L'auteure de Mademoiselle Personne, Marie Christine Bernard, verra son roman Monsieur Julot, réédité en format poche. Après avoir récupéré ses droits auprès de Stanké, c'est aux éditions BQ (chez Fides) que l'écrivain a confié le soin de son Monsieur Julot qui verra le jour à nouveau. Il sera en librairie dès vendredi.
À lire, une entrevue accordée à Voir par Marie Christine en 2005 à propos de Monsieur Julot.
La réédition du premier roman de cette auteure chevronnée est une idée appréciable, j’aime bien aller fouiller du côté des premières fois chez les auteurs établis.
Roman très vivant, avec à la fois sa part d’épistolaire et de journal exutoire. Celle qui le tient a beaucoup à dire puisqu’elle est atteinte d’un cancer pour une seconde fois avec tout ce qui s’enchaîne ; la chimio, la perte de cheveux, la perte d’autonomie. Mais le pire est peut-être de ne plus avoir la force d’être une maman pour son petit garçon qui est devant l’impossible à comprendre.
J’ai traité ce roman de vivant et c’est ce qui m’a beaucoup plu. Peut-être qu’à frôler la mort de si près, l’élan de vie surgit comme un cri. J’ai su qu’il y a une part autobiographique, ce qui donne au récit une dimension encore plus troublante.
Pourtant, je suis restée sur le pas de la porte pendant à peu près les trente premières pages. Et c’est la faute à Monsieur Julot. Qui est-il par rapport à Véronique, atteinte du cancer ? Pourquoi lui écrit-elle à lui ? C’est le fils d’une vieille dame atteinte de cancer en phase terminale, compagne de soin à l’hôpital, et qui réclame celui qu’elle a élevé, Henri … Julot. Véronique se mettra en tête de convaincre le fils de venir pardonner à la vieille dame qui a posé envers lui énormément de gestes et de paroles répréhensibles. Cette histoire en parallèle est intéressante et bien intégrée, ce n’est pas ce qui m’a dérangée. C’est le ton du début qui résonnait faux dans ma tête. Décider de se confier à un pur étranger sur un ton de grande intimité, comme à un vieil ami, j’ai éprouvé de la difficulté à y croire, surtout quand la personne ne répond pas. Il en faut de la motivation !! C’est ma raison qui parle mais un moment donné, le cœur s’est mis de la partie, j’ai oublié le plausible, le vraisemblable, puisque le propos était captivant. Jusqu’à que cette correspondance aille de soi, parce que je suis devenue Monsieur Julot. Cela a été facile de prendre sa place, puisqu’il se faisait si absent.
Ce récit découpé en lettres, je l’ai suivi avec passion et compassion. Je peux dire que maintenant je saurais mieux comment aborder ou fréquenter un cancéreux. Véronique nous décrit très bien tout ce qui est à éviter de faire, de dire, même avec la meilleure bonne volonté du monde. Le thème du regard des autres revient et j’ai aimé la manière de voir de Véronique à ce sujet, peut-être parce que j’ai senti que c’était la manière de l’auteure aussi. D’après moi, il faut presque être passé par là pour écrire un livre aussi percutant.
Bon. J’aimerais tout vous dire de ce récit, pour que vous compreniez bien qu’il est profondément humain, pas déprimant une miette (tout au contraire !), vivant, franc, direct, rempli d’humour, de sens de la répartie et du sens du pardon. Livre idéal à offrir aux personnes qui vivent auprès d’une personne qui est aux prises avec ce dur combat. Je suis vraiment contente de l’avoir lu, avec cette impression que je ne l’oublierais jamais.