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De la parole aux actes…

Monsieur Yvan Giguère, organisateur du concours de paroliers Chanson pour tes yeux, m'a fait parvenir cette lettre d'opinion.

 
Yvan Giguère

La gloire aux paroliers…aussi!

Il est grand temps que le talent des paroliers soit reconnu à sa juste valeur au Québec.
Actuellement, ce sont les interprètes qui chantent bien souvent les mots des paroliers qui sont constamment sous les feux de la rampe. Le travail des auteurs de textes de chansons
est bien souvent la voix du succès d'un ou d'une interprète.
Très bientôt, j'aimerais voir les noms des auteurs des textes de chansons à la fin des vidéo-clips présentés aux chaînes de télévisons du Québec, et pourquoi pas, leurs photos. Un peu de gloire aussi aux paroliers et parolières, et de la lumière à ces artistes de la parole chantée qui sont encore trop souvent dans l'ombre! Nommons cela de la reconnaissance, tout simplement!
Après les revendications fructueuses de Luc Plamondon en faveur des droits d'auteurs
en 1983, à un certain gala de l'ADISQ mémorable, il est grand temps maintenant que l'on reconnaisse le talent des auteurs de textes de chansons qui souvent font la gloire de bien des interprètes. Lors d'une récente entrevue, Luc De Larochellière mentionnait qu'une chanson est d'abord et avant tout un texte. Bien entendu que le talent d'un interprète peu aussi valoriser le travail d'un parolier, de même que la musique qui enrobe le texte. Mais le parolier donnera le souffle et l'âme nécessaire à la chanson, portée par la voix des plus grands interprètes.

Source: Yvan Giguère, Fondateur et organisateur en chef, Concours national de paroliers Chanson pour tes yeux

Comme je construis ma vie sur des mots – une maison, une auto, et tout ça sur un vide vocabulique – je crois que je suis bien obligé d'acquiescer. Il faudrait peut-être passer de la parole aux actes et offrir une meilleure reconnaissance aux paroliers. Mais entre la reconnaissance méritée et la gloire, il y a une marge… que je ne suis pas prêt à franchir.
Faudrait-il nécessairement transformer les paroliers en starlettes, exiger pour eux la gloire et les feux de la rampe? Je ne suis pas certain. Je crois que tous les paroliers ne supporteraient pas nécessairement la pression de la vie publique. Il y a quelque chose de réconfortant dans le fait de rester dans l'ombre.

Heureusement, certains chanteurs ont beaucoup de respect pour les paroliers desquels ils chantent les textes. Tous les chanteurs ne sont pas ingrats, et plusieurs ne manquent pas de souligner le travail de ceux qui leur mettent des mots en bouche. Je pense à Chloé Sainte-Marie, entre autres, qui, en entrevue, fond en louanges pour ses auteurs (et pas que ceux qui sont morts!)…

S'il reste certainement beaucoup de travail à faire pour que les paroliers soient reconnus à leur juste valeur, j'en ai un peu contre le vedettariat à tout prix. En fait, depuis que les vedettes se forment sur mesure pour monsieur-madame-tout-l'monde, coquilles vides des académies du paraître, la valeur du starsystem a baissé en flèche. Et aujourd'hui, ça vaut pas de la garnotte.

Si ce sont les mots qui sont beaux, pourquoi montrerait-on la face de celui qui les a écrits? La beauté du visage deviendra-t-elle un critère pour juger de la valeur des textes? Car, ne le nions pas, elle n'est pas étrangère au succès des chanteuses et des chanteurs, qui sont justement de superbes coffres joliment ornés, pour la plupart…


Luc Plamondon
 

J'aime que chaque chose soit à sa place, que chacun ait son dû. Mais quand je pense à l'image médiatique de Luc Plamondon (sans toutefois renier son travail), je trouve que c'est un personnage un peu monstrueux. Son air snobinard et cette image d'Auteur (avec un grand A s'il vous plaît) ne me reviennent tout simplement pas. Et surtout, je trouve que cette image ne contribue en rien à la valeur de son travail.

Alors va pour une reconnaissance du parolier, qui devrait être la condition sine qua non de l'interprétation de ses chansons… mais pas pour la création d'un univers en papier mâché autour de pseudo-vedettes de la parole.