Sabrer le champagne contre l'itinérance
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Sabrer le champagne contre l’itinérance

Au-delà des millions récemment promis par le provincial et le fédéral pour lutter contre l’itinérance, quelques initiatives locales voient le jour. Comme celle du restaurant montréalais La Champagnerie, qui lancera bientôt son projet de sabrer des bulles pour amasser des fonds au bénéfice d’un organisme qui vient en aide aux personnes itinérantes.

«L’Accueil Bonneau, qui célèbre ses 140 ans cette année, est une véritable institution dans le Vieux-Montréal. On voulait faire quelque chose pour conscientiser les riverains, tout en essayant d’inspirer d’autres restaurateurs du coin, pour qu’ils envisagent des partenariats avec des centres d’aide comme celui-ci», explique Margot Guenel, coordonnatrice des opérations à La Champagnerie.

Le restaurant voulait un projet qui rapporte de l’argent à l’Accueil Bonneau, plutôt que de leur offrir des denrées alimentaires. «Souvent, on pense qu’un organisme comme celui-là a essentiellement besoin de nourriture, mais il y a également un volet opérationnel majeur que les gens ne voient pas. Ces fonds pourront être répartis pour combler les différents besoins de l’organisme, qui ne se limitent pas qu’à la nourriture», souligne Margot.

Selon la tradition du restaurant, les clients qui sabrent une bouteille de bulles placent le bouchon fraîchement sabré derrière le mur de verre de l’établissement en faisant un vœu. Dès le 19 avril, ceux qui désirent soutenir l’Accueil Bonneau pourront placer leur bouchon dans une jarre, reversant du même coup un don de deux dollars à l’organisme. «Au lieu de faire un vœu pour eux-mêmes, nos clients pourront en exaucer un pour leur prochain», s’enthousiasme Margot.

Hausse de l’itinérance

Le nombre d’itinérants sur l’île de Montréal s’élève à 3 016 d’après un recensement de 2015. Ce décompte est bien en-deçà des estimations du milieu communautaire, qui avance depuis longtemps un nombre dix fois plus élevé. «Ce sont des personnes qui sont dans la rue, qui ont également d’importants problèmes de santé mentale, qui sont dépendantes à l’alcool, aux drogues dures, au jeu», indique Aubin Boudreau, directeur général de l’Accueil Bonneau.

Les organismes ont besoin de financement pour offrir une aide spécialisée, comme des intervenants bien formés et outillés pour les aider à se sortir de la rue. Les dons philanthropiques ne sont pas rares pour les organismes communautaires, toutefois les organismes venant en aide aux itinérants ne reçoivent pas tous des dons privés, rappelle Mathieu Frappier, coordonnateur au Réseau solidarité itinérance du Québec:

«On ne peut pas être contre la vertu. De l’argent de la philanthropie pour contrer l’itinérance est toujours le bienvenu, mais cela démontre les lacunes du financement provenant du gouvernement provincial. […] Le gouvernement devrait répondre aux besoins des organismes à 100%…»

La Champagnerie
343, rue Saint Paul Est – Montréal
514 903-9343
www.lachampagnerie.ca