J'avais beaucoup d'attentes en entrant dans la salle Pierrette-Gaudreault hier soir. On m'avait parlé de cette production israëlienne avec beaucoup d'emphase, et le synopsis m'avait particulièrement allumé. En fait, on ne m'avait parlé que du dernier tableau du spectacle (justement celui de Gertrude), véritable apothéose. Mais la pièce dans sa totalité montrait avec génie les tensions qui existent entre le manipulateur (ici manipulatrice) et sa marionnette.
Dans Gertrude, c'est la marionnette qui devient maître d'oeuvre. Et force est d'admettre que la maîtrise de la manipulatrice est telle que nous avions souvent l'impression que c'était véritablement la marionnette qui donnait l'impulsion. Un vrai bijou, comme on n'en voit pas souvent dans une vie. Je comprends mieux, voire sans aucune réserve, pourquoi le festival a invité cette production pour la deuxième fois (déjà présentée en 1996).
Notre seul regret au sortir de cette pièce, c'est que le spectacle ne dure pas plus longtemps. J'aurais voulu voir plus longtemps cette précieuse Gertrude, ses longues jambes et ses petits seins, son attitude de bourgeoise et son appropriation curieuse et incertaine de la chair vive, matière étrange qu'elle vole à sa manipulatrice. Voir plus longtemps cette chorégraphie proche du tango où étaient confrontées la marionnette et sa manipulatrice. Sublime.
(Comme le précédent, ce billet a été commandité par belle-maman qui a bien voulu s'occuper des enfants pendant que mon amoureuse et moi désertions le camp…)