Of Course redéfinit son électro-funk avec Montréal Bagarre
Musique

Of Course redéfinit son électro-funk avec Montréal Bagarre

Le duo montréalais nous présente en primeur son nouvel EP.

Formé des multi-instrumentistes William Maurer et Émile Tempère, Of Course témoigne d’une évolution certaine sur Montréal Bagarre, un EP au croisement de l’électro, du funk et du hip-hop. À leurs côtés, les rappeurs montréalais Kirouac et Mantisse (de LaF) brillent sur les accrocheuses Minuit (premier extrait préalablement dévoilé en exclusivité sur notre site) et Oublie-moi.

Fort de ses deux nominations au GAMIQ (pour ses précédents EPs First et Naufrage un jeudredi), le trio récemment devenu duo signe ici un nouveau départ réussi. Montréal Bagarre paraîtra officiellement ce vendredi, et un lancement est prévu le 23 mai prochain au Ausgang Plaza.

Vous êtes passés de trio à duo. Comment ceci a-t-il influencé la création du EP?

Émile Tempère : Cela a vraiment changé la dynamique du projet. C’est certain qu’après 12 ans de «vie musicale commune», le départ de Germain nous a un peu secoués. Mais vu que tout s’est fait dans le calme, il n’y avait pas de rancœur ou de problème entre nous, on a rapidement su rebondir à deux et créer une nouvelle dynamique de groupe. Avant, on pouvait mettre près d’un an pour composer un projet, le mélange des drums machines et des drums organiques n’était pas toujours simple, et on tenait à satisfaire nos trois esprits créatifs.

William Maurer : À deux, tout va beaucoup plus vite, puis nous sommes artistiquement sur la même longueur d’ondes. On est sortis de cette zone de confort et on est allés dans des tempos plus lents qu’on n’approchait pas en trio. On a fait quelque chose qui nous parlait vraiment.  

Comment voyez-vous l’évolution de votre son?

William Maurer : On a un peu laissé de côté disco qu’il y avait dans le précédent EP, on avait un peu l’impression de tourner en rond avec ce style. On s’est plus concentré sur le groove, les textures électroniques et la voix, avec des influences beaucoup plus hip-hop actuel, mais aussi de modern funk, de boogie et de house.  On a composé, enregistré et mixé Montréal Bagarre en quatre mois intensifs. Les différentes tracks restent donc dans un même univers, il y a une homogénéité  que nous avions du mal à trouver avant à cause du long laps de temps entre les compositions. C’est très vrai que la bonne musique est le reflet de ce que nous sommes, et notre état d’esprit peut vite changer au fil des saisons!  

Émile Tempère : Le fait d’avoir des drums machines à la place des drums organiques nous a permis de mettre plus en valeur nos forces musicales respectives (la basse, les synthés et la voix). La manière de chanter aussi a un peu évolué, le rap est plus assumé, le side project Suprême Sans Plomb qu’on a avec L’Amalgame a été une bonne école.  Les lignes chantées sont certainement plus pop que sur les précédents EP, et le rap est beaucoup plus rythmique. On est partis dans une direction, et on ne l’a pas fait dans la demi mesure.

Côté thématiques, comment avez-vous abordé Montréal Bagarre?

William Maurer : J’ai écris la plupart des textes lorsque je suis parti visiter ma famille en France pour les fêtes de fin d’année. Bizarrement, j’ai trouvé ça très inspirant de me retrouver dans ma chambre d’adolescent, là où 15 ans avant, j’écrivais les textes pour mon band de punk rock. Les thématiques ont clairement changé depuis ma période punk, j’ai arrêté de parler de la fille que je trouvais super belle à l’école ou du joint que j’ai fumé caché dans le garage des mes parents (heureusement).  Les thématiques sorties de mes séances d’écritures dans ma campagne de banlieue parisienne étaient beaucoup plus personnelles, plus que tout ce que j’ai pu écrire avant. J’ai voulu aborder le cap de la trentaine que j’ai passé récemment, mon identité en tant qu’immigré, et j’ai voulu parler de ce sentiment de me sentir chez moi à Montréal et chez moi à Paris aussi. Puis il y a aussi des textes plus directs, sur le consentement dans des partys. En 15 ans de concert, on a vu des choses vraiment pas saines que des gars faisaient pour profiter des filles en dansant. Ça nous touche, ça nous énerve, puis on voulait en parler, soutenir le féminisme à notre manière, passer le message qu’on ne veut pas de ce genre de pratique dans nos shows.