Il y a quelques années, lorsque j’ai commencé à bloguer, j’ai souvenir d’une espèce de monde parallèle.
Tu écrivais un billet et puis, seuls les plus courageux qui ne craignaient pas le codage HTML avaient une idée du taux de fréquentation sur leur blogue.
Même qu’au début, c’était plutôt rudimentaire. Tu avais un compteur et à chaque fois que tu revenais sur ton propre blogue pour voir si tu étais devenu dans les dernières minutes le nouveau cool du web (ça ne m’est finalement jamais arrivé mais j’avoue que ça doit être quelque chose), tu t’apercevais que les dix mystérieuses dernières visites qui s’étaient ajoutées, c’était toi.
On a beau dire qu’on écrit humblement pour notre bon plaisir, je vous bullshiterais si je vous disais que je m’en fous d’avoir zéro lecteur. Évidemment, c’est différent quand j’écris différentes bébelles mais quand tu blogues, un des buts, c’est qu’il se passe quelque chose avec les lecteurs.
C’est certain qu’il y en a qui écrivent parce qu’ils trippent de se sentir populaires et de se faire reconnaître à Cuba mais généralement, ça serait un peu cheap d’apposer une étiquette égocentrique aux blogueurs. Y a déjà Facebook qui fait très bien sa job à ce niveau-là.
J’exagère peut-être mais un commentaire, ça vaut ben des visites. Même un commentaire de merde à la limite.
Parce que depuis l’avènement de Google Analytics, on a réalisé que le nombre de visites, ça ne voulait pas dire grand-chose. Tu peux avoir 500 personnes qui passent par ton blogue dans l’espace d’une heure sauf que 498 d’entre-eux, ne se rendent même pas à la fin de la première phrase de ton billet. On dit que tout va toujours plus vite, il en est de même pour le facteur de platitude.
D’ailleurs, quelqu’un chez Facebook a dû comprendre ça et il a eu l’idée la plus assassine qui soit: le fameux piton like.
En quelques mois, le fait de liker est devenu une pratique généralisée. Jamais n’a-t-on vécu dans une idéologie aussi manichéenne. Il n’y a plus de tons de gris. On aime ou on s’en fout.
L’importance d’une nouvelle comme « J’ai eu la job que je voulais! » n’a plus l’impact d’autrefois. Tout dépendra du nombre de likes qu’elle remportera.
Aussi, sémantiquement parlant, le fait d’apprécier ou d’aimer (like) a été complètement désincarné de son sens premier. On peut maintenant écrire le plus sérieusement du monde « Mon père a un accident de voiture et sa tête a arraché » et 24 personnes peuvent liker votre nouvelle en guise d’appui et de compassion. Que likent-ils là-dedans?
Il en est de même pour les blogueurs contemporains. Si en lisant un texte qui fesse, vous vous rendez compte qu’après quelques jours de publication, celui-ci n’a été liké que 8 fois, vous douterez instantanément de sa pertinence. Et l’inverse est malheureusement vrai. Pensez à du monde qui trippe de se faire reconnaître à Cuba par exemple…
Tout ça m’amène à une question: y a-t-il une vie après le piton like?
Intéressant. Je n’accorde pas beaucoup d’importance au nombre de commentaires. Souvent, le type de texte que j’écris entraîne des réflexions plus personnelles. Je ne m’attends pas à ce que les gens réagissent en masse.
Par contre, les boutons de partage (que j’activerai sur ton texte dès ce commentaire fini), les fameux Like, eux, je les Like. Contrairement aux statistiques qui disent peu, aux commentaires qui fluctuent selon la nature du texte, un bouton de partage, c’est toujours une recommandation. C’est la pensée qui circule!
Le bouton « Like », c’est quantitatif. Ça donne une idée de l’effet que ton billet a pu avoir sur la population (mathématiquement parlant… je te rappelle qu’on est dans le quantitatif), mais ça demeure très peu instructif sur le niveau d’appréciation de cette même population.
En revanche, le commentaire est qualitatif , voire substantielle, et il informe conséquemment mieux quant à l’appréciation d’un texte par les internautes.
Par exemple, si je « pèse » sur Like, tu te dis « Yé! », mais si je te dis que j’aime beaucoup ta façon d’utiliser le mot « ribambelle » ou que je trouve très novatrice l’utilisation que tu fais du point-virgule, ton plaisir décuple, non?
Donc, la vie après le « like », c’est le commentaire.
C’est devenu de l’ordre du tic, le like. Mais moi je l’aime encore le like. En fait, je l’aime plus que les têtes anonymes de mon compteur qui me font souvent m’exclamer : mais pourquoi ce billet-là a intéressé 3 Marocains !? Quel mot clé j’ai écrit … Je suis dépassée et j’aime pas être dépassée, surtout dans les intersections. Tandis que le like de facebook, je les prends comme de petits indices avec des faces dessus. Y a pas à dire, quand je n’ai aucun like, je n’en fais pas une maladie, puisque on a tous besoin un jour ou l’autre de déambuler dans une foule anonymement. Mais quand j’en reçois plusieurs, d’une manière inattendue, j’interprète. Je regarde le thermomètre et j’évalue la température de mon statut. Parfois, c’est parce que j’ai frappé juste, tout le monde pensait ça en même temps que moi et n’ont pas eu besoin de l’exprimer, je leur ai mis les mots dans la tête. D’autres fois, c’est parce que j’ai l’air abandonné dans mon petit coin, d’autre fois, c’est pour dire « coucou, je suis là ». Pour dire vrai, les likes que je préfère viennent de personnes qui likent rarement, et que je connais peu. Je leur donne une signification à mon goût. Mais les commentaires, oui, les commentaires, mais pas aussi longs que celui-ci pour à peu près rien dire (ça fait partie de la blague que je tente de faire), je les aime toujours.
Salut monsieur Martel,
ce n’est pas un long message mais seulement pour te demander s’il t’est possible d’ecrire de bonne chose?
Je lis le voir chaque semaine pour tes chroniques et les evenement musicales et artistiques.
Je travail comme projectionniste au cinema d’Alma, j’ai fais en sorte que les patrons lisent ton petit engueulage (Je souligne que j’étais d’accord avec toi la dessus.). La semaine après tu reponds avec autant de négation.
Oui c’est bien de chialé j’doute pas qu’tu te fais du fun, c’est interressant à lire.
Pour en venir à ça serais plaisant d’avoir du positif à travers ça.
Y’a pas seulement mon ami le boucher qui aurait mérité un clin d’œil.
Bref, continu ton bon travail et à la semaine prochaine dans le voir!
Dan H.