Pas facile. Je n'ai pas de félicitations à faire aux élèves du Séminaire Marie-Reine-du-Clergé, qui ont dérangé non-seulement les amateurs réguliers présents dans l'assistance cet après-midi, mais aussi Émilie Valantin elle-même, manipulatrice, qui ne s'est pas gêné pour le leur dire, avec raison. J'ai été déçu de ne pas pouvoir voir le spectacle dans de meilleures conditions. Difficile, alors, de s'imprégner de la force du spectacle.
Au-delà de la gêne vécue par les artistes et qui nuisait à leur travail, j'ai trouvé le spectacle inégal. Franchement intéressant à certains moments, d'autres passages étaient moins accrochants, peut-être les marionnettes étaient-elles moins charismatiques, ou encore on manquait d'aise… Mais j'hésite à être très sévère, encore une fois, étant donné la situation. Je ne m'y ferai plus prendre.
À propos du texte aussi, j'ai eu l'impression que c'était inégal. Un peu enflé, parfois. On aurait gagné à chercher un peu plus de simplicité, même si des personnages étaient des "scientifiques".
La scénographie, par contre, était franchement intéressante. Les strucutres diaphanes rappelant des formes féminines (robes de bal) apportait beaucoup de sens, surtout lors de leur travestissement – en corps, ou en tribune – ou de leur renversement carnavalesque – transformées par exemple en cage.
Point fort, par contre: aucune musique ni narration en canne, ce qui donne beaucoup d'humanité au travail des manipulateurs. La harpe contribuait beaucoup à la beauté de la production.
Critique: Merci pour elles
Joël Martel
J’ai assisté à une représentation en soirée de Merci pour elles. J’ai donc eu la chance de voir une prestation qui, à mes yeux, fut sans anicroches. Aucun «manque d’aise», seulement de véritables acteurs campant avec force de petits personnages à fils. Surtout comparé à certaines autres pièces, où fils emmêlés, salle peut appropriée et bande sonore enregistrée empêchait toute magie de se produire! D’une part, donc, une scénographie, des marionnettistes et des marionnettes exceptionnels; mais, d’autre part, un texte assez riche en sens et fidèle à quelques réalités. Il fallait, pour bien saisir les différents tableaux, fournir un effort d’écoute et de compréhension. Ce n’était pas, selon moi, du tout cuit dans le bec, et c’est très bien ainsi. Pourquoi plus de simplicité? On se borne souvent à rejeter les oeuvres qu’on juge pauvres d’une manière ou d’une autre. De plus, cet empoulaillement qu’on pouvait de temps à autres observer ajoutait non seulement au comique du texte, mais également à son aspect critique. Ainsi, il fallait voir l’air du personnage, entendre le ton de sa voix lorsqu’elle énonçait en termes scientifiques l’apparition des rides. Des mots lourds, pour un fardeau lourd, pour une réalité qui devrait souvent être considérée avec plus de légèreté. En outre, je voyais dans l’inégalité du texte un accord avec la diversité des tableaux. Dans la réalité, il y a plusieurs couches sociales, plusieurs sphères d’activité, dont le langage va du plus simpliste, voire parfois même du plus pauvre, au plus complexe, au plus riche. Je me permets donc d’établir un parallèle entre la diversité des milieux mis en scène dans la pièce et «l’inégalité» du texte. Enfin, j’ai passé une excellente soirée, charmée, comme vous, par la harpe (dont on pouvait entendre les moindres vibrations, ce dont vous en devez pas avoir eu la chance), mais également par les thématiques abordées de manière judicieuse. Réflexion finale? Merci pour elles, mais il faut continuer le travail!