Avec ses Cadavres anticipés, présentés à Langage Plus jusqu'au 18 juin, Matthieu Brouillard nous donne à voir des êtres qui ne sont plus que des corps. Figés par l'image, ils sont des objets sans vie – sans toutefois être véritablement morts – qui se fondent simplement dans le décor, auquel ils empruntent parfois des caractéristiques plastiques. Les photos de Brouillard donnent l'impression que l'appareil photo ne permet pas à l'âme de survivre. Faute d'âme, aucune relation ne semble possible. Et, sans relation, qu'advient-il de l'identité?
Ses images, d'une précision chirurgicale, montrant des corps gris en manque de présence, donnent froid dans le dos. Ses mornes personnages, désarticulés ou simplement inconfortables, semblent incapables de supporter une vie insipide qui s'acharne dans cet univers incolore. Souvent nus, de plain-pied dans ces cadres glacials, ils évoluent dans un monde inquiétant, au bord de l'effondrement, dans une cage visuelle et sans dimension.