Rétrospective: Armand Vaillancourt

MA PETITE RÉTROSPECTIVE DE MA RENCONTRE AVEC ARMAND VAILLANCOURT… UN ARTISTE CHEVALIER ENGAGÉ

Quel bonheur d’apprendre qu’il y aura une exposition retrospective d’Armand Vaillancourt et une conférence sur le parcours d’un artiste engagé et dans son cas, je dirais aussi un artiste avec une grande générosité.

J’ai connu Armand alors qu’il nous prenait à bord de sa vieille « minoune » mon copain et moi fin 70 début 80, pour que nous puissions nous rendre à Montréal pour un petit voyage de fin de semaine. Il nous avait généreusement hébergés, étant donné l’heure tardive à laquelle nous étions arrivés dans la métropole et que nous n’avions pas d’endroit précis où aller.

Quand nous sommes allés nous installer par la suite à Montréal pour nos études, nous allions souvent lui rendre visite dans sa maison atelier ( ancienne école) qui fait face au Mont-Royal sur la rue L’Esplanade à Montréal. Que d’échanges fougueux et engagés nous avons eu et quel bonheur aussi nous avons eu qu’il nous parle de sa production et de son parcours ! Je me souviens avoir été impressionné des petites boucles d’oreille qu’il avait sculté pour Pauline Julien, alors que je connaissais surtout son travail pour de grandes oeuvres.

Alors que je préparais mon entrée au BAC en Danse au début des années 80, Armand m’avait ouvertes grandes les portes de sa maison de la rue de l’Esplanade. Il m’avait en toute confiance, donné les clés de sa maison pour que je puisse aller répéter la chorégraphie que je présenterais pour mon audition d’admission au BAC. Il se faisait discret, mais à ma demande, de temps à autre, il venait me donner ses commentaires.

À l’époque je n’avais pas encore goûté vraiment au monde de la danse contemporaine et post-moderne, mais Armand ne portait pas de jugements négatifs sur ma composition qui avec le recul, était bien technique et pas très risquée, sans compter que mon choix musical était pas très recherché. Pauvre Armand ! Il aurait bien pu montrer de l’agacement à entendre à répétition cette musique populaire que j’avais choisie.

Il ne m’a jamais fait sentir que je lui serais redevante pour m’avoir donné accès à un espace de répétition dans sa maison.

Durant que je faisais mon BAC en danse, j’ai eu le bonheur d’aller aider Armand à réaliser une performance (peinture avec diverses scultures de bois servant à intervenir sur la toile) qu’il faisait aux Foufounes électriques de la rue Sainte-Catherine. Moments vraiments mémorables. Surtout avec l’arrivée de pompiers qui avaient interrompu la performance, le temps d’éteindre le métal en fusion qu’Armand avait allumé :)))

Je me rappelle aussi la chèvre qui glissait sur la grande toile déposée par terre durant la performance. Cette petite chèvre laissait aller sa vessie et le contenu de ses intestins sur la toile. Mais l’assemblée était gagnée et la toile s’est vendue après encan.

Il y a quelques années, Armand est arrivé chez-moi pour venir me remettre une photo de lui avec moi par loin, durant cette performance aux Foufounes. Il avait fait un dessin à l’endos de cette photo laminée.

Depuis mon retour au Saguenay à la fin des années 80, je n’avais pas revu Armand. Il avait conservé la même fougue, la forme et j’ai aimé rencontrer sa compagne de vie et connaître son jeune fils.

J’assisterai avec bonheur à sa conférence pour le plaisir de l’entendre, de voir l’exposition et de refaire sa rencontre.

Carole Girard