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Commentaire: Je ne pensais pas que ce serait sucré

Je suis allé voir la pièce Je ne pensais pas que ce serait sucré, hier soir. J'étais plutôt enthousiaste. Tout y est: des comédiens aguerris, un texte accessible (qui ne lésine pas pour autant sur la poésie et les références intelligentes), une mise en scène à la fois dépouillée et riche en possibilités, des techniques vidéographiques qui, sans réinventer le support et sa portée, ne se présentent pas non plus comme simplement accessoires, comme c'est trop souvent le cas. Pourtant, quelque chose n'allait pas, et je n'arrive toujours pas à comprendre quoi.


Je ne pensais pas que ce serait sucré
Source: Site du Théâtre La Rubrique
Photo: Jean Briand
 

En fait, il y a bien quelques détails qui m'ont chatouillé. J'ai trouvé que les treize ans de Rose étaient exagérés. Peut-être était-ce appelé par le texte. Peut-être simplement ai-je été choqué par la relation entre le vieux diable et la jeune nymphette naïve à lulus. Oui, voilà (je réfléchis en écrivant, c'est la joie du blogue). Rose est une enfant de 13 ans, et pas une adolescente. Et pourtant son personnage troublant n'est pas vraiment naïf. Et si la relation qui se tisse entre elle et ce pauvre diable est peu crédible, il n'empêche que la pièce réussit à nous laisser ambivalent quant à savoir qui est sous le charme de qui dans tout ça.

Mention spéciale pour Lysanne Gallant qui, malgré de très courtes apparitions sur scène, est d'une présence remarquable. Son personnage de Perséphone réussirait à faire damner même le plus froid des blasés. Un rôle de séductrice qui lui colle à la peau.

Ah! Et surtout… Un coït interrompu, peut-être, mais qui vous fait rêver pour la peine ensuite. Ce passage où dans la pénombre, Guylaine Rivard fait des gestes réglés au quart de tour, une chorégraphie précise au rythme d'une trame sonore amplifiée des sons que devrait normalement produire chacun de ses mouvements… C'était superbe. J'en aurais voulu plus, des moments comme celui-là.

En bref, ce n'est pas drôle. Ce n'est pas pour autant sérieux. Ce n'est pas merveilleux, ou éblouissant. Ce n'est pas pour autant bâclé. C'est contemplatif, mièvre, délicat et choquant. Je ne pensais pas que ce serait comme ça.