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Tu veux ma photo, banane?

 
Martin Robert

Mardi soir, je me suis isolé du monde, directement gavé de l'ivresse télévisuelle. J'avais décidé que je ne travaillerais pas. Point. Final.
Alors j'écoutais le film Seul au monde au réseau TQS quand tout à coup (élément perturbateur), j'ai mangé comme une claque en pleine face. Martin Robert, chef d'antenne sur cette chaîne, a pris l'antenne pour annoncer les manchettes du bulletin du soir. En quelques mots, il s'offusquait que César Saez, un artiste montréalais, ait reçu des subventions pour son projet de banane géo-stationnaire. Évidemment, il ne pouvait s'empêcher d'être démagogue et d'y aller de quelque commentaire populiste. "Et c'est avec vos taxes qu'il fera ça" (a-t-il à peu près dit). Si Jean Tremblay se lance en politique nationale, Martin Robert aura le beau jeu de venir se présenter aux élections municipales saguenéennes… Ça pourrait fonctionner.

Piqué à vif, j'enregistre le bulletin de nouvelles du soir – il n'était pas question que je me le tape au complet et que je retarde mon si précieux sommeil… Sommeil qui m'a d'ailleurs fait oublier ma rancoeur. Ce n'est que ce matin que j'ai repensé à tout ça, alors je me suis tapé en accéléré l'enregistrement.

La nouvelle allait comme suit:

"Pourquoi se contenter d'un croissant de lune quand on peut faire flotter une banane géante? C'est pas une blague. Un artiste montréalais, César Saez, construit actuellement un tel fruit, en partie d'ailleurs avec vos taxes. Les gouvernements du Québec et du Canada ont octroyé 65 000$ pour réaliser la banane qui va survoler le Texas en 2008. Le CALQ a indiqué que le projet de l'artiste avait franchi toutes les étapes normales de sélection et qu'il avait été soumis à un jury."

Le tout a été suivi d'une "entrevue" lors de laquelle on lui a demandé "Pourquoi une banane?"; "Pourquoi pas une banane?", a-t-il simplement répondu. On a ensuite essayé de faire dire à Saez que ça ne servait à rien (évidemment). Ce à quoi Saez a répondu qu'en effet, l'art, si on veut, ça n'a pas de sens, et en même temps, ça peut avoir tous les sens (je cite de mémoire).


La Banane Géostationnaire
Source: site officiel du projet
 

En fouillant sur le net, vous trouverez aussi des argumentaires tout aussi pertinents, par exemple sur le site du Journal de Montréal (on s'en surprendra), sous le titre révélateur "Scandale – Une pelure de banane"

Pour ceux qui douteraient du sérieux de l'artiste, sachez qu'il était présent au dernier Symposium international en arts contemporains de Baie-Saint-Paul. J'en avais d'ailleurs glissé un mot dans l'article qui faisait la Une de notre journal le 17 août. Il s'agit en fait d'un projet international puisque Antoon Versteegde et Sylvia Dekker, artistes de la Hollande, y participent, ainsi que Hugues Coupal, qui vient de l'Ontario.

Pour leur participation au Symposium, ils avaient d'ailleurs construit l'une des structures nécessaires pour la conception de la banane, nous donnant une excellente idée de l'envergure du projet. J'avais d'ailleurs participé, autant que tous ceux qui étaient présents au même moment, à l'érection de ladite structure – un travail à l'huile de bras qui marque l'imaginaire, pouvez me croire. C'est tout ça, le projet de la banane. C'est le travail qui est fait autour de ce fruit depuis longtemps et auprès de plusieurs publics.

Vous pouvez consulter pour de plus amples informations le site consacré au projet: geostationarybananaovertexas.com.