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De l’utilité

On se concentre sur ce qu'on fait.

On vient qu'on en a une bonne maîtrise. À force de ne penser qu'à ça, à tous les jours, parfois jour et nuit. On se drape de l'étoffe d'un "expert" que les autres tissent peu à peu autour de soi. Et bla bla bla.

Les gens viennent, et nous interrogent. Ils veulent profiter de notre sagesse, de notre illustre savoir. On finit par croire que ce qu'on fait, on le fait assez bien. C'est humain. On s'épanouit. Au point parfois où le sourire sculpte des rides amusantes. Voilà, on est bien.

Il suffit que le char scrape pour qu'on se rende compte qu'au fond, on ne sait rien. L'alternateur qui flanche, emportant avec lui une batterie pourtant neuve. Alors on entre dans l'univers huileux, orné des fioritures langagières qui s'imposent lorsque la * de bôte lui reste dans les mains. Et on se sent démuni, vide et dépendant.

Je n'aime pas les garagistes. Pas plus que les dentistes, d'ailleurs, et sans doute pour les mêmes raisons.

  1. Parce que je me sens toujours comme un intrus dans leur univers.
  2. Aussi parce que leur travail donne toujours l'impression de coûter cher.
  3. Surtout parce que je sais qu'ils pourraient tout aussi bien me f*, que je ne m'en rendrais jamais compte.

Et pourtant. J'ai le plus grand des respects pour ce qu'ils font. On se sent tellement inutile devant ces experts de la mécanique, démuni en entendant leur jargon de métal, de rouille, de châssis et de fuel.

Et alors on écrit un billet qu'on sent aussi inutile que soi.