Destination quartier : Le Mile-End: là où les classiques naissent

À travers les années, ce secteur de Montréal est devenu le quartier général de bien des domaines, de la littérature (on pense d’emblée à Mordecai Richler et à l’iconique librairie Drawn & Quarterly), à la musique émergente (avec des salles de spectacle comme la Casa Del Popolo et le Théâtre Fairmount et des boîtes comme Dare to Care et Bonsound), à l’art numérique (on y trouve après tout le plus gros studio de développement d’Ubisoft), en passant par l’alimentation végétarienne (La Panthère verte, Lola Rosa et Crudessence y ont tous trois des succursales).

L’un des symboles les plus emblématiques du Mile-End en est un comestible. Car c’est ici qu’est né le bagel de Montréal, véritable fierté nationale. Tout comme son cousin new-yorkais, le bagel montréalais a été importé par les immigrants juifs d’Europe de l’Est. Plus petit et dense que l’américain, notre bagel a un léger arôme sucré et se cuit nécessairement dans un four à bois. L’amusante rivalité entre les deux institutions du quartier en la matière, Fairmount Bagel et St-Viateur Bagel, est à l’image du beignet en question: légendaire. Chacun a son commerce de choix où aller assouvir ses fringales nocturnes ou rassasier ses petits creux matinaux; les deux adresses étant ouvertes 7 jours sur 7, 24h sur 24. Mais puisqu’il est ici question d’identité locale, c’est St-Viateur Bagel qui remporte la manche, avec ses cinq fabriques, ses trois bagel-cafés et son food truck dans la région de Montréal. Contrairement à son rival de la rue Fairmount, la boutique fondée en 1957 tient plus du musée que de l’usine de fabrication en série. On se sent littéralement traverser l’histoire en mettant les pieds dans son local mythique de la rue Saint-Viateur, les employés n’hésitant jamais à éclairer les curieux clients sur l’histoire du bagel ou sur son processus de fabrication.

Antonio Russo, propriétaire de La Scarpetta, souhaite faire de la piadina, spécialité du nord de l’Italie – d’Émilie-Romagne plus précisément –, un classique boulanger semblable au fameux bagel. Trouvant que l’offre montréalaise manquait de diversité – se résumant à la baguette, la ciabatta et le panini – et avait aussi le défaut de bourrer ses consommateurs, il a eu l’idée d’introduire le traditionnel sandwich en forme de demi–lune dans le quartier. Importée sous vide, la pâte feuilletée à piadina est précuite, croustillante et, surtout, extrêmement légère. Ainsi, il y aura bientôt dans son restaurant de l’avenue du Parc un comptoir de prêt-à-manger où l’on pourra venir s’approvisionner de ladite piadina pour emporter. Alors qu’en Italie, il s’agit d’un plat plutôt rudimentaire, qui était même jadis appelé «pain des pauvres», la version d’Antonio s’adresse aux fins palais avec des garnitures de prosciutto crudo, d’aubergines alla griglia, de porchetta, de saumon fumé, de caprese et de thon à l’italienne, entre autres. Il prévoit même des piadinas sucrées au Nutella, fruits des champs, caramel, banane… Les possibilités sont infinies et alléchantes!

En plus des classiques culinaires qui voient le jour dans le Mile-End, beaucoup de jeunes entreprises y élisent domicile afin de s’imprégner de la vocation artistique et visionnaire de l’endroit. C’est notamment le cas de Mobilier De Gaspé qui se nourrit, dit-elle, de l’énergie créatrice du quartier. Il est essentiel pour les amis associés à l’origine du projet d’échanger avec d’autres entrepreneurs et créateurs partageant leur identité de marque. La jeune maison de meubles se distingue par ses designs, à la fois minimalistes et sophistiqués, et par une plateforme web qui permet de créer son propre meuble en choisissant son modèle, ses dimensions, l’essence de son bois, son type de poignée, etc. Une esthétique et un concept à l’image des autres réalisations du Mile-End; la qualité à l’épreuve du temps et des frontières.