Rap local : Steve Beezy, emprunter le droit chemin
Musique

Rap local : Steve Beezy, emprunter le droit chemin

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Chef de file de la relève rap de Québec, Steve Beezy trace son chemin avec constance. Sa dernière mixtape, La Réforme 4, témoigne une fois de plus de son talent et de son aisance au micro.

Tu présentes le quatrième chapitre d’une série de mixtapes entamée il y a plusieurs années. Comment analyses-tu ton évolution musicale?

Pour vrai, ça a tellement évolué. Au début, la première Réforme, c’était des freestyles enregistrés à la maison ou chez un ami sur des beats américains. Après, sur le deuxième volume, j’ai commencé à avoir des beats originaux et, tranquillement, la qualité sonore s’est améliorée, et j’ai commencé à enregistrer dans des studios professionnels. Je vois La Réforme 4 à la fois comme le point culminant de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant et comme une transition vers autre chose.

Encore une fois, tes influences sont très américaines, autant dans ton flow que dans tes structures de textes. As-tu l’impression que ces inspirations te démarquent sur une scène rap québécoise qui a parfois tendance à se complaire en elle-même?  

J’aurais eu tendance à te dire oui il y a quelques années, surtout pour ce qui est du flow, mais dernièrement, je vois que la scène d’ici s’intéresse plus que jamais à ce qui se passe aux États-Unis.

Comme c’est le cas chez nos voisins du Sud, la tendance est aussi à l’improvisation et au freestyle ici. Est-ce que tu suis aussi cette mode?

Je ne suis pas quelqu’un qui est très porté vers l’improvisation, pour être franc. J’aime prendre le temps d’écrire avant d’aller au studio afin de dire quelque chose.

Que cherchais-tu à transmettre comme message cette fois?

C’est surtout un message de motivation. C’est une musique pour motiver les gens, autant les motiver à aller faire du bread qu’à avoir des bonnes valeurs ou des buts précis dans leur vie. C’est pas du gangsta rap ni du rap conscient, mais probablement quelque chose qui touche aux deux.

[youtube]tgUHXQX64VQ[/youtube]

C’est vrai que ce projet a somme toute moins de références à la rue que tes précédents. Est-ce signe d’un important changement dans ta vie?   

Tranquillement, on grandit, on fait moins de wrong shits pour s’incriminer. Avant, c’était le struggle, alors que maintenant, on a plus d’argent qui rentre steady. Moi, j’ai grandi dans la classe moyenne, entre les gens pauvres et riches de mon quartier. J’ai goûté aux deux côtés de Limoilou. À l’adolescence, je suis passé du gars cool qui jouait au basket à celui qui comprend qu’il y a de l’argent à faire dans le street. Mon parcours a dévié, et j’ai commencé à faire des shits. J’ai eu les menottes aux poignets, j’ai été appelé au palais de justice…  Heureusement, je m’en suis bien sorti, thank god for that!

Ton nom circule depuis plus de cinq ans sur la scène rap de la capitale. As-tu l’impression que ton travail est reconnu à sa juste valeur?

Oui pis non. Je me considère pas comme un rappeur sous-estimé, mais je crois que je pourrais être rendu beaucoup loin que je le suis. En ce moment, je suis surtout connu à Québec, j’ai jamais fait de show officiel à Montréal. J’ai accompagné KNLO aux Francos vendredi passé et Eman avant ça dans un autre show, et c’est pas mal tout. L’entourage de mon entourage sait que je rappe, mais ça va pas vraiment plus loin que ça. Québec, ça reste un grand village, et ça peut être difficile pour des gens de l’extérieur de connaître les artistes de notre ville.

Devant cette situation, quels sont tes plans à court et moyen terme?

Le but, c’est de me faire connaître partout. Je veux avoir assez de fans partout au Québec pour me booker une mini-tournée de façon indépendante. Je compte sortir plusieurs vidéoclips tirés de La Réforme 4 et, ensuite, je compte travailler sur un premier vrai album.


La nouvelle de la semaine //

L’étiquette Joy Ride Records a annoncé la tenue du festival Fcknye au Grand Quai du port de Montréal le 31 décembre prochain. Dans le cadre de son 10e anniversaire, l’événement qui a lieu annuellement à Bruxelles s’exporte à Montréal et à Lyon pour deux éditions spéciales qui auront probablement un penchant assez prononcé pour le hip-hop, si l’on se fie aux dernières programmations du festival. Les artistes présents pour la mouture montréalaise seront connus le 19 août prochain, mais gageons qu’un ou plusieurs artistes signés sous Joy Ride (Loud ou Rymz par exemple) seront de la partie.

[youtube]utHzOC8zEok[/youtube]


Le projet de la semaine //

Le très prolifique producteur montréalais Nicholas Craven renoue avec le tout aussi (sinon plus) prolifique rappeur atlantien Tha God Fahim, reconnu pour avoir sorti plusieurs dizaines d’albums l’an dernier. Sur Tha Myth Who Never Quit, le rappeur évite encore tout compromis commercial et livre une suite de rimes habiles, qu’il place de manière brute sur les productions minimalistes et bien ficelées de Craven.

Mention honorifique à l’implacable Réforme 4 de Steve Beezy, qui contient plusieurs de ses meilleures chansons à ce jour, et au très coloré Times de Nomadic Massive, qui mélange les genres avec une belle vivacité.


La chanson de la semaine //

Le rappeur montréalais L’Atitude s’unit à un autre membre du collectif Susiety, le producteur Khaleem, sur No Drama, pièce hip-hop/R&B qui défie soigneusement les lois rythmiques du genre.

Sur Drôles de moineaux, chanson qui marque son retour après plus de deux ans, le duo La Carabine laisse de côté sa signature old school acérée et s’aventure dans un terrain un peu plus générique, mais bien défriché.


L’instru de la semaine //

L’ingénieux jåmvvis s’allie au talentueux Da-P sur la musclée Bournflt.


Le clip de la semaine //

Réalisé par Le GED et magnifié par la direction photo de John Londono, le dernier clip de KNLO donne une toute nouvelle saveur à Ça fait mal, brûlot dansant aux influences congolaises vivifiantes.

[youtube]kvzHuXA9FSY[/youtube]

Mention aussi à la réalisation embrumée et psychédélique de ToucheMoiPas sur Ace Boogie Energy de Planet Giza.

[youtube]OGq2RdvILA0[/youtube]


Les spectacles à voir //


Les Résidences 4436 – 06 – La Grande Finale

Pour une sixième (et dernière) fois, Honie B, Lodgicko, Franky Fade et Jei Bandit s’unissent au Quai des brumes dans le cadre de cet événement mensuel organisé et initié par l’animatrice Catherine Guay de CISM.

Le 20 juin à 21h
Quai des brumes (Montréal) 


JEUDI Booogillon

KenLo Craqnuques (d’Alaclair Ensemble) et Lewis Dice (des Maestronautes) reviennent pour une soirée de «good vibes / grouillades / rap queb / exclusivités» dans la capitale.

Le 20 juin à 22h
La Cuisine (Québec)


Francos de Montréal

Le volet hip-hop du festival montréalais mettra notamment en vedette O.G.B, Benny Adam, Dramatik et Marie-Gold cette semaine.

Du 14 au 22 juin
Place des Festivals (Montréal)
Consultez cet événement dans notre calendrier 

[youtube]8HfxOmPGkWs[/youtube]