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SUR LE DÉPART

Entrer à Séquence, depuis que Patrice Duchesne y a installé son chantier, c'est faire un voyage – probablement le moins onéreux de votre vie – dont la ligne n'est pas toute tracée à l'avance. Première escale : une incursion dans l'imaginaire de l'artiste à partir de ses immenses dessins, autoportraits dont les linéaments sont détournés. Conçus à partir de polaroïds, ils gardent la trace implicite et subtile de différentes actions portées par l'artiste lors d'événements artistiques passés.

Alors que la ligne court du dessin à l'installation, fuyant dans tous les sens en un feu d'artifice bigarré, l'excursion continue et offre au visiteur le paysage saisissant d'un chantier irisé. Là, tous les chemins sont bons: le cœur battant la chamarrure, il est permis de se fourvoyer, et même de s'y dévoyer si le cœur y est. Parmi un florilège d'objets de toutes les couleurs, comme devant un joyeux foisonnement microbien, le visiteur deviendra prospecteur, à la recherche d'un sens qui ne lui est pas donné. De surprise en surprise, d'un contenant à l'autre, il trouvera des agencements à la fois ludiques et lucides, parfois bouleversants.

La dernière étape du périple donne sur une nouvelle autoreprésentation, cette fois vidéographique, où l'image de l'artiste est encore corrompue, voire pervertie, par un jeu de miroir déformant. Duchesne y fait le décompte des coûts de différents voyages, préoccupation importante chez lui en ce moment puisqu'une occasion intéressante lui est offerte à Vancouver, invitation qu'il craint de ne pouvoir accepter, faute de moyens financiers. "C'est d'une certaine façon un peu plus dramatique, affirme Duchesne, puisque souvent, mes trucs sont plus ludiques, très amusants quand on les regarde dans l'ensemble, mais quand on s'approche, on voit des détails, des trucs plus dramatiques qui se trament."

Vous pouvez faire votre propre voyage sur le circuit de l'imaginaire de Duchesne jusqu'au 26 février, à la Galerie Séquence.