Lancement ce matin du livre Un roi américain (VLB), écrit par Hervé Fisher, et traitant bien sûr de l'artiste Roi de l'Anse-Saint-Jean, Denys 1er.
J'ai découvert un Hervé Fisher avenant et particulièrement accessible. Après avoir lu quelques textes de lui traitant de cyberculture, je m'attendais à quelque chose d'hyper théorique. En fait, dès la réception du livre, j'avoue avoir été surpris. C'est un beau livre, coloré, illustré, avec papier glacé, le texte n'est pas trop intellectualisant, se lisant même parfois comme un roman – entre autres le passage relatant le couronnement de Tremblay.
Ce matin, lors de la conférence de presse qui avait lieu à la Pulperie, Denys 1er a laissé toute la place à Fisher. Celui-ci le lui a bien rendu, profitant de cette tribune pour étaler son respect et son intérêt pour l'artiste et son oeuvre. Alors qu'il relatait sa performance signant la mort de l'Histoire de l'art, à Pompidou, puis la suite imaginée par Denys Tremblay, Alias l'Illustre Inconnu, qui a mis en scène l'inhumation des restes de l'Histoire de l'Art métropolitaine, dont le cadavre avait l'allure d'un lièvre, la seule question qui me venait – et j'aurai sans doute l'air snob en l'avouant – c'était «comment est-ce qu'il comprendront cela», en pensant à mes collègues journalistes présents lors de l'événement. Pas que je les prenne pour des cruches, absolument pas. Mais l'univers conceptuel de Tremblay est tellement riche et complexe… Et la performance artistique n'est pas souvent un art prisé par les journalistes. Je n'ai pas encore de réponse. On verra au cours des prochains jours…
Avant de commencer ma lecture, je ne savais pas à quel point Tremblay est un régionaliste. Et à quel point cette histoire de monarchie a été un succès – contrairement à cette impression d'échec qui subsiste quand on ne se fie qu'à son abdication. Aujourd'hui, on en parle encore. Et les gens s'enquissent encore de ce qu'est devenu le roi lorsqu'ils vont à l'Anse-Saint-Jean (je croyais être le seul…). Ces traces sont là, dans le paysage social, et sont des preuves non seulement qu'un roi y a régné, mais que son règne a encore une certaine présence (le roi, même dans son absence, est toujours présent, d'une certaine manière. Celui qui est roi un jour, le reste pour toujours. Comme les présidents et les premiers ministres demeurent dans la tête des gens même après leur chute.)
J'ai eu droit cet après-midi à une rencontre privilégiée avec Son Altesse Denys 1er, le roi déçu et abdiqué, ainsi qu'avec Hervé Fisher. Je ne relaterai pas tout ici – pas maintenant, du moins – mais je mentionnerai tout de même une anecdote qui me semble touchante… Lorsque j'ai demandé à Tremblay s'il allait encore à l'Anse-Saint-Jean, il m'a avoué y aller de moins en moins souvent. Relatant quelque amitié, il a été pris d'une sourde émotion, qu'il a toutefois su contenir. La souffrance engendrée par la fin de son règne ne demande qu'à affleurer, encore. Et avec le Quotidien qui déjà ce matin s'appliquait à gratter le bobo (la une était particulièrement malhonnête), le pire est sans doute à venir pour le roi déjà déçu.
D'autres infos sur le lancement d'Un roi américain.
Source de l'image: Pulperie
Il est aussi fascinant de réaliser que de par son statut de monarche, Denys 1er est sans doute le seul canadien à ne pas être un sujet de la reine d’Angleterre…
La vie est remplie de rendez-vous manqués, dirait probablement René Lévesque au sujet du monarque. La population a eu simplement peur! Peur de donner du pouvoir à un homme qu’elle soupçonnait de mégalomanie, peur de se retrouver endettée pour des siècles et des siècles amen, peur d’un ridicule international qui ferait fuir les touristes au lieu de les attirer! Peut-on leur en vouloir?
Mon père avait une sage parole: « Vaut mieux regretter, que d’en avoir envie! »