué pour la musique électronique minimaliste. Alternant entre la guitare et le synthétiseur électrique le plus rudimentaire qui soit, Gervais témoigne du deuil qui l’a habité pendant plusieurs mois et de la magie qui, soudainement, a accéléré son retour vers la lumière.

VOIR : Tu présentes ici un album visiblement plus lumineux que La plage. Dirais-tu que tu l’as écrit en réaction au précédent?

Maxime Gervais : Au début de 2017, j’ai appris qu’un de mes meilleurs ami, Julien, était condamné par le retour d’une tumeur au cerveau. Avec les mois qui passaient, son état se dégradait, et je me suis surpris à écrire des chansons plutôt sombres. J’étais inspiré par la souffrance, la mort, la drogue, la fin des temps… Ces chansons sont devenues La Plage. L’album est sorti quelques jours après le décès de Julien.

Pour la suite, j’ai décidé de continuer d’écrire pour faire un portrait du deuil que je vivais. Je me souviens que les premières semaines qui ont suivi la mort de mon ami m’apparaissaient comme un espèce de rêve déphasé. Comme si j’étais déconnecté de ce qui se passait autour de moi. De là sont venues des chansons comme La magie n’existe pas, La ballade du figurant et Buffy et Spike.

Un soir, j’ai fait un rêve dans lequel Julien venait me visiter dans la maison de mes parents. Je me souviens qu’on faisait juste jaser pis déconner, en sachant pourtant que le rêve allait se terminer. En me réveillant, j’étais habité par une nouvelle sérénité qui a amené des nouvelles chansons beaucoup plus lumineuses comme J’ai retrouvé un vieil ami, Le retour de la magie et Nacho ou Con Queso?

J’ai tranquillement retrouvé le goût de m’amuser pis je pense qu’on peut le sentir sur l’album. Aussi quétaine que ça puisse paraître, l’album est devenu un voyage vers la lumière. (Ark.)

Qu’est ce que cet album représente dans ta discographie, autant sur le plan poétique que musical?

Au fil des albums, je suis de plus en plus à l’aise de me mettre à nu. Je suis extrêmement timide sur mes émotions, mais je me rends compte du bien fou que ça me fait de les sortir pis de les partager. J’ai compris que les expériences les plus personnelles sont souvent celles qui parlent le plus au monde.

Je pense aussi que j’ai réussi à trouver le bon dosage d’humour dans mes compositions. Dans le passé, j’ai souvent ajouté des jokes ou du cabotinage pour voiler les émotions que je trouvais trop explicites. Aujourd’hui, j’assume sans honte ce que je veux exprimer, même si ça exhibe ma sensibilité.

La facture lo-fi est très franche et assumée sur cet album. Qu’est-ce qui t’attire dans cette esthétique?

J’ai toujours associé le lo-fi à une forme d’authenticité. On dirait que ça coupe la bullshit pour conserver ce que je trouve important dans la musique. Mes chansons pourraient assurément être plus droites, mais j’ai l’impression que j’y perdrais quelque chose que j’ai du mal à nommer. La liberté et la spontanéité, peut-être?

J’adore les défis du DIY. Ça fait ressortir le côté bricoleur d’en faire le plus possible avec le moins possible. Dans le fond, c’est de la décroissance musicale!

Un peu plus de 10 ans après ton premier album Salut!comment vois-tu ton évolution comme artiste?

Je dirais que j’ai de moins en moins de choses à cacher. Aussi, j’assume beaucoup plus ma démarche DIY qui est passée d’une nécessité à un choix.

As-tu l’impression que, peu à peu, les gens prennent ta proposition d’auteur-compositeur-interprète plus au sérieux?

Dans le temps, quand je sortais un album, j’étais secrètement un peu déçu quand les gens accrochaient seulement sur la couche d’humour qui recouvrait mes tounes. Je ne peux pas les blâmer parce que j’avoue que j’en mettais souvent plus plus que le client en demandait.

Aujourd’hui, j’ai l’impression que les gens saisissent que mes chansons peuvent en dire plus qu’elles en ont l’air. Par exemple, je suis content que des gens viennent me parler du sens qu’ils ont perçu dans La ballade du figurant. 

Comment La magie prendra forme sur scène?

En spectacle, on s’arrange pour que les gens retombent en adolescence! C’est la partie que j’aime le plus parce que tout peut arriver pis que tout finit par arriver! Je suis accompagné de deux supers musiciens qui réussissent à camoufler le fait que je joue de la guitare comme un esti de pied. Jean-Simon Tessier (claviers) et Rafael Poggetti (batterie) ont complètement renouvelé le plaisir que j’ai à faire mes tounes en spectacle.

Comme a déjà dit Pag à un show des Régates de Valleyfield : «J’aime les partys bien rock!»

Lancement de La Magie – le 24 janvier à L’espace public