Rap local : Salimo, la reconnaissance avant tout
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Rap local : Salimo, la reconnaissance avant tout

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue //

Bénéficiant d’un succès considérable sur la toile depuis deux ans, le rappeur montréalais Salimo s’offre un tout premier spectacle comme tête d’affiche au Club Soda.

Le Club Soda est l’un des paliers importants à franchir dans la carrière de tout rappeur québécois avec de fortes ambitions. Du moins, ça a été le cas pour Koriass, 5sang14, FouKi… Qu’est-ce que ça représente pour toi?

Je l’ai déjà fait en première partie de quelques artistes, notamment de Youssoupha en 2016, mais là, c’est vrai que c’est quelque chose de gros. Je vois ça comme une nouvelle étape.

C’est quand même assez impressionnant que tu franchisses cette étape en étant un artiste indépendant, sans grand soutien de la part des médias et de l’industrie…

Je crois que ça montre que je suis quand même très écouté et que mon public, lui, me soutient. Everyday a joué un peu à la radio, sur SiriusXM et Radio-Canada, mais ça reste un minimum. Avec ce spectacle, je veux montrer que la musique qu’on fait a sa raison d’être et qu’on peut faire des grosses scènes, sans attendre qu’on vienne nous chercher.

[youtube]LqKMj7spPbI[/youtube]

Tu t’es fait remarquer il y a un peu plus de deux ans avec des clips assez populaires sur Youtube, mais au-delà de ça, à quoi ressemble ton parcours?

Je suis originaire d’Algérie et je suis né ici. J’ai grandi dans le coin de Langelier/Anjou. Ma passion à la base, c’était plus le soccer, et la musique, elle, m’aidait à me relâcher. À l’adolescence, j’ai eu des coups de cœur pour La Fouine et Sexion d’assaut, et je me suis mis à faire des freestyles au secondaire. Ça a pris son envol quand j’ai enregistré ma première chanson, un remix de Maître Gims, en 2014. J’ai eu 4000 écoutes, donc ça m’a donné envie de continuer. Mon premier clip, Trop, a atteint les 10 000 vues en deux jours, et c’est là que j’ai compris que j’avais un certain potentiel. D’un seul coup, il y a des gens inconnus, pas de mon entourage, qui m’écoutaient.

Ta deuxième mixtape Chacun son chemin est parue à la fin 2018. Quel était le concept derrière le projet? 

C’est la suite de ma première mixtape, nommée Une histoire, un début. Sur la pochette, on pouvait voir un livre pas ouvert, et là, l’idée, c’était d’ouvrir le livre, de montrer un côté plus profond, plus personnel, de moi. 

C’est un album assez surprenant. Plus rap que ce que les singles laissent entendre…

J’ai vraiment essayé de faire de tout dans ce projet-là. À la base, je suis un rappeur, mais des fois, j’ai des petites envies de trucs plus pop. Je travaille de près avec Fifo, qui m’amène souvent des influences algériennes.

Tu parles beaucoup de tes ambitions et de tes aspirations sur l’album. Sur Everyday, tu dis : «J’veux plus que du cash / C’est ça, l’idée» Qu’est-ce qui te motive au-delà de l’argent?

L’argent, c’est pas ça qui importe, c’est vraiment la reconnaissance de ma ville, de ma province, de mon pays. Ça vaut plus que l’argent ou que n’importe quoi d’autre.

Tu abordes ta relation à l’argent sur plusieurs chansons. Une relation qui semble paradoxale d’ailleurs, comme on peut l’entendre sur la sombre Je suis dans le bay….

Des fois, on dirait que je suis contradictoire, mais c’est que chaque musique m’amène une émotion différente. D’un côté, je suis conscient que l’argent, c’est important, car c’est ce qui me permet de faire mes projets. Mais d’un autre côté, je me dois de raconter ce qui se passe dans ma ville, et c’est ce que je fais sur Je suis dans le bay. Je n’ai pas le choix de réaliser que la raison de la délinquance autour de moi, des crimes et des gens qui s’entretuent, c’est l’argent.

Salimo pour la première fois au Club Soda – Club Soda (Montréal), 21 septembre (18h)


La nouvelle de la semaine //

Une fois de plus, le rap québécois prend la place qui lui revient au Gala de l’ADISQ. Dévoilées mardi, les nominations en vue de cette 41e édition sont assez représentatives des artistes qui ont marqué les derniers mois au Québec, qu’on pense à Koriass, Alaclair Ensemble et Loud (tous nommés à plusieurs reprises). Ceux-ci seront en compétition contre FouKi et Souldia pour l’obtention du Félix de l’album rap de l’année. Si on se désole que les excellents albums de D-Track et d’Obia le chef n’aient pas pu se frayer un chemin jusqu’à cette catégorie (ce qui aurait ajouté un peu de diversité à ce peloton plutôt blanc), on se réjouit de la nomination de Sarahmée dans la catégorie révélation de l’année.

[youtube]Mhb4RP1sTmQ[/youtube]


Le projet de la semaine //

Les Montréalais Chad Game (fka Dialekt) et Jibré s’unissent sur Illasnow, prodigieux projet hip-hop aux racines soul et jazz. Produit par le toujours excellent Nicholas Craven, l’album marque par la simplicité de ses arrangements et par la verve des deux rappeurs, qui se relancent tour à tour la balle avec éclat et mordant. L’un des projets les plus réussis de l’été.


La chanson de la semaine //

Kap Dog est à son aise sur la pièce trap minimaliste Headhuncho.

[youtube]tfKUKUP1H-o[/youtube]

Mention à Danger, pièce d’Ariane Moffatt et du producteur DRMS avec FouKi, passée sous notre radar à sa sortie numérique il y a un mois. Bénéficiant maintenant d’un clip, la pièce est une belle et audacieuse exploration électronique aux confins du hip-hop et du future garage.

[youtube]HhNYGpXAqEg[/youtube]


L’instru de la semaine //

Le producteur montréalo-rwandais Nkusi propose l’envoûtante composition Frequency.


Le clip de la semaine //

Jérémie Saindon signe une magnifique réalisation pour Origami, douce rencontre entre FouKi et la chanteuse pop Eli Rose.

[youtube]bnyOPQjO6t8[/youtube]


Les spectacles à voir //


Soirée qui fouette 

Tizzo, White-B et Tyleen Johnson se regroupent pour un spectacle présenté dans le cadre de la première édition de LVL UP.

Annexe3 (Laval)
21 septembre (20h)


Backxwash

Hip-hop, punk, soul, jungle et musiques caribéennes sont à l’honneur lors de cette soirée de POP Montréal qui mettra notamment en vedette la rappeuse montréalaise Backxwash.

Club social Le Scaphandre (Montréal)
25 septembre (21h)
Consultez cet événement dans notre calendrier


Obia le chef

Obia le chef se joint à Nayka, Jobee et Soldat d’Afrike pour un spectacle dans la capitale.

La Source de la Martinière (Québec) 
21 septembre (20h)

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