C'est finalement 150 219$ qui auront été recueillis dans les rues de la région par les bénévoles et les représentants des médias participant. À cela s'ajoute les 10 000$ versés par des comandites nationales, pour un grand total de 160 219$. Il est encore possible de faire des dons, entre autres dans les caisses Desjardins jusqu'au 24 décembre.
Deux textes à propos de sans-abri.
Voici la description de deux sans-abri qui seront bien heureux d’aller faire un tour à la soupe populaire du coin.
Merci aux organisateurs de la Grande Guignolée des Médias
et merci aux citoyens qui ont DONNÉ.
Cet homme foutu par terre
Prenez-moi cet homme foutu par terre,
Ses yeux sont des miroirs d’étoiles.
Prenez-moi ce récif de sables et de neiges,
Foutez-moi ce monstre de poussières dans le coeur.
Urgence de vent et de bétail de fer,
Le souffle d’enfer des autos qui passent.
Le quêteux est par terre et mal se dispose,
Sur le trottoir blanc de l’hiver citadin.
Il chante, il gueule, il réinvente nos guerres,
À genoux devant l’indifférence du monde.
Le corps givré des pieds jusqu’à l’âme,
Des perces-neiges lui poussent dans la main.
Yvan Giguère
Saguenay (Québec)
Un monologue de Yvan Giguère
Ansème…à tout vent !
Par Yvan Giguère
Comment ça va vous autres? Avant toute chose, y faudrait ben que je me présente : Ansème, de mon p’tit nom. Mais la plupart du monde qui me connaissent, disent pour me taquiner ¨Ansème à tout vent¨. Que voulez-vous, ça doit être parce que j’suis tout le temps dehors et que je sème la bonne humeur partout, beau temps, mauvais temps. Ouais, j’travaille des fois, à moins 30 sous zéro. J’suis mon seul patron et mon seul employé. Travailleur autonome, comme y disent.
Tenez, l’autre jour, j’étais justement en train de faire mon ¨shift¨au centre-ville, que voilà ti-pas qu’un journaliste, avec sa caméra photo, me demande comme ça si ça me tenterait de parler de mon métier. En fait, de témoigner au nom de mes semblables, de ma non moins heureuse vocation de quêteux. Ben j’ai répondu : Ah, j’peux vous en glisser mots. Mais j’dois vous dire que j’suis pas allé à l’école plus qui faut. Je m’exprime, voyez-vous, comme certains de mes confrères de travail qui ont étudié à l’université d’la rue. Mais j’ai raconté une petite expérience que j’avais véçu y’a pas longtemps.Tenez, j’ vous raconte ça à vous autres aussi, parce que je vous aimes ben. J’vais me forcer pour m’exprimer de mon mieux.
¨Ça fait que l’autre jour y’a un monsieur qui s’approche pendant que j’quêtais. Un grand monsieur propre, ben costumé: un vrai prince. Là, j’me suis dit : Ça y’est, le ¨jack-pot¨ va m’arriver. Y va me sortir un beau cinq piastres¨ Ça fait qu’il enlève tranquillement et soigneusement un de ses beaux gants en cuir luisants . Y me regarde un beau dix secondes direct dans les yeux. Pis, y me serre la pince avec un grand sourire chaleureux, plein de tendresse . Aie, j’étais ému comme c’est pas parmi. Là j’ai pensé : ça y’est c’est lui, c’est le Bon Yeu en personne. Y commence à me jaser ça mes amis. ¨J’aimerais vous souhaiter une belle journée monsieur Ansème. Torrieux, y connaissait même mon nom! C’te monsieur va ben me sortir un beau gros vingt. Le temps des fêtes approche après tout. ET BEN NON! Y commence plutôt à me conter qu’il était président d’une grosse compagnie et qu’il venait de faire faillite. Tout le monde l’avait laissé tomber. C’est ben pour dire, hein! Pis là il me dit comme ça: ¨Vous savez monsieur Ansème, je suis certainement aussi pauvre que vous aujourd’hui.¨
Le pauvre ¨yable¨ que j’ me suis dit en mon for intérieur. Ensuite il a enlevé son foulard pour me l’enrouler autour du coup. Un beau foulard neuf qui m’a donné. Sapré nom, on aurait dit une remise de médaille olympique. Tout ce qui manquait c’était l’hymne national. Juste avant que le monsieur s’en aille, j’ai vu comme une espèce de petite lueur nuageuse dans ses yeux. Je l’ai regardé s’en aller parmi la foule, la tête un peu penchée mais le corps droit, gardant quand même une sorte de noblesse dans la démarche. Ben vous savez, comme un espèce de roi déchu. Vous pouvez pas savoir le motton que ça m’a fait, mes amis. J’ai failli courir derrière lui pour lui donner les cinquante-huit cents qui me restaient au fond des poches.
Après avoir vu ça, dites-moi pourquoi j’viendrais me plaindre en vous racontant ma soi-disant misère de quêteux itinérant. J’dois être un optimiste de l’existence. Ouais c’est ça, un clochard de luxe, comme y
disent. C’est certain qu’y a des jours où je mange presque pas. Heureusement que j’marche sur mon orgueil parfois et que j’ vais à la soupe populaire du coin. Sinon, j’sais pas comment je m’en sortirais.
Aussi j’en profite ici pour remercier tous ceux et celles qui m’ont encouragé à date, en m’offrant des sous ou en me faisant simplement un sourire. Je sais que j’suis un bonhomme pas évident, comme ça, à première vue. En tout cas, j’aimerais vous souhaiter d’avance un joyeux temps des fêtes. Salut ben, mes amis!
Yvan Giguère
Saguenay (Québec
Faites la guignolée à l`année en allant dde façon régulière porter des denrées dans les centres FIN À LA FAIM comme il y a dans mon coin à Beloeil. Ce geste de partage devrait être dans nos habitudes de vie autant que de recycler. Naturellement ce serait plus facile si tous les mégas supermarchés avaient eux-même des boîtes à l`année au bout de chacune de leurs caisses.
Inadmissible de vanter la guignolée seulement du Temps des Fêtes.