Le rock kitsch mais pas ringard de Mort Rose
Le groupe montréalais nous offre trois chansons de son premier album Nés pour aimer en primeur.
Les quatre gars de Mort Rose sont nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont jamais connue, mais qu’ils ont en masse écoutée, analysée, admirée. Intitulé Nés pour aimer, leur tout premier album résonne comme du César et les Romains, mais sans le côté ringard ou quétaine auquel on associe encore le groupe plus d’un demi-siècle plus tard.
Bien ancré dans son époque, comme le prouvent les textes bien souvent ironiques et la réalisation contemporaine de l’opus (notamment menée par des arrangements de cordes), le groupe formé d’Alexandre Archambault (chant-guitare), Christophe Charest Latif (basse), Julien Comptour (synthés) et Mark Cool (batterie) se réclame également de Chocolat et de Father John Misty, ce qui ajoute une certaine irrévérence à sa proposition.
À deux jours de la sortie de leur premier opus, qui arrive un peu moins de trois ans après leur EP Avoir 20 ans, on s’est entretenus avec les quatre complices, tout en prenant bien soin de leur soutirer trois chansons en exclusivité.
VOIR : Vous nous présentez trois chansons en primeur, toutes assez différentes les unes des autres. Parlez-nous du contexte de création de chacune d’entre elles.
Mort Rose : On a choisi ces trois chansons pour démontrer que notre démarche artistique nous a justement menés vers plusieurs chemins. Il n’y avait pas de plan ou de destination finale : tout ça n’est que le résultat de nos heures passées en studio.
Avec un grand A a failli être le titre de l’album, mais on a eu un beef avec Janette Bertrand et son équipe (real talk…). Pour nous, cette chanson-là, c’est un peu la réponse à tout le monde qui nous ont demandé ces dernières années pourquoi vous chantez des chansons d’amour, pourquoi d’autres fois c’est drôle… C’est celle qui exprime le mieux ce que Mort Rose veut dire, car c’est celle qui démontre le mieux que simplicité ne rime pas nécessairement avec insignifiance. Musicalement, c’est quelque part entre Donovan et Joe Dassin.
Cœur de miel, c’est un baume sur le bobo. C’est probablement la chanson qui fait le plus l’unanimité à l’intérieur du groupe, surtout pour sa vibe musicale. Il y a eu plusieurs versions de cette chanson dans les trois dernières années, mais quand on est arrivés en studio, on a décidé de tripper avec. On l’a un peu pitchée de tous les bords et, après, on l’a envoyée à Philippe B pour qu’il fasse les arrangements et, même lui, il s’est demandé quoi faire dessus. On trouvait que son style apporterait plus à la chanson et, comme de fait, malgré le bon lot de travail déjà fait, il a amené ça à un autre niveau.
Petit matin triste, c’est un hommage assez obvious aux Velvets. C’est la seule chanson qu’on a enregistrée complètement live. Fait intéressant : Christophe et Julien échangent d’instrument sur cette pièce. On doit donc accorder le solo assez unique à Christophe. Il a même sporadiquement pris une bouteille de bière pour la slider sur ses cordes pendant la take. Au niveau du texte, c’est un des rares moments de vulnérabilité sur le disque. Petit matin triste, c’est une crise de panique durant une soirée, où tu remets tout en doute jusqu’à en pleurer en petite boule. Le lendemain, tu te réveilles un petit peu mélancolique et tu te dis, bien coudonc, ça va pas si pire finalement.
Les influences yé-yé et 60s ont marqué vos premiers singles et votre EP, mais cette fois, vous semblez élargir davantage vos influences, en y intégrant plusieurs arrangements de cordes. Qu’est-ce qui vous a inspiré dans l’élaboration de ce projet?
Plusieurs trucs ont eu une incidence. Prendre le temps de bien travailler fait partie de ces facteurs, mais aussi le fait d’avoir plus de moyens, de connaissances, d’amitiés… On est un peu passés de l’adolescence à l’âge adulte ensemble et on avait envie de sortir quelque chose qui témoigne de notre évolution. Mais surtout, on s’est permis de prendre des risques musicaux majoritairement par curiosité.
Plus précisément, comment avez-vous abordé la direction musicale de Nés pour aimer?
Les chansons sur Nés pour aimer ont toutes une esthétique un peu rétro, autant dans leur compo que dans leur production. Avec notre réalisateur Benoit Parent, on s’est plongés pendant plusieurs mois dans un genre de voyage dans le temps, en étudiant avec une attention particulière la discographie de nos deux plus grandes inspirations : les Beach Boys et les Beatles. L’album se veut donc à la fois un hommage à ces belles années et une ode au rock en général.
Les textes reprennent certains codes poétiques des chansons d’amour pop des années 1960. Hommage ou satire?
À quelques part entre les deux avec un soupçon de bon goût et de respect.
Lancements de Nés pour aimer : le 14 février au Théâtre Fairmount (Montréal) et le 15 février au Maelstrøm Saint-Roch (Québec)