Voici la réponse de Robert Hakim suite à la chronique Comment tu fais Robert?
Bonne lecture!
"On fait comme ça Joël !
Salut Joël,
J'espère que tu m'excuseras de te tutoyer à mon tour, mais comme tu es devenu familier avec moi, je me suis dit que je pourrais presque devenir ton ami de correspondance, à défaut de ton ami Facebook ou mieux encore, ton ami artiste.
J'ai lu avec attention ta lettre qui me demandait quelques trucs qui pourraient t'aider à trouver du financement pour ta nouvelle maison. Je comprends un peu ton désarroi, car à la lecture de ta lettre, j'ai bien compris que tu ne fais pas encore la différence entre une subvention, un prêt et un endossement. Et pour que tu comprennes bien ces trois termes, je vais tenter de faire un parallèle avec le montant de 340 000$ qui semble te tracasser un tout petit peu la tête.
Lorsque tu iras à la banque, la Madame qui te répondra te demandera deux choses :
- Le montant total de tes dettes, emprunts et marge de crédit.
Ne t'en fais pas, elle fait ça pour savoir si tu peux emprunter. Supposons que tu lui répondes 50 000$ de dettes en tout, et que la maison que tu veux acheter coûte 125 000$.
En bonne conseillère, elle va te demander de consolider tes dettes et d'y inclure le montant de ta nouvelle maison. Tu vas donc emprunter 175 000$ sur 20 ans.
Mais bien sûr, comme c'est ta première maison et que ton salaire est, somme toute, pas si mal, elle va quand même te demander combien tu as gagné au cours des trois dernières années. À ce moment précis, elle te dira qu'elle t'aime beaucoup et qu'elle lit tes chroniques dans le Voir religieusement, mais que ce n'est pas suffisant pour qu'elle accepte d'autoriser ton prêt. Elle te demandera un endosseur.
Un endosseur ? Mais qui pourrait accepter de me donner une subvention de 175 000$ te demanderas-tu ?
Main non Joël, voyons, un endosseur ne te donne pas d'argent, il se porte simplement garant que tu respecteras ton engagement à l'aide d'une simple signature. Pas un sou à sortir de sa poche, seulement une bonne tape dans le dos pour la confiance qu'il met en toi et ton travail. Bien sûr, ton endosseur s'est quand même assuré que tu as toujours été un bon payeur et que ton travail au Voir est stable et que tu as une tête sur les épaules.
Tu vois, c'est la même chose avec le 340 000$ des Rythmes du Monde. On va à la banque, on consolide les dettes qui totalisent déjà 240 000$ et on emprunte un 100 000$ de plus (parce que le Gouvernement du Canada nous avait promis 230 000$, qu'on n'a jamais eu finalement (sic); la Madame nous demande un endosseur et on demande au greffier de la Ville de nous endosser. Pas une subvention, pas un chèque, pas un sou des contribuables, mais une signature sur le bas d'un document.
Bien sûr, on va payer notre prêt et respecter nos engagements avec la banque, tout comme toi.
- La deuxième question qu'elle te posera : As-tu déjà fait faillite ?
Tu lui répondras que non, et ce même si ton ancien employeur lui, a fait faillite dernièrement. Tu vas être un peu nerveux au cas où elle croirait que c'est toi qui as fait faillite étant donné que tu en étais le directeur.
C'est la même chose avec le Théâtre du Saguenay, je n'étais pas administrateur, mais bien employé, ce qui fait de moi un créancier et non le contraire. Et pour l'Opéra, non seulement je n'étais plus administrateur, mais je n'étais même plus actionnaire depuis sept (7) mois au moment de la fermeture ; et dans ce cas-ci j'étais aussi un créancier et non le contraire. Alors, voilà pourquoi j'ai toujours la confiance des fournisseurs, Joël.
J'aimerais sincèrement comme toi que certains artistes puissent bénéficier de l'aide de la Ville et qu'on pense plus souvent à eux, mais ce n'est pas l'emprunt que les Rythmes du Monde va contracter, qui va y changer quoi que ce soit. On n'habille pas Pierre en déshabillant Jacques et vice versa.
J'espère que tu as apprécié que je te donne quelques trucs entre amis, même si on n'est pas très proches et que je suis encore un peu confus de ne pas t'avoir reconnu au club vidéo.
Alors, n'oublie surtout pas que si tu veux avoir le prêt de ta maison… on fait comme ça Joël !"