Salut Line,
Ça va? J’avoue que je te demande ça par politesse parce que dans le fond, je pense connaître la réponse pis si j’étais à ta place, je tripperais pas trop.
Tout d’abord, tu me pardonneras de te tutoyer mais que veux-tu, je suis comme ça, je suis un pas de classe. Pourtant, j’ai un bac en Études littéraires françaises. La grosse affaire tsé. Mais bon…
Écoute Line, je le sais que tu dois être pas mal occupée par les temps qui courent mais je me permets de te voler quelques minutes de ton temps pour te rassurer. Oui oui. Te rassurer.
L’affaire, c’est que je pensais à ça tantôt pis même si y a ben des gens qui ne te portent pas dans leur coeur présentement, faudrait pas que tu t’inquiètes. Tu sais, j’ai la mémoire d’un poisson rouge (genre 8 secondes plus tard pis c’est oublié) mais fouille-moi pourquoi, je me suis rappelé qu’en 1996, y avait eu une grève étudiante. Bon… soyons honnêtes, ça n’avait rien à voir avec ce qui se passe maintenant mais reste qu’à l’époque, disons que Pauline Marois avait comme connu le contraire d’un regain de popularité. Pis là, hop!, 16 ans plus tard, parti comme c’est là, c’est loin d’être impossible que Pauline gagne ses prochaines élections. Pis #IronieRenouveau, ça pourrait être en grande partie grâce à toi. Ha! ha! ha! Non mais avoue que c’est drôle! Pas toi mais la situation!
Tsé, je suis loin d’être un stratège en politique mais si j’avais un conseil à te donner, personne ne te trouverait poche de changer d’idée. C’est sûr que tes électeurs qui te félicitent de tenir tête au mouvement de grève vont capoter un peu mais vois-les comme des fans. Dis-toi qu’ils sont déjà de ton bord pis qu’après une bonne p’tite job de spin doctors, ça sera pas long qu’ils vont te pardonner. Théoriquement, ils sont beaucoup plus faciles à faire changer d’idée que tes opposants.
Vois-tu, en plus d’avoir un bac, j’ai même étudié dans une école privée. J’étais jeune à l’époque, je n’avais pas été foutu de finir mon DEC en Arts et Lettres à cause d’un cours d’éducation physique (aujourd’hui j’en paie le prix d’ailleurs, j’ai dû me mettre à la grève du sucre depuis maintenant deux semaines question de perdre une vingtaine de livres), j’avais une job de misère pis j’avais tellement la chienne d’avoir à payer le 2000 piastres de prêts et bourses que je devais à ce moment-là que je m’étais inscrit dans la première école prête à m’accepter, question d’allonger mon délai avant de rembourser ma dette. L’ironie du sort a fait que je me suis ramassé dans un cours qui m’a coûté 16 000 piastres et dix ans plus tard, j’en ai encore pour au-moins 5 ans à rembourser ça. Tsé quand je te disais que je n’ai rien d’un stratège en politique…
Si je te raconte tout ça, c’est que je veux te démontrer que même si mes études m’ont coûté un bras, je ne ressens aucun plaisir à voir la prochaine génération être pognée dans le même bateau que moi. Je ne suis pas du genre à penser que plus il y a de personnes dans la même marde que moi, moins c’est chiant. Oui, je suis jaloux de la Nouvelle Génération mais pour les bonnes raisons. Ils ont la fougue, la candeur qui rend invincible, ils pensent que les années 80 étaient cools et il y en a même qui croient que les nineties étaient incroyables et je les trouve chanceux.
La génération qui m’a précédé pouvait anéantir leur ardoise par une simple faillite -qu’on se comprenne, faire une faillite personnelle à 22 ans, ça revient pas mal à pogner une carte « Ne passez pas Go, ne réclamez pas 200$ -et pouf!, deux ou trois ans plus tard, c’était reparti mon ami! Et puis, quand ça a été le tour de ma génération, la trail de la faillite avait été condamnée. Et sais-tu quoi Line, ça c’est crissant. Dans le sens que tu vois une foule de personnes de quelques années de plus que toi qui se la pètent pendant un souper en te racontant comment eux ils se sont lavés les mains de leurs prêts et bourses et toi, tu te retiens pour ne pas leur casser une coupe de vin sale en pleine face…
Ça c’est pas le fun. Et puis, c’est peut-être mon petit côté hippie de fin de semaine mais je ne vois pas pourquoi je ferais aux autres ce que d’autres m’ont fait si je trouvais ça pas correct dans le temps. Je préfère renverser la vapeur. Ça me ferait plaisir de voir la Nouvelle Génération moins pognée à la gorge que moi quand ils vont finir leurs études. De toute façon, en ayant plus d’argent dans leur poche, en plus d’avoir des études, ils consommeraient bien plus, socialiseraient beaucoup plus et si tu fais le calcul: ça ferait juste plus d’argent dans les coffres de l’État… Bon, j’avoue que le calcul est plutôt sommaire et pourrait faire blanchir les cheveux d’un économiste mais j’imagine que tu comprends un peu la patente…
Bref, aidons-les. C’est loin d’être de la charité. Même que c’est limite opportuniste d’un point de vue capitaliste. Pis tant qu’à y être, dis-leur donc ça à tes partisans qui sont pour la hausse.
Dis-leur que de maintenir le gel des frais de scolarité, c’est un piège.
Parce qu’au fond, plus on te donne de chances pour réussir dans la vie, plus on a de chances d’y regagner en tant que collectivité.
Pis toi, plus tu aurais de chances de sauver tes prochaines élections. Parce que là, tu te fais niaiser pas rien qu’un peu. Y a même Legault, Monsieur je-pense-que-les-cégeps-devraient-être-abolis-parce-que-ça-sert-rien-qu’à-apprendre-aux-jeunes-à-fumer-du-pot qui essaie de se faire du capital de sympathie sur le dos de la grève étudiante. Tsé quand tu pisses dans la soupe devant tout le monde pis que tu essaies de la revendre après l’avoir fait réchauffer deux minutes au micro-ondes…
Je te dis juste ça de même Line, mais les « méchants » qui deviennent gentils à la fin d’un film, ça fait toujours son effet.
Pis là, ça adonne que le film dans lequel tu tiens la vedette, y a ben plus que 200 000 personnes qui le regardent présentement.
Bonne chance Line.
je suis convaincu que ta ‘ chum ‘ Line est assise sur le bol dans les toilettes privées de la Ministre, les lumières éteintes mais – avec une « flash light dans la main -entrain de lire ton blogue…. après lecture, elle sera certainement heureuse d »être assise où elle est assise…
J’aime ça des beaux commentaires constructifs comme ça!
C’est drôle, j’ai à peu de choses près le même parcours scolaire que toi, DEC en Lettres, Certificat en Création Littéraire, un autre en Pub, et un troisième jamais terminé en français écrit. Quand on fait ce genre de choix à la fin du secondaire, il faut bien lire les paragraphes concernant les perspectives d’emplois reliées au programme auquel on veut s’inscrire. Je savais pertinemment qu’une toute petite poignée de gens vivaient exclusivement de leur plume au Québec. Dès la fin de mon secondaire 4, j’avais un travail d’été, au salaire minimum, du genre que lorsque je retournais en classe, je considérais ça comme des vacances. Bien sûr, de nos jours, les sales jobs d’été sont faites par des travailleurs étrangers parce que c’est trop difficile de casser des concombres en écrivant des textos pour les jeunes d’aujourd’hui. Tu as décidé de t’endetter davantage pour ne pas avoir à rembourser tes dettes ? J’aime autant pas savoir ce que tu fais avec tes cartes de crédit ! Malheureusement, j’ai un peu l’impression que ce sont des gens qui ont la même mentalité que toi qui se lancent en politique…
Doubidouwa.
Ha oui! j’avais oublier ce point la dans la vie; quand tu passe des moments de merde dans une job de misère, alors tes descendants doivent impérativement revive le même calvaire! Comme je suis bête!
« Dis-leur que de maintenir le gel des frais de scolarité, c’est un piège. » … Heu… parce qu’il s’agirait de les abaisser ? C’est pas clair clair dans le texte…
En opération-séduction, dans les faits, tu baisses les frais de scolarité mais quand tu t’adresses à tes partisans qui sont pour la hausse, tu leur fais plaisir en disant que tu as simplement maintenu le gel des frais de scolarité. 😉
mon Joel,
soyons patients.
Madame Beauchamp sera remplacée comme no 1 en Education par un de tes confrères de Voir ca, le gars du peuple, le spécialiste de l’école publique, un humble, un obscur, dénommé Mario dont le CV occupre 25 pages.