Yves Jarvis : l'expérimentation accessible
Musique

Yves Jarvis : l’expérimentation accessible

Entre R&B experimental et indie folk, Yves Jarvis (ex-Un Blonde) est un phénomène unique sur la scène montréalaise. À l’aube de ses deux spectacles au Théâtre Fairmount, nous nous sommes entretenus avec lui.

Ton nouvel album The Same but by Different Means est marqué par des expérimentations studio assez poussées. Comment as-tu réussi à transposer cet univers musical sur scène?

Quand j’enregistre, je n’écris pas vraiment. Tout est très spontané. Donc, quand vient le temps de monter quelque chose pour la scène, je commence par apprendre et comprendre tout ce que je viens d’enregistrer. Mon but, c’est pas de recréer l’album avec toute son instrumentation et sa densité, mais plutôt de créer une relation de proximité avec le public.

Tu as récemment changé ton nom d’artiste (Un Blonde) pour Yves Jarvis, un mélange du prénom de ton grand-père et du nom de famille de ta mère. Dirais-tu que ce changement d’identité a contribué à la création d’un album plus personnel?

Le processus artistique n’a pas vraiment changé. Comme c’était le cas avec l’album précédent d’Un Blonde, Good Will Come to You, j’ai enregistré de la musique chaque jour, comme si le studio était mon journal intime. Ce qui a changé, par contre, c’est qu’au lieu de décrire mon environnement, je parle davantage de mes expériences, de moi et de ma perspective. Les chansons Sugar Coated et Nothing New incarnent bien ce changement, car je parle directement de mon expérience en studio. C’est un genre de brainstorm enregistré. L’idée est d’enlever le mur entre l’auditeur et moi, et je dirais que c’est ce qui a teinté l’écriture de l’ensemble de l’album.

En enregistrant de la musique chaque jour, j’imagine que tu accumules un nombre important de chansons, d’esquisses et d’ébauches. Comment arrives-tu à faire le tri dans tout ça?

Cet album est le fruit de deux ans en studio et, donc, d’une centaine de projets de chansons. Évidemment, tout ça inclut beaucoup d’expérimentations qui n’étaient pas vraiment appropriées pour le projet final, qui ne cadraient pas du tout avec l’esprit de l’album, autant en ce qui a trait aux paroles et à l’ambiance musicale qu’à la qualité sonore. Bref, j’ai mis de côté tout ce qui était trop bordélique ou chaotique.

Mais le résultat demeure quand même très éclectique…

Oui, car j’ai une fascination pour l’expérimentation. Reste que, quand je m’écarte trop d’une chanson dans le sens traditionnel du terme, je n’hésite pas à l’écarter de l’album. Je cherche quand même à avoir une proposition accessible.

Certains qualifient ton genre de R&B expérimental, mais disons que les influences sont beaucoup plus larges que ça. On y entend autant du Sufjan Stevens que du Blood Orange. Qu’est-ce qui t’a inspiré précisément?

C’est important pour moi d’écouter le plus de musique possible. Je fais constamment des recherches pour trouver de nouveaux artistes, car je sais que j’ai toujours quelque chose à apprendre. Sufjan et Blood Orange font partie de mes influences, mais il y a aussi Gram Parsons, Yo La Tengo, Bonnie Prince Billy, Van Morrison… J’aime quand les journalistes évoquent des références pour parler de ma musique, mais j’aime moins quand il tente de me cantonner dans un style. Je trouve ça plate, mais en même temps, je comprends que ça fait partie de leur travail.

Pitchfork a récemment donné une note de 8/10 à ton album. Comment as-tu réagi quand tu as vu ça?

J’étais vraiment fier. En fait, au début, j’ai reçu un message d’un ami qui me disait que Pitchfork avait parlé de mon album. Je ne voulais pas lire l’article, ça me stressait. Une semaine après, j’ai finalement changé d’idée et j’ai été agréablement surpris de lire la critique. Pour certaines personnes, j’ai l’impression que ça donne une crédibilité à ce que je fais.

Les 20 et 21 mars à 20h
Au Théâtre Fairmount (Montréal)
En spectacle avec Homeshake
Consultez l’événement dans notre calendrier