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Quand le corps lâche

Je relève d'une grippe. Et mon amoureuse, et toutes ces femmes derrière elle – même ma mère s'y est mise – qui me balancent avec la même attitude supérieure "une vraie grippe d'homme, c'est ça!". Et ce sourire en coin, cette intonation qui donnent un nouveau coup de fièvre. Depuis qu'une femme a inventé cette formule, plus moyen pour un homme d'être malade pour vrai. Merde, j'ai fait de la fièvre pendant trois jours. Et il y a eu les sinus au bord de l'explosion, les étourdissements (j'ai cette tendance à transformer n'importe quel microbe en labyrinthite), les narines mutantes qui se prennent pour des robinets, les nausées, et j'ai toujours cet étrange symptôme quand j'ai de la fièvre: le mal-à-la-peau. C'est comme si j'avais le corps couvert d'un douloureux coup de soleil, comme si j'avais pêché nu pendant deux jours de plein soleil. Pas agréable pour cinq cennes. Pêcher nu, je ne dis pas. Mais le mal-à-la-peau, vraiment pas. Ça ne se fake pas, tout ça. Et même si ça se fakait, je pense que j'aurais mieux à faire.

Attendez, je me mouche, et je continue.

Tout ça pour dire que j'ai eu beaucoup de temps pour penser, en fixant le plafond de ma chambre à coucher. J'ai commencé par rêver des rénovations pour ledit plafond – ce serait bien de le refaire en lambris de pin, comme dans mon bureau, mais avec tous les angles du plafond cathédrale, ça me prendra bien l'été… Puis j'ai pensé au boulot (évidemment).

Et j'ai compris que l'avenir est à la culture.

Parce que quand le corps lâche, tout ce qui reste, c'est la fuite de l'esprit.

Et quand on est las de regarder le plafond, qu'on l'a refait de long en large et dans tous les angles, tout ce qui reste, eh bin, c'est la télé, ce sont les livres, c'est le web. Tout ça pour en venir là.

Un instant, s'il vous plaît. Je m'étanche la fontaine de morve et j'y reviens.

L'avenir est à la culture, parce que c'est tout ce qui reste quand le corps lâche. Et avec le vieillissement de la population, il y aura de plus en plus de corps prêts à lâcher. Alors si vous voulez investir, choisissez la santé, comme tout le monde, mais soyez plus brillants que tout le monde: investissez aussi dans la culture.

Non, je n'ai pas d'actions à vous vendre. Mais vous pouvez en acheter chez les fournisseurs de papier mouchoir et/ou dans le secteur culturel de votre choix. Crise économique ou pas, il y aura toujours des naseaux qui voudront jouer de la trompette.