Je vous lève mon chapeau. Franchement.
J'ai eu à vivre de telles situations dernièrement – un mois complet, et encore pour quelques jours… (ouais, ouais, c'est pas légitime, je savais que tout reviendrait à la normale…) C'est ça, aimer une artiste, faut croire – et je n'en reviens pas comme il faut pédaler quand on est chef de famille monoparentale. Pourtant, mon fiston est un ange, et mon état de pigiste notoire m'offre pourtant un horaire qui devrait faciliter, au moins dans certains cas, la damnée conciliation travail-famille…
Oh, je me débrouille, ne soyez pas inquiets… (Juste au cas où mon amoureuse lirait ce billet avant que je lui reparle: le feu n'est pas pris dans la maison, et on mange même des quatre groupes d'aliments.) Mais j'avoue que si mon travail ne m'obligeait pas à côtoyer le milieu culturel, ça me manquerait royalement. Il me semble qu'il doit être difficile de se convaincre de se faire plaisir, en ouvrant un livre, ou en allant à un spectacle, quand le gazon bat des records de hauteur dans le voisinage, que le linge sale s'amoncèle, qu'il faut penser au chat et à l'oiseau, et aux 47 plantes qui ont besoin d'eau, et quand en plus c'est si important de lire quelques pages à fiston, de jouer au freeze bee sur le cran ou de manger un popsicle assis dans l'herbe.
Je connais des gens qui sont seuls et qui concilient travail, famille et culture sans même sembler essouflés. Eh bien j'ai pensé à vous tout ce temps, surtout quand le soir, épuisé, je m'affalais de tout mon long dans le lit trop grand. Vous m'épatez, simplement.
Chapeau, vraiment.
Je veux bien lever mon chapeau aux familles monoparentales. J’ai goûté à cette situation à un certain moment dans ma vie. Une chance, j’ai été très bien soutenue par l’entourage. Mais règle générale et depuis des lunes, même en couple, ça prend deux salaires pour arriver à combler les besoins fondamentaux et un peu plus pour remplir le sac à dos des enfants que nos voulons outiller, afin qu’ils fassent leur place dans la vie et dans un système qui n’en a que pour les plus « forts ».
C’est la course folle à la garderie, aux activités culturelles ou sportives des enfants, au travail aussi et une demi-présence le soir avec les petits, parce qu’usé de la journée ou de la semaine surchargée. Il faut aussi être à la hauteur et présents comme parents, quand l’école nous réclame pour une activité para-scolaire ou pour un bulletin qu’il faut aller chercher avant 17h.
Qui doit prendre congé quand un enfant est malade? On regarde les salaires et règle générale, c’est la femme qui a des conditions de travail précaires et moindres que celles de monsieur qui prendra congé parce que son salaire est moindre. Ça coûte moins cher pour ce congé non prévu. Avec la course contre la montre en semaine, le temps à consacrer à la famille, les tâches domestiques à assumer, du temps pour un peu de social ou pour la famille élargie, les achats à faire pour repartir une autre semaine, les démarches à faire aussi pour retrouver du travail, si la fin d’un contrat pointe à l’horizon, alors c’est également au couple qui dure dans le temps à qui que je lève mon chapeau.
Il n’y a pas si longtemps, la garderie à 7$ par jour n’existait pas. Souvent, un des deux salaires servait à payer ces frais. Pourquoi aller tout de même au travail ? Parce qu’en dehors du fait que nous aimons les enfants à qui nous donnons la vie, il y a un besoin de se réaliser en dehors de la famille. Après 20 ans de vie commune avec mon compagnon, je me demande encore comment notre couple a pu résister à cette pression.