L’été broussailleux de Québec Redneck Bluegrass Project
Passés maîtres dans l’art des virées rocambolesques, les quatre camarades de Québec Redneck Bluegrass Project poursuivent leur habituelle et broussailleuse tournée estivale avec l’énergie dans le tapis. Nous les avons attrapés vendredi dernier au Festif! de Baie-Saint-Paul, entre deux consommations alcoolisées de milieu d’après-midi. Tsé quand ça va ben.
Comment se déroule votre été jusqu’à maintenant?
Nick The Flame : C’est tout le temps compliqué de saisir ce qui se passe. On dirait que ça commence, mais je pense qu’on doit être au tiers.
JP Tremblay : Déjà au tiers, tu penses?
Nick The Flame : Je pense…
Et parmi cette trentaine de dates en trois mois, le Festif!, il représente quoi? Je pense que c’est votre troisième fois ici en quelques années seulement…
JP Tremblay : On est rendus habitués! Mais ce qu’on voulait, c’était se ramasser sur la grosse scène extérieure. Et c’est ça qui se passe cette année.
Nick The Flame : Dehors, c’est la seule façon pour que notre show se déroule totalement bien. Y’aura pas de pôteau qui va lâcher ni de chapiteau qui va tomber!
Ça vous fait quoi de jouer juste avant Gogol Bordello, groupe emblématique d’un style gypsy folk/punk qui s’apparente au vôtre?
Nick The Flame : Un ami d’ami nous avait fait découvrir ça en Chine, à nos tout débuts. On capotait!
JP Tremblay : J’me souvient pas de ça…
Nick The Flame : Évidemment, JP s’en rappelle pus. Il a d’autre chose à se rappeler de plus important que ça.
Frank Gaudreault : Moi, c’est ma cousine qui m’a fait découvrir ça y’a 10-15 ans. J’ai toujours trippé là-dessus.
La dernière fois qu’on s’est parlés, c’était en 2016 lorsqu’on vous a suivis jusqu’à Val-David pour un périple assez épique de 24 heures. C’était juste avant que vous preniez votre année sabbatique. Question de rattraper le temps perdu : comment cette pause s’est-elle déroulée? Est-ce que la scène vous a manqué?
Nick The Flame : Moi, j’ai été angoissé au début, car sans la musique, je sais pas trop quoi faire. J’me suis acheté un panel et je suis parti faire le tour du Canada et d’une partie des États avec ma blonde. Un ressourcement. J’ai joué de la musique différemment, dans des contextes plus improvisées, autour du feu par exemple.
Frank Gaudreault : Moi, ma blonde était enceinte, donc la sabbatique est bien tombée. D’ailleurs, c’est un peu pour ça que j’avais dit OK à cette pause-là. En plus de devenir papa, je me suis pogné une job dans une microbrasserie. Là-bas, ça cannait pas mal, on buvait dès 10 heures le matin. Finalement, ça ressemblait à notre vie de tournée! Tant que la bière est gratuite, moi, tout va bien. (rires) Dans le fond, j’ai réalisé que j’étais rien qu’un profiteur de boisson.
Madeleine Bouchard : Je suis restée proche de l’alcool moi aussi. J’ai travaillé au Bar à Pitons à Chicoutimi. J’ai organisé des shows là et j’ai bu de la bière gratis.
JP Tremblay : Ça a été une estie de belle année! J’ai jamais arrêté de faire de la musique. Je suis allé m’installer sur la Côte-Nord dans notre campeur, pis j’ai écrit toute l’année aux Escoumins. Je voulais changer d’air, me promener un peu. Pis là, je suis bien content d’être revenu chez nous. Je viens de m’installer, je suis nouvellement propriétaire d’une estie de place de fou avec un beau garage pis un clocher dans une bâtisse à part, qui va devenir un gros studio. C’est vraiment profond dans le bois. J’ai la grosse paix sale pour pouvoir faire du bruit.
Est-ce que vous avez absolument besoin de cette «grosse paix sale» pour tenir le cap durant vos tournées estivales? Est-ce que l’un nourrit l’autre?
JP Tremblay : Oui. En tournée, j’écris jamais. Mon moment d’écriture, c’est quasiment un ermitage. Souvent, j’me fais dropper tout seul dans le bois et j’écris. C’est pour cette raison-là qu’on tournée juste l’été. L’hiver, on s’encabane, et l’été, je cherche mes sujets.
Dernièrement, quels sujets vous ont inspirés?
JP Tremblay : Pas mal d’affaires. Je suis installé au fond du rang et, en regardant mon nouvel environnement, j’me suis aperçu que le truc de vidanges, il se virait dans ma cour. Tout de suite, j’ai su que c’était un sujet de toune, ça!
Nick The Flame : Y’a aussi Bacchus, notre nouvel autobus de tournée, qui fait des siennes et qui nous inspire. Y’est tout le temps au garage! Y’a fallu qu’on loue un Sauvageau pour venir icitte…
Au-delà de ces problèmes de van, trouvez-vous le rythme des shows intense?
Jp Tremblay : Un peu! Là, on est à Baie-Saint-Paul et, demain, on s’en va à Chapais. Ensuite, c’est la Suisse pour trois jours et la Gaspésie en fin de semaine prochaine.
La Suisse, LE PAYS?
JP Tremblay : Ouais! C’est notre booker, ça! (rires) C’est quelque chose de récurrent avec nous. Chaque hiver, il vient nous demander si l’horaire des shows nous va et, naïvement, on répond «ouais». Là, on arrive devant le fait accompli et esti qu’on se trouve caves!
Êtes-vous épuisés juste à y penser?
JP Tremblay : Ouais, mais on a des trucs! D’ailleurs, j’espère qu’on va trouver le gars en Suisse…