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Retour sur le silence du CRI: ça ou faire l’amour.

Sur son blogue, le metteur en scène Dario Larouche revient sur l'événement Un moment d'arrêt sur le théâtre, expérience performative du CRI, qui se déroulait le 27 mars dernier dans le cadre de la journée internationale de théâtre. 

"Juste avant cette performance, on m'a posé une question que je restitue ici de mémoire (et donc pas nécessairement fidèlement): est-ce que je crois en l'utilité (se faire entendre, marquer le public, le sensibiliser) d'un tel acte? Spontanément, j'ai répondu non. Probablement qu'après, j'aurais répondu la même chose… mais avec plus de nuances… plus de réflexions…
Le fait que ce soit du théâtre invisible (ou que les participants se fondent dans la masse) est problématique si on souhaite faire de cet événement un «manifeste», ou un «coup d'éclat», ou un «soulignement» pour le théâtre… Les spectateurs obligés ne voient que des «trippeux» qui arrêtent… bien sûr, cela les questionne… Mais font-ils vraiment le lien entre le théâtre et ces statues? Prennent-ils conscience du milieu régional? J'en doute… N'eût-il pas mieux valu que nous portions tous un costume?
En passant, je ne nie pas l'impact de cette action, loin de là! Ça frappe l'imaginaire, ça stimule probablement les conversations… Ce que je remets en cause, c'est l'«utilité». Les traces que ça laisse…"
(source: lesclapotisdunyoyo.blogspot.com)

Évidemment, je me sens interpellé par ce billet puisque c'est moi qui ai posé LA question (quant à l'utilité de l'événement).

Quand je parlais d'utilité, c'était un peu vague. Et je ne suis pas certain que je savais vraiment ce que je voulais savoir.

Est-ce que c'est utile pour la société de tenir un événement comme celui-là? (ou) Est-ce que ça sert le théâtre? (ou) Est-ce que ça porte des fruits au niveau de la culture régionale? (ou) Est-ce que ça incitera un public involontaire à réitérer l'expérience de façon volontaire?

De toute façon, je ne suis pas certain qu'il faille répondre à cette question. L'utilitarisme borné me pue au nez et si mes réflexes de journaleux prennent parfois le dessus, il n'est en général pas trop long que je me ravise.

Ce qui fonde l'art n'est-il pas justement son urgence, au-delà de toute nécessité à une quelconque justification?

Je me suis trouvé particulièrement chanceux de pouvoir être présent lors de cet événement. Ne serait-ce que dans l'exercice purement égoïste d'une satisfaction toute personnelle, pour moi ou pour ceux qui y participaient.

Au fond, c'est comme faire l'amour. C'est purement égoïste, c'est satisfaisant, et si par hasard ça sert à quelqu'un d'autre par la bande, tant mieux.