Au détour du hasard, rencontré au niveau 0 de l'UQAC, le metteur en scène Rodrigue Villeneuve me faisait part d'une mauvaise nouvelle. La compagnie des Têtes Heureuses aurait vu réduiee ses subventions de près de 25% cette année, malgré plusieurs projets d'importance au cours de la dernière année.
Selon le metteur en scène, la proximité de la compagnie avec le milieu universitaire serait un problème de taille. L'organisation de colloques donnerait entre autres une portée trop intellectualisante au travail des Têtes Heureuses. Comme si le théâtre ne pouvait pas être réfléchi.
Il ne faut toutefois pas s'inquiéter de l'avenir du prochain spectacle, La Cerisaie. Selon Villeneuve, paradoxalement, le théâtre peut se suffir de peu de moyens… "On pourrait jouer La Cerisaie avec seulement quelques chaises et des jeans…" Évidemment, ça ne concorde pas nécessairement avec les visées de l'homme de théâtre et de son équipe.
« Selon le metteur en scène, la proximité de la compagnie avec le milieu universitaire serait un problème de taille. » En parlant de la compagnie Les Têtes heureuses et de la coupure de son financement.
Est-ce qu’Espace virtuel qui est à proximité du cégep de Chicoutimi et l’Oeuvre de l’Autre qui a des liens étroits avec l’UQAC, reçoivent ce même type de commentaire? Est-ce que des organismes qui sont hébergés par la ville, comme certaines compagnies de théâtre qui sont à proximité et assure la gestion d’une salle de spectacle appartenant à la ville, ont droit à la même salade quand ils font une demande d’aide au niveau d’un ministère ou d’une instance comme celle du Conseil des arts de Saguenay ?
Est-ce qu’une compagnie qui fait de la publicité à l’intérieur de sa production, pour améliorer son financement et pour aider une cause sociale, par la même occasion, se verra coupé avec le même argument de proximité avec l’entreprise privée et le milieu communautaire ?
Est-ce qu’une galerie d’exposition qui organise des soupers bénéfice macaroni dans un sous-sol d’église, se verra changer de ministère, pour être soutenu par celui du domaine social ? Voyons donc…
Nommez-en des exemples de collaborations étroites entre acteurs de différents secteurs d’activités, il y en a.
Le gouvernement prône qu’il faut diversifier les sources de financement, aller chercher des partenaires dans le milieu, développer des projets en collaboration avec autres acteurs du milieu. (Secteur privé, de l’éducation, communautaire etc.) Alors comment une compagnie de théâtre peut se faire dire que ces liens sont trop étroits avec le milieu universitaire ? N’importe quoi…
Est-ce que pour pousser un peu plus loin la recherche dans le domaine des arts, il faut obligatoirement s’exécuter en dehors des murs institutionnels, dans des locaux pas toujours adéquats et toujours trop coûteux, isolé d’un milieu pouvant apporter sa collaboration pour le développement d’une discipline artistique ?
Tant mieux si une compagnie ou un organisme peut développer des projets ayant un impact et un rayonnement certain pour son secteur, en ayant certaines facilités de par une étroite collaboration avec une institution d’enseignement ou une autre instance. Et depuis quand le milieu des arts ne doit pas être trop intellectuel. Le domaine de la création exige une démarche rigoureuse et non pas seulement une expression spontanée.
Pour se faire, le milieu des arts doit développer des projets permettant des échanges entre pairs, des ateliers, des conférences, des représentations, expositions etc., comme ce que vise un colloque organisé par la compagnie des Têtes heureuses. C’est tout un milieu qui peut en profiter et pas seulement une compagnie.
Est-ce que l’on questionne et coupe les subventions des chorégraphes qui ont leur propre compagnie de danse et qui en même temps enseignent dans les universités, en bénéficiant de certaines facilités de l’institution qui les embauchent ? Ces liens étroits entre artistes et créateurs avec des institutions d’enseignement, favorise aussi l’entrée au niveau professionnel, de la relève en formation artistique.
Il y a vraiment un double discours pour justifier les coupures de subventions ou de programmes de subvention. S’il y avait davantage de solidarité dans le milieu culturel, un peu moins de petites guerres de clochers ou de « tirage de couverte », une approche globale et moins sectaire, (chacun dans sa case) peut-être qu’une compagnie comme les Têtes heureuses ou autre organisme qui se fait servir des arguments injustifiés pour voir sa subvention diminuée, pourrait bénéficier de l’appui de ses pairs pour dénoncer un tel traitement de la part d’un subventionneur.