Rap local : D-Track, Clay and Friends, Eman X Vlooper et L’amalgame

D-Track, la force du DIY //

Fort de son bagage dans le vaste monde du slam, le rappeur gatinois d’adoption montréalaise D-Track revient à son premier amour avec Message texte à Nelligan.

Conseillé et parfois dirigé par Pierre-Luc Clément (alias Couette Love), son fidèle acolyte multi-instrumentiste, D-Track a enregistré la totalité des chansons de son quatrième album chez lui, pour la toute première fois de sa carrière.

«J’écoutais mes maquettes et je trouvais que mes enregistrements étaient parfaits. Pas besoin d’aller chercher un meilleur mic dans un plus gros studio», relate le rappeur, rejoint par courriel. «Le travail de collaboration avec Pierre-Luc a été de longue durée. Je dirais au moins une année ponctuée de plusieurs rencontres; à essayer de nouvelles choses, à remodeler, à se casser la tête pour le bon sample, pour le bon riff ou le bon drum, jusqu’à ce qu’on arrive à un résultat satisfaisant pour les deux.»

Avec son camarade, le rappeur a puisé dans le jazz et le soul pour élaborer les arrangements de ses chansons. «On cherchait un équilibre entre le dernier de Kendrick Lamar et des morceaux d’Oxmo Puccino, tout en faisant quelques clins d’oeil à Earl Sweatshirt», explique-t-il. «Même s’il y a beaucoup de sampling sur l’album, on voulait qu’un côté musical acoustique assumé se ressente, tout en s’assurant de garder un edge hip-hop. Bref, on voulait pas s’embarquer dans quelque chose de trop ‘pop’.»

Encore une fois, les textes captent l’attention par leur richesse poétique. Champion québécois de slam en 2013, et représentant national à la coupe du monde l’année d’après, D-Track s’assure de développer une réflexion intelligente avant de publier une chanson.

Les sujets sont nombreux : Le génie d’Aladin aborde la difficulté qu’ont les artistes à survivre, J’préférais Bridget Jones évoque l’abus de chirurgie plastique, Mon ami, le terroriste traite d’une histoire de radicalisation chez un jeune homme en perte de repères…

Dans un style plus humoristique, Race de la paperasse relate le criant manque de dextérité de D-Track et de son ami Ogden (d’Alaclair Ensemble), qui se joint à la pièce. «Ça parle du fait qu’on n’est pas manuels pour deux cents!», indique-t-il. «Dans le temps, quand Alaclair faisait un show en Outaouais, ma blonde et moi avions toujours de la place pour les accueillir. Après les shows, la gang venait crasher chez nous. T’en retrouvais sur nos planchers, et d’autres, sur le divan…C’est comme ça que j’ai appris à connaître Ogden, et c’est en jasant avec lui que j’ai compris qu’il n’était vraiment pas manuel, lui non plus.»

Autre collaboration de calibre : Kepler avec le vétéran Dramatik. «C’est sans aucun doute un de mes rappeurs québécois préférés, un artiste que je suis depuis l’époque de Muzion. Qu’il ait accepté de collaborer sur la pièce est vraiment un honneur. J’ai eu la chance de le côtoyer sur les scènes du End of The Weak et j’me suis dit pourquoi pas lui proposer de collaborer sur un morceau. Je lui ai envoyé une maquette de Kepler par internet et, en peu de temps, il a composé de quoi de fresh pour ensuite venir le spit dans mon studio. Après ça, on a chillé, discuté de musique, tout en sirotant un rhum des Caraïbes… Good times.»

En attendant sa sortie officielle le 22 avril prochain sous Coyote Records, Voir vous propose une écoute exclusive de Message texte à Nelligan.

Nouveautés d’envergure //

Produit par Chantale, ce clip du groupe montréalais Clay and Friends a été tourné en Ukraine dans des conditions hivernales parfois difficiles. Appuyée par une réalisation dynamique, la chanson Don’t Need dévoile la direction soulhop plus assumée de la formation, qui se permet également une incursion reggae.

Prolifique, le rappeur lavallois Green Hypnotic est à son meilleur sur Yoga Fire, une chanson courte et mordante, qui peut compter sur un clip épuré, réalisé par le jeune beatmaker Yen Dough.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et Nomadic Massive le prouve encore une fois avec un clip qui remet au goût du jour sa chanson Any Sound, parue sur un EP du même nom en 2013. Le groupe prépare actuellement un album pour le mois de juin et propose, entre-temps, à ses fans de télécharger gratuitement l’ensemble de sa discographie.

Après avoir tout raflé les honneurs hip-hop l’an dernier, de l’ADISQ au GAMIQ en passant par la SOCAN, le duo Eman X Vlooper s’apprête à présenter du nouveau matériel. Même si son abus d’Auto-Tune pourrait en rebuter plus d’un, Waves donne le ton et illustre l’audace d’un groupe qui refuse de ressasser la même recette.

Les basses saturées dans le tapis, le producteur originaire de Joliette Yen Dough propose une courte pièce instrumentale, qui dévoile déjà une évolution probante, à peine quelques semaines après la sortie de son premier EP Lawless.

Kaytranada en aura finalement mis du temps pour venir à bout de son premier album TRÈS attendu, 99.9%, prévu pour le 6 mai sous XL Recordings. Anderson .Paak lui prête main forte sur ce premier extrait de calibre.

Top 3 shows //

3 : L’Arti-Show

L’organisme Artistes en voie de développement (AVD) propose ce vendredi le programme rap de son festival Arti-Show. En plus du collectif SDRNR et des champions de battles Baggies (des 13 Salopards) et Chacalcolik, on pourra y voir à l’oeuvre le maître du hardcore funk lui-même, Reptile Rampant.

La Sala Rossa, 15 avril

2 : L’amalgame

Un autre gros line-up de hip-hop de la relève vous attend ce samedi avec le hip-hop aux touches funky festives de L’amalgame et de RBV. Pour compléter la soirée, le trio hochelagais La Carabine et le très prometteur producteur Oclaz offriront aussi des prestations.

Groove Nation, 16 avril

1 : Apollo 5

Il y aura beaucoup de bons beats ce samedi au Cercle, à Québec. En plus du rappeur de Limoilou Steve Beezy qui y lancera son album, on pourra se délecter des basses creuses du beatmaker lavallois High Klassified ainsi que du flow imperturbable du rappeur Jei Bandit.

Sous-sol du Cercle, 16 avril