Être producteur de films catastrophes, genre Michael Bay, j’arrêterais de me faire chier avec des grosses scènes d’explosions, des patentes de volcans, des effets spéciaux de robots immenses ou des trucs de bombes nucléaires. Même que, je trouve ça vraiment bizarre qu’à part le dernier Die Hard, on n’ait pas encore eu droit au film catastrophe ultime: la fin d’internet.
Il y a quelques jours, une vidéo anonyme prétendant provenir d’Anonymous (pas évident de vérifier ses sources quand même les membres d’Anonymous ignorent qui sont les autres activistes) annonçait que la première partie de la fameuse opération Global Blackout allait être déployée dans les 72 prochaines heures si le site de MegaUpload n’était pas remis en ligne. Toujours selon cette même vidéo, Anonymous annonçait avoir la main mise sur les accès à des sites majeurs comme YouTube, Twitter, Facebook et même à certaines grandes banques américaines. Et qu’en est-il 72 heures après? Pour ma part, j’ai pu lire, il y a quelques minutes à peine, qu’une de mes connaissances Facebook « avait brossé solide la veille » et pour ce qui est de Twitter, Dan Bigras a publié une nouvelle à propos de Newt Gingrich.
Faut donc croire que la vidéo d’Anonymous était de la bullshit.
Toutefois, dans les dernières 24 heures, celle-ci m’a poussé à plusieurs méditations. Par exemple, est-ce qu’on peut s’entendre comme quoi une journée sans Facebook et Twitter pourrait fucker sérieusement le travail de bien des gens? Pour ma part, en tant que journaliste culturel, il est très fréquent que je corresponde avec certains artistes via FB, que leur matériel visuel y soit hébergé et que de nombreux concerts undergrounds soient uniquement annoncés sur Le Réseau Social. De plus, j’entends de plus en plus des gens se vanter qu’ils n’ont pas envoyé de courriels depuis longtemps car désormais Facebook a complètement occulté l’utilisation du courriel traditionnel.
Ensuite, imaginons un seul instant que les trois services majeurs en matière de courriels, Gmail, Hotmail et Caramail (just kidding) étaient simultanément neutralisés, ne serait-ce qu’une seule journée, ça serait angoissant non?
Enfin, extrapolons et imaginons que de telles menaces puissent être prises au sérieux par les instances gouvernementales et que celles-ci, par précaution d’éviter un nombre impossible de fraudes et d’accès indésirables à des informations personnelles, décidaient tout simplement de limiter l’accès public à la Toile, voir même le stopper net, assisterait-on à un des plus importants phénomènes de désorganisation collective?
Je ne fais que soulever des hypothèses mais dans ma tête, le film est moche.
Et ce n’est pas parce que c’est Michael Bay qui le réalise.
Angoissant! Je conserve, pour des raisons personnelles et professionnelles, beaucoup de courriels dans mon compte Gmail. Je me réfère aux sites du Voir, de Cyberpresse, de RDS pour suivre l’actualité. Si je veux aller voir un film, c’est sur internet que je vérifie les horaires. Même chose pour mon autobus.
Que l’on soit d’accord ou non, nos vies tournent plus ou moins à l’entour d’un axis mundi qu’on nomme internet. Nos références, modes de communication, représentation gravitent toutes autour.
Je choisi donc, pour le moment, de ne pas m’en faire avec ce type de menace. Je hoche les épaules et lui donne autant d’importance que la menace de la fin du monde au mois de décembre. Mais effectivement, si je prend le temps d’y réfléchir, ce film, je ne veux pas le voir…
C’est gênant à dire, mais une partie de ma vie est pas mal stocké sur Gmail. Google est comme mon classeur.
Je comprends totalement! Mes contacts, mes documents, mes articles, tout y est…
Dans les années 60, un grand auteur de science-fiction polonais (Stanislas Lem pour ne pas le nommer) avait justement écrit une histoire où, dans un futur plus ou moins lointain, d’un seul coup, toutes les informations sur support informatiques été subitement effacées (en utilisant l’explication littéraire d’une « masse critique d’infronations »).
Zap! Plus rien, plus aucun ordinateur en état de fonctionner, plus de données stockées en format numérique.
Et on était encore loin de l’internet et même des ordinateurs personnels à l’époque. Malgré tout, il avait prévu les grands réseaux informatiques et notre dépendance à ceux-ci (ainsi que le fait que la machinerie, comme les avions, seraient dépendant des ordinateurs). Conclusion: La fin de la civilisation.
Encore plus grandiose que votre idée.
Voir aussi le roman « Ravage » de René Barjavel (là c’est l’électricité qui fait défaut soudainement)
Stanislas Lem était un sacré visionnaire.