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H4C : Donner du décor à l’assiette

Des grosses pierres taillées et cerclées de briques encadrent portes et fenêtres. Ces murs bruts sont par endroit tranchés par des lames de bois apparentes qui s’accordent avec tables et comptoir. Au-dessus, un plafond blanc immaculé n’est serpenté que par quelques tuyaux d’aération… Le décor du restaurant H4C est planté et il colle parfaitement à son quartier.

L’âme ouvrière et industrielle de l’ancien village de Saint-Henri est ici volontairement préservée. Elle a même été remodelée dans cette bâtisse historique datant de 1893, qui avait perdu son identité au fil de ses multiples vies. Derrière ce restaurant ouvert en 2013 se cachent deux hommes et une femme, mais surtout un rêve, un destin et des rencontres.

À l’origine du H4C, il y a Marc-André Vallée, architecte de métier et de passion qui aspirait depuis gamin à ouvrir un restaurant. Il a d’abord entraîné son associée Chantal Paradis dans son rêve d’enfant, puis est «tombé en amour culinairement» avec Dany Bolduc, qui exerçait alors ses talents dans un autre établissement. Une fois le trio formé, il ne manquait plus qu’une scène pour s’exprimer; l’ancien bureau de poste du quartier Saint-Henri s’est imposé.

Entre cuisine et architecture

«Le local est venu, ce qui a poussé à choisir un type de chaises, puis un type de table, et de tout cela a découlé la cuisine», lâche comme une évidence Andrée-Anne Nolin, la gestionnaire du lieu. Pour insuffler son identité au H4C, Marc-André Vallée a redonné son âme à la bâtisse qu’il venait d’acheter. «Au lieu de créer un décor et de rajouter des cochonneries, on a retiré tout ce qui recouvrait les murs. L’homme a horreur du vide donc il remplit, nous on a vidé et recyclé un maximum de déchets et d’objets», explique le copropriétaire.

Cette philosophie architecturale se retrouve aussi en cuisine, explique Marc-André: «On est allés chercher Dany parce qu’il nous ressemblait. Un architecte se doit de transformer son milieu en prenant ce que l’environnement peut lui donner sans retourner cet environnement. Dany a toujours su faire cela en cuisine. Il est capable de faire n’importe quoi avec peu de choses».

Au H4C, il n’y a donc pas de place pour des délires exotiques absurdes. Tout est rationnel, de la décoration à l’assiette. «On fait de la cuisine délicate avec de la bouffe saine, explique Andrée-Anne Nolin. Tout est fait localement: l’architecture, les luminaires, les tables et les produits, abonde Marc-André. On évite la transformation et les choses qui viennent de trop loin, et on ne cuisine que des produits de saison».

La ligne directrice du H4C est désormais claire et tranchée. Tant le bâtiment que la décoration et les plats s’accordent sans fausse note, et Marc-André reconnaît volontiers que ces préceptes ont découlé de ce lieu chargé de mémoire. Et le restaurateur architecte conclut: «On dirait vraiment que le destin voulait que ça se fasse comme ça…»

H4C
538, place Saint-Henri – Montréal
514 316-7234
leh4c.com