Beaucoup de gens de mon entourage parlent de printemps depuis quelques jours. On se titille l'humeur, espérant que ça survienne enfin. On rêve de terrasses, de rosé sur le patio, de barbecue, de sortir en manches courtes… (Soupir***)
J'avoue qu'aujourd'hui je rêverais plutôt… d'un orage gigantesque, avec un ciel hésitant entre le bourgogne et le marine, une foudre orange qui parcellise l'horizon en scandant sa lumière, une pluie drue et tiède, et des vents du sud qui sentent étrangement la mer, et moi debout sur la pelouse qui me laisse tremper jusqu'aux os, jusqu'à la moelle, jusqu'en dedans, là où ça ne se lave pas, là où seul l'été peut faire le ménage avec ses colères et ses impatiences.
Mais je me contenterai de voir goutter la fonte de la neige sur le toit, briller quelque faible rayon sur les glaçons, sentir un frisson se glisser dans le col entrouvert de mon manteau de duvet où je m'étirerai d'aise et de confiance comme les poussins qui l'ont porté avant moi, aussi fragile et insouciants qu'eux. Parce qu'être insouciants, c'est aussi se délester de ses soucis…
Clin d'oeil à une lectrice qui m'a donné le goût de sortir, et à tous ceux qui ont déjà le printemps plein les yeux.