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Une réponse de Pierre Demers

À la lettre de Louis Champagne, Pierre Demers, professeur au Cégep de Jonquière, responsable des communications du syndicat du personnel enseignant du collège de Jonquière, et poète répond:

Lettre ouverte au Gros Champagne

Cher Gros Champagne,

Je viens de lire, dans Le Quotidien, votre lettre d'excuses concernant vos propos homophobes tenus le 27 février à l'endroit du candidat péquiste dans Jonquière, Sylvain Gaudreault.

Je ne crois pas vraiment à vos excuses. De toute façon, vous n'êtes pas seulement homophobe, mais dans les propos que vous tenez à chaque matin à votre émission radiophonique la plus populaire en ville (pour vous, la cote d'écoute a toujours dominé sur le reste, entreprise privée oblige) vous réunissez les préjugés et les opinions les plus rétrogrades qui soient sur des domaines qui vous échappent sans doute à cause de votre étroitesse d'esprit.

Vous ne vous en prenez pas seulement aux homosexuels, dans vos sorties radiophoniques, mais aussi aux intellectuels et aux enseignants.

Vous détestez les enseignants parce qu'ils interviennent eux aussi sur votre patinoire, soit celle des idées, des opinions et des valeurs. Mais à la différence de vous, ces gens-là ont l'habitude de douter de tout, d'analyser les différents points de vue et de questionner les idées reçues sur la vie en société. Ils respectent les opinions des autres et ne prétendent pas avoir le dernier mot sur tout. Beaucoup de ces intellectuels que vous détestez travaillent dans les maisons d'enseignement. Ils bénéficient des conditions de travail décentes que vous ne cessez de dénoncer tout en souhaitant les voir rémunérer au mérite (ou à la cote d'écoute) comme vous. Toutefois, ces gens-là ne profitent pas de salaires exorbitants comme le vôtre (200,000$ et plus par année) et des cadeaux de faveur des annonceurs.

Vous détestez les enseignants parce que vous considérez la connaissance comme un domaine hors d'atteinte de votre public-cible, le bon peuple qui pense comme vous.
Vous n'êtes pas seulement homophobe, anti-intellectuel, vous êtes aussi chauvin.
Qu'est-ce qu'un chauvin ? Quelqu'un qui admire de façon exagérée sa ville et sa région. Dans votre cas, ça se limite même à votre petit territoire que vous occupez au lac Kénogami. Vous en avez même fait un de vos combats ultimes en laissant croire que le niveau d'eau de ce lac était la lutte majeure des gens d'ici.

Un autre exemple de votre chauvinisme ce sont les charges que vous multipliez contre les montréalais qui, selon vous, sont la cause de tous les maux des régions.

Encore une fois, vous démontrez là une étroitesse d'esprit en insinuant que pour nous, saguenéens, le monde s'arrête au Parc ces Laurentides. Et quand vous prenez l'avion pour ouvrir vos horizons, seul le confort des chambres d'hôtels et les boutiques hors taxes vous sollicitent.

Vous êtes homophobe, anti intellectuel, chauvin et aussi raciste. Le matin, quand vous faites votre vente de garage, vous imitez un dénommé Oswald, vendeur juif stéréotypé qui vous rappelle sans doute vos débuts médiatiques à Jonquière dans les années 50 et 60 quand on retrouvait des marchands immigrés sur la rue Saint-Dominique. En caricaturant ce marchand vous adoptez un point de vue raciste. Et votre racisme remonte à la surface régulièrement quand vous abordez (très rarement) la situation politique internationale. Pour vous, l'information internationale n'a pas droit de cité dans les médias régionaux comme si le sort de la planète ne nous concernait pas et encore moins vos «supporteurs» comme vous l'écrivez dans votre lettre suave du Quotidien du 12 mars.

Vous n'êtes pas seulement homophobe, anti intellectuel, chauvin, raciste. Vous êtes aussi sexiste. Vous faites régulièrement, avec votre recherchiste-complice, des allusions au physique de certaines personnalités féminines publiques. Vous vous moquez régulièrement des propos que tiennent certaines auditrices lors de vos tribunes radiophoniques et vous ne vous gênez pas pour ridiculiser les femmes âgées qui communiquent avec vous. Vos allusions à leur vie sexuelle sont aussi déplacées que vulgaires. Enfin, votre point de vue sur la prostitution indique à quel point vous considérez les femmes comme des objets de décoration d'abord et avant tout.

Vous n'êtes pas seulement homophobe, anti intellectuel, chauvin, raciste et sexiste. Vous êtes surtout anti syndicaliste. Vous n'avez de cesse de dénoncer les bonnes conditions de travail et les salaires assurés des employés de la fonction publique, des fonctionnaires et des enseignants qui ne travaillent pas dans le secteur public. Votre individualisme et votre phobie de la concurrence vous incitent à dénoncer le travail journalistique qui se fait ailleurs que chez-vous à la radio publique. Vous ne ratez pas une occasion pour dénoncer les actions syndicales et les revendications des travailleurs qui luttent pour améliorer leur sort. Pour vous, seules les entreprises et les commerces qui achètent du temps d'antenne à votre poste (et qui par le fait même vous enrichissent) sont dignes d'intérêt et méritent votre attention.

Les seules causes que vous défendez sont celles qui vous profitent. L'égalité et la solidarité sont remplacées chez vous par l'arrogance et la compétition. On sait très bien que vous êtes retournés à l'antenne le 7 mars pour la simple raison que vous exercez un chantage publicitaire sur vos employeurs. C'est ce même chantage que vous entretenez depuis plus de 30 ans à la radio privée régionale. Vous représentez à mes yeux l'ensemble des valeurs de droite (contre l'égalité, la fraternité, la vraie liberté d'expression, l'imagination, la culture) qui maintiennent la région dans la grande noirceur. Vous seriez tellement bien dans une roulotte en Floride avec vos semblables et Réjean Tremblay à regarder perdre Les Canadiens et les Saguenéens sur le câble.

Source: Pierre Demers, responsable de l'information du SPECJ,
Cégep de Jonquière

Et moi qui croyais ma chronique assassine.