Salut Jean,
il y a environ une semaine de ça, j’écrivais une lettre bourrée de bonnes intentions à ta ministre Line Beauchamp pis là, je checke ça aller pis faut croire que le message a vraiment passé dans le beurre. Donc pardonne-moi de prendre quelques minutes de ton précieux temps mais honnêtement, je m’en sacre un peu.
Tout d’abord, tu remarqueras que je me permets de te tutoyer. L’affaire c’est que même si je n’ai jamais voté pour toi et ton parti, ça fait déjà presque dix ans que tu prends plein de décisions qui ont une influence dans ma vie et, j’ignore si c’est une espèce de dérivé du syndrome de Stockholm, mais avec le temps, j’ai comme l’impression qu’une relation à sens unique s’est développée entre toi et moi. Tu vas rire mais tu es devenu un peu comme mon deuxième père en quelque sorte. Genre qu’à chaque fois que tu fais des moves qui me font chier, tu me dis que c’est pour mon bien.
Bref, je pense que nous sommes rendus à un point dans notre relation où je ressens le besoin de me livrer. En plus, on ne sait jamais les surprises que la vie nous réserve. Qui sait, tu pourrais peut-être quitter tes fonctions de premier ministre du Québec avant les prochaines élections en évoquant des raisons familiales ou quelque chose dans le genre… C’est sûr que ça t’éviterait assurément d’avoir à ton CV une possible défaite et ça te ferait beaucoup mieux paraître quand dans x années, tu pourrais décider de relancer ta carrière au fédéral… Avec Harper qui fait littéralement partir le pays en couilles, ça serait un bon timing pour que tu puisses réaliser ton grand rêve d’être premier ministre du Canada… Bien entendu, je dis ça de même et avec plein de trois petits points.
Écoute Jean, je serai très honnête avec toi: je capote. Mais pas dans le bon sens tsé. Je capote parce qu’il y a un tas de choses que je ne comprends pas trop et si je me fie à ceux et celles qui ont l’air de comprendre ce que je ne comprends pas, paraîtrait que l’avenir du Québec commence à être de plus en plus louche. Maintenant, sache que je n’ai rien contre les rabais mais quand tout semble indiquer que notre futur est en vente-trottoir, j’ai comme l’impression qu’on s’est faite pitcher dans la rue à un moment donné pis qu’on a oublié de nous le dire.
Mais bon, je t’en veux pas personnellement. Peut-être que je suis cynique mais dans des situations comme ça, peu importe qui est Premier Ministre, que ce soit toi ou Pauline ou Chose-qui-s’est-parti-un-parti-en-pensant-que-ça-allait-être-un-bon-timing-mais-qui-a-vite-déchanté-quand-il-s’est-rendu-compte-que-les-journalistes-spécialisés-en-politique-l’avaient-niaisé-ben-correct-en-laissant-entendre-que-les-prochaines-élections-allaient-être-bientôt-annoncées, je suis certain qu’un truc d’envergure comme le Plan Nord a toujours une part de marde. En fait, tout ce qui change, selon quel parti est au pouvoir, c’est la grosseur de la part de marde.
Là, ne va surtout pas penser que je vais te faire un copié-collé d’un texte de Dominic Champagne. En fait, je m’étais promis de ne même pas te parler du Plan Nord pis de tous ces affaires-là mais faut croire qu’on se ressemble un peu. Ici, tu comprendras que je fais allusion à la difficulté commune qu’on a, toi et moi, à respecter nos promesses.
Mais bon…
Vois-tu Jean, la semaine passée, j’étais plutôt fébrile. Premièrement, comme je demeure à Alma, j’étais ben content de savoir qu’il y avait des rumeurs qui laissaient entendre que les négociations reprendraient entre Rio Tinto Alcan et ses employés en lock-out. Dans ma candeur absolue, j’osais croire que peut-être que le conflit commencerait à s’arranger. Deuxièmement, le 52ième jour fatidique de la grève des étudiants arrivait et là, ton gouvernement annonçait qu’il avait une proposition intéressante à faire.
Tu sais Jean, je comprends que pour l’histoire de la RTA, tu es comme un gars qui a fait du culturisme toute sa vie et qui s’est donné un bon boost aux stéroïdes: tu es impuissant. Mais pour ce qui est de la grève étudiante, come on!
As-tu pensé une seule seconde à toutes ces familles qui avaient juste envie de passer un congé de Pâques ben relax?
Je voudrais pas te faire sentir cheap, mais tu as vraiment gâché le congé de ben du monde.
Tsé, imagine que Line pis Raymond auraient annoncé que finalement, avant de mettre en place la hausse des frais de scolarité, ils feraient un moratoire, une commission ou fouille-moi quoi. Disons que ça aurait plutôt apaisé le moral de tout le monde. Les gens contre la hausse auraient considéré ça comme une espèce de victoire tandis que ceux en faveur de la hausse auraient chialé une journée ou deux, pis après s’être bourré le crâne de toutes les lignes ouvertes possibles, ils auraient rapidement passé à d’autres choses.
En tout cas, je sais pas si tu as organisé secrètement un genre de Loft Story avec tes chums pis là, vous avez fait un pool de qui va sacrer son camp en premier, mais si tel était le cas, je te suspecterais d’avoir tout misé sur Line.
Je dis ça comme ça mais te rappelles-tu quand Jean Chrétien a annoncé que le Canada ne participerait pas à la guerre en Irak? Tout d’un coup, Chrétien a vu son level de charisme monter d’une shot. Tellement, que le jour où il va mourir, on ne se forcera même pas à sa rappeler de ses mauvais coups. On va se dire que dans le fond, c’était un méchant bon diable.
Pourquoi tu ferais pas ça? Genre que tu annonces que tu ne seras pas de la course aux prochaines élections et du même coup, tu fais un combo de moves ultra-cools pour fucker toute la patente. Genre que tu donnes un gros bonbon aux étudiants, tu suspends toutes les activités reliées à l’exploitation des gaz de schiste pis tant qu’à être parti, tu trouves un moyen de faire chier Harper.
Dans le fond, si je te dis ça, c’est pour ton bien Jean. C’est pour le mien aussi.
Je suis tanné que le Québec ressemble à mon vieux PC. Au cours dernières années, j’ai installé un tas pas possible de programmes. Des fois, c’était pour essayer des trucs, d’autres fois, c’était en pensant que ça l’améliorerait mais là, il est rendu crissement lent pis je le sais que c’est en grande partie de ma faute. Faudrait que je réinstalle une meilleure version crackée de Windows 7. Faudrait aussi que je réinstalle uniquement les programmes qui valent vraiment la peine.
Bref Jean, je te demande seulement de faire ta juste part.
Désinstalle-toi correctement.
Le Québec est maintenant prêt pour son Windows 8.
Depuis quelques années déjà j’ai pour vous, Monsieur Martel, une certaine sympathie – et même empathie – oserai-je écrire, cela remontant au désolant épisode du dépanneur… ou même un peu avant ça. Et je suis là à vous observer de loin à travers le prisme narratif de ces anecdotes relatant vos diverses pérégrinations imaginées ou factuelles, comme cette malencontreuse crevaison dont vous nous avez fait le récit.
Mais voilà qu’à présent une impression lourde semble vouloir s’installer.
Ce qui a longtemps fait le charme de ces tranches de vie que vous nous servez d’épisode en épisode, des portions usuellement bien relevées grâce à un assaisonnement espiègle (dont vous seul possédez le secret), eh bien cette cuisine un peu frondeuse quoique généralement digeste devient moins goûteuse ces derniers temps. De plus en plus épicée – au point que le subtil arôme d’hier encore s’est perdu entre la marmite et la table…
Trop de condiments n’aura jamais que pour effet de gâcher la sauce. Il ne faut y recourir qu’avec mesure. Une pincée de ceci, un zeste de cela. On laisse mijoter un moment, on goûte et… un peu de sel ou de poivre au besoin, puis on sert. Et les convives en redemanderont. Tandis qu’un plat qui leur enflammera les papilles ne conservera que la clientèle des durs-à-cuire.
Est-ce là la clientèle que vous voudriez exclusivement séduire aujourd’hui?
Si tel est le cas, sachez alors que cette clientèle vous lâchera dès qu’un chef épiçant de façon encore plus démentielle ses plats aura été repéré. Pareille clientèle est butineuse et sans la moindre fidélité.
Enfin, le moment serait-il arrivé pour que vous vous intéressiez enfin plus sérieusement à la «prestidigitation? Parce qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à faire autre chose dans la vie…
Bonne journée!
Monsieur Perrier, bien de la sauce chili a coulé sous les ponts de pain d’épice depuis cette histoire du dépanneur.
De la sauce chili ou… tabasco?
Mais c’est votre coche, après tout. Et je ne voudrais surtout pas passer pour en être la mouche!
Là-dessus, longue et heureuse vie, cher Monsieur Martel.
de la sauce chili, claude. c’est écrit: chili.
je te mets la citation dont il est question en référence:
« …bien de la sauce chili a coulé sous les ponts… »
le cinquième mot, claude.
avec une tranche de respect, une louchée de cordialité et un contour de déférence, claude, je te souhaite une journée.
Calinours,
T’as jamais pensé qu’on peut discuter à un autre niveau qu’au pied de la lettre, qu’on peut se permettre de réinterpréter des figures de style? Apparament non.
C’est niaiseux et méprisant ton commentaire.
Tu t’ennuies on dirait. Tu devrais prendre un break… Ta session recommence quand en passant?
c’était juste pour rire, jean. une petite blague comme ça, en passant. je suis sincèrement désolé si je t’ai lésé.
Bonjour M. Martel,
Je ne comprends pas l’usage inapproprié de tous ces anglicismes qui trahissent un manque de respect, à mon humble avis, envers la langue française.
Par exemple: « a vu son level de charisme monter d’une shot. » contient deux anglicismes facilement remplaçables par « niveau » et « coche », ce qui signifie qu’ils n’apportent rien au texte. Peut-être l’intention était-elle de baisser le niveau de langage. Personnellement, je crois que le français contient un niveau de langage suffisamment bas pour qu’on puisse créer une impression sans y incorporer l’anglais.
Si l’intention était de créer un rapprochement entre le lecteur et vous, sachez que je m’efforce chaque jour de laisser entrer le moins d’anglicismes possibles dans mon langage. Cette attitude a donc sur moi l’effet contraire. Bien que je puisse être une exception, je crois que le respect d’une culture se trahit beaucoup par le respect de sa langue, et que personne ne vous reprochera d’utiliser un nombre insuffisant d’anglicismes dans vos chroniques.
L’importance de soigner le français est encore plus grande dans le cadre d’une chronique au sein du journal culturel. Surtout dans un contexte où l’anglais gagne du terrain chaque jour.
Je suis fière de parler français, et je crains de plus en plus pour ma langue.
Chère Marie, tu as raison. J’ai dosé pas mal fort en anglicismes. Tu me pardonneras de m’être laissé influencer par toutes ces années à jouer à des RPG. Aussi, tu m’as démasqué: je me disais qu’en employant une dizaine d’anglicismes, ça serait plus sexy pour attirer le côté entrepreneur de Jean. 😉
Excellent commentaire, madame Gilbert-Thévard.
Dommage que vous soyez apparemment parmi une faible minorité à manifester autant de respect à l’égard de notre belle langue française…
M.Perrier,
La richesse d’un vocabulaire n’éclipse pas automatiquement la pauvreté d’un discours …
J’ignore pourquoi mais à chaque fois que je lis quelqu’un critiquer le français de l’autre je pense à cette phrase: « Quand le sage pointe les étoiles, le con regarde le doigt »
M. Perrier,
quousque tandem abutere patientia mea ?
..
Seigneur que vous utilisez de grands mots pour ne rien dire.
Seigneur que vous avez le don de faire des affirmations gratuites… » cette faible minorité à manifester autant de respect à l’égard de notre belle langue française… »
Pour vous apaiser, je vous suggère la lecture du texte de J.F.Chénier et de ses confrères( consoeur).
Vous remarquerez- avec madame Thévard – que nos jeunes manient bien le crayon ( suis de la vieille école ) au niveau forme et fond.
Ça fait du bien de vous lire ! Hahaha j’en ai ris un coup… Hommages au style de RBO
me plaisent toujours pis on as-tu fini de tout intellectualiser et on peux-tu parler avec nos tripes sans trop se censurer ! Aaaaaaaah cette société hiérarchisée fait peur à mourir… Non à se battre pour une vraie démocratie où la masse doit décider pour elle-même cibole ! Pour le moment par ailleurs il ne reste (et c’est énorme) que l’opinion publique pour modifier le vote démocratique des prochaines élections; faque allons voter pour le vrai au lieu qu’environ 20%-30% de
la population, car c’est ce qui reste en bout de ligne si on sait qu’environ 40% va voter et que 60% de ce 40 passe… On est cons ou quoi ? Merci du rappel et de
vous indigner ! Bonne day ! 😉
Moi j’aime beaucoup votre billet M. Martel !
Evidemment je ne fais pas partie de la petite poignée de francophones qui appuient encore Charest malgré l’odeur répugnante qui entoure ce gouvernement !
La grève étudiante semble servir de masque a gaz temporaire , camouflant ainsi cette odeur persistante de corruption et d’ incompétence crasse qui entoure John James Charest et ses ouailles ! Par contre la grève finira bientôt et l’ odeur refera surface car elle est là pour rester , l’odeur !
La Commission Charbonneau ainsi que le projet ambigue du Grand Nord ne seront pas suffisant pour faire oublier les 9 années de non-gouvernance , de malversations et d’ incompétences crasses de ce gouvernement et dans ce sens votre billet me rejoint toalement !