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The show must go… worse than ever

C'est quand tu penses que la situation ne peut pas être plus sombre qu'elle se met invariablement à empirer. J'aurais été bien plus virulent si j'avais écrit ma dernière chronique cette semaine. Tout le battage médiatique autour de la mort de Sylvain Plourde, directeur (et porte-étendard, et croisé…) de la Maison des sans-abris de Chicoutimi, avait de quoi faire oublier toutes les nausées passées.

On est allé jusqu'à demander à Dan Bigras comment il se sentait d'avoir été "en quelque sorte" la cause de sa mort. Ça donne le goût de s'enfermer dans un shack avec des gougounes et une tunique, les doigts bien enfoncés dans les oreilles, et d'espérer que des élohims viennent nous enlever au plus sacrant.

Allo? Faire ne serait-ce qu'une allusion au fait que Bigras ait eu le moindre rapport avec la mort de Plourde, dut-il avoir provoqué chez lui une forte émotion, c'est aussi grave que de dire qu'une femme est responsable de s'être fait violer si elle est séduisante.

Si Plourde a touché l'extase après avoir rencontré Bigras, c'est sans doute que n'importe quelle émotion vive l'aurait provoqué. On ne meurt pas de rencontrer une vedette. On meurt d'un problème de santé. Le reste n'est que fiction, invention, désinformation. Bullshit.

Quand j'ai appris la nouvelle de la mort de Sylvain Plourde, je n'ai pu m'empêcher de repenser à la dernière fois que je l'ai rencontré. C'était à Espace Virtuel, lors de cet événement qui avait lié des artistes à des sans-abris. J'avais écrit un peu auparavant une chronique où je me désolais devant notre inaction face à la situation des sans domicile fixe à Saguenay. Semble-t-il qu'il y a des gens pour croire qu'ils n'existent pas. Au coin d'une rue, dans la passerelle de l'autogare, on ferme les yeux. C'est tout. Ferme tes yeux chéri, tout redeviendra comme avant.

Plourde m'avait accueilli avec un enthousiasme émouvant. Franchement. Je n'avais fait qu'écrire un papier alimenté au gros bon sens. Et pourtant, il donnait l'impression de me voir justifier le travail d'une vie. Il m'avait avoué avoir copié mon article pour le faire lire aux instances religieuses et politiques de la région. Il voulait s'en servir lorsque viendrait le temps de convaincre la ville de contribuer un peu plus pour le fonctionnement de son organisme.

Alors, évidemment, s'il avait été si emballé de me serrer la main, à moi qui ne suis personne, ce devait être un moment d'une rare intensité de rencontrer Dan Bigras, qui a lui-même été de tous les combats auxquels il croyait. Mais de là à transformer le pauvre chanteur en bourreau… On n'est pas loin de l'hérésie médiatique.

À moins qu'aujourd'hui ce ne soit la véritable information qui soit devenue hérésie dans le monde perverti des médias.