Rap local : Astralopithèque, vers les étoiles
Musique

Rap local : Astralopithèque, vers les étoiles

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Formé du producteur Eius Echo ainsi que des rappeurs Edai et Papi (membre du Canevas Crew), le tout nouveau trio montréalais Astralopithèque se dévoile avec inventivité sur son premier projet homonyme.

C’est votre tout premier projet en trio, mais vous n’en êtes pas à vos débuts pour autant. En avril dernier, Edai a fait paraître un premier EP en collaboration avec Eius Echo, Dur comme faire, et Papi en a fait de même sur Dégèle en juin. Deux projets assez riches et prometteurs, mais qui sont passés sous le radar de bien des gens. Avez-vous été satisfaits de leur rayonnement?

Eius Echo : C’est certain que la manière dont les projets ont été reçus n’a pas été à la hauteur du travail qu’on y a mis. En même temps, on s’en doutait. On voyait davantage ces deux projets-là comme une manière de tâter le terrain pour Astralopithèque. Et, même là, on voit que ce nouveau projet-là a du potentiel, mais on sait que les prochains en auront encore plus. 

Edai : On a travaillé tous ces projets-là dans les mêmes eaux. Ils s’emboîtent, s’entrecassetêtent. En fin de compte, les deux premiers nous ont permis d’observer la game, de voir comment elle marche. C’est pas en sortant un truc que tu vas être sur le radar des gens, mais bien en en sortant plusieurs. Là, le mot commence à se passer, et on est déjà sur autre chose.

Quel est le concept derrière ce jeu de mots qui vous sert maintenant de nom de groupe?

Edai : «Australopithèque», c’est le singe austral, tandis que «astralopithèque», c’est le singe des étoiles. Ça résume bien notre dynamique, l’équilibre entre la planète et le ciel.

Eius Echo : Au départ, c’était notre façon de se définir comme personnages. On voulait trouver un concept qui avait un lien concret avec qui on est. Moi, je pense beaucoup à l’espace, je suis un scientifique dans l’âme, j’adore en apprendre sur les planètes. Edai, lui, c’est le voyageur du temps, tandis que Papi, c’est un fossile, une vieille âme qui sort de sa cabane et qui commente le monde, en se berçant sur sa chaise.

Donc le nom du groupe a eu une influence sur le contenu de vos textes?

Eius Echo : En fait, c’est le contenu du projet qui nous a menés vers ce nom-là, mais ensuite le nom a confirmé la direction, en nous poussant à aller plus loin. On a pris le temps d’assumer le concept. 

Malgré tout, j’ai l’impression que vous gardez quand même les pieds sur terre, car beaucoup de vos textes traitent d’une réalité concrète. Qu’est-ce qui vous inspire plus précisément?

Edai : Papi et moi, on est des gens transparents dans notre façon de voir le monde. On est conscients de la chance qu’on a eue d’avoir été élevés par des bonnes familles. Jamais, on va se mettre à parler de trucs qui sont loin de nous, comme la vente de drogues par exemple. En revanche, on voit ce qui se passe dans le monde et on cherche à discuter, grandir, évoluer, autant à un niveau collectif qu’individuel. À mon avis, l’humain vaut mieux que ce qui est dit dans les médias, et nos textes cherchent justement à faire un contrepoids à ça, notamment par la philosophie. 

Côté musical, vous semblez aussi faire un contrepoids à la norme, en proposant des beats hip-hop expérimentaux aux tons jazzy. Comment définiriez-vous votre approche?

Eius Echo : J’ai eu plusieurs influences dans ma vie, des passes heavy metal, jazz, et maintenant, je suis très porté vers la musique électronique. Mes créations reflètent ça. La pop qu’on écoute, c’est souvent très carré et répétitif, et c’est ça qui me gosse. Quand je crée, mon objectif est de faire de quoi qui n’a jamais été entendu. Je veux inventer quelque chose.

C’est probablement pour ça que vous vous tenez aussi loin de la tendance trap, toujours très marquée au Québec…

Eius Echo : Oui. On est là pour proposer autre chose, changer l’image préconçue du rap. 

Bref, peut-on dire que vous êtes en mission?

Eius Echo : Assurément. Notre mission est d’abord individuelle, car on veut vivre de notre musique et la faire évoluer, mais elle est aussi plus large, car on a des messages à passer.

Astralopithèque / Lancement d’album / 30 juillet – Casa del Popolo (Montréal), 30 juillet (20h)


La nouvelle de la semaine //

Un nouveau festival verra le jour à l’Agora du Vieux-Port de Québec cet été : l’Agora Fest. Bien que la grande majorité de la programmation ne soit pas des plus actuelles et pertinentes (on parle quand même de Limp Bizkit, Dennis DeYoung et Shaggy en tête d’affiche…), la soirée de fermeture s’annonce assez mémorable, car elle mettra en vedette quatre rappeurs québécois de renom : Koriass, FouKi, Souldia et Manu Militari. On aurait bien aimé voir une rappeuse s’ajouter à cet alignement.

[youtube]Cp0SGepSkRk[/youtube]


Le projet de la semaine //

Unique en son genre, le premier album d’Astralopithèque combine trame jazzy paisible et poésie cosmique, parfois touffue mais autrement astucieuse. Grâce à leur synergie, le producteur Eius Echo et ses acolytes Edai et Papi livrent un premier projet de bon augure qui, malgré un certain manque de dynamisme sur le plan des flows, se pose comme une mémorable entrée en matière.

Au passage, mention au cinquième projet du producteur montréalais JU Dawg. Paru dans le secret le plus total (comme en témoigne le faible nombre d’écoutes), NeighborHood, NeighborGood Vol. 2 combine rythmiques trap et mélodies veloutées.


La chanson de la semaine //

Le Montréalais Pretty City se joint à White-B sur cette pièce trap planante très réussie.

[youtube]x-RJPo70tws[/youtube]

Mention à deux autres pièces de qualité : la jazzy trap Défend ce tissu de Joce et Baggies, et Domingo, convaincante présentation du rappeur montréalais Black Picsou.

[youtube]ds1g52jUK60[/youtube]

[youtube]f17rhafJ31o[/youtube]


L’instru de la semaine //

Le producteur électronique Klātu fait preuve d’une débordante imagination sur Absorb, une pièce hip-hop rêveuse et complexe qui rappelle le style du Néo-Écossais Ryan Hemsworth.


Le clip de la semaine //

Banzo Films propose un fourre-tout énergique et divertissant pour Bands Up, solide nouvelle pièce de Kay B, Lito et Djawad.

[youtube]XR03GwmIPzQ[/youtube]


Les spectacles à voir //


Gayance – Club Pelicano

La DJ montréalaise Gayance offrira un mélange de house, de musique antillaise et de UK Garage.

Le 1er août (23h)
Club Pelicano (Montréal)


LADRv6-afterparty

Présenté par Live Analog DANCE Rhythms, cet événement a l’excellent trio Planet Giza comme tête d’affiche.

Le 2 août (23h)
Endroit à confirmer (Montréal)


Osheaga 2019

Plusieurs artistes rap locaux seront de la partie pour Osheaga 2019 : FouKi, Kaytranada, O.G.B et Naya Ali.

Du 2 au 4 août
Parc Jean-Drapeau (Montréal)
Consultez cet événement dans notre calendrier

[youtube]MTUsgPVHvh0[/youtube]