Vin : 10 idées reçues à jeter du cellier
Si depuis quelques temps les bars à vin, cours d’oenologie et festivals de vignerons ont la cote au Québec, les préjugés dans le domaine continuent à avoir la vie dure. Voici 10 idées fausses à noyer tout de suite dans votre verre.
Les sulfites, c’est mauvais (et ça donne mal à la tête)
Il y a des sulfites partout : même notre corps en produit naturellement. Tous les vins contiennent donc des sulfites, y compris les natures. L’excès de sulfites concerne notamment les vins industriels (où on peut retrouver plus de 80 produits ajoutés, du gel de silice à l’acide malique). À dosage modéré, les sulfites aident à stabiliser le vin pour qu’il ne bouge pas trop une fois embouteillé. Mais un lendemain de veille avec peu de sulfites reste un lendemain de veille…
Le fromage, ça se sert toujours avec du vin rouge
Les protéines lactiques contenues dans les fromages ont tendance à faire ressortir les tanins, rendant le vin rouge plus astringent et l’accord moins agréable. En général, les fromages s’accordent mieux avec un vin blanc. Pour un roquefort on ira vers un blanc doux, tandis qu’un Comté s’accordera à merveille avec un vin jaune. La meilleure règle est de suivre l’accord régional, à savoir de choisir un vin et un fromage provenant de la même zone géographique.
Plus un vin est vieux, meilleur il est
D’abord, il ne s’agit pas juste de faire vieillir une bouteille, mais surtout de la faire vieillir dans de bonnes conditions (pas de variations de température, bouteille à l’horizontale, à l’abri de la lumière, etc.) Ensuite, certains vins se boivent plutôt jeunes et ne se garderont pas bien, comme le Beaujolais nouveau. L’idéal est de se renseigner d’abord sur le potentiel de garde d’un vin, d’en acheter plusieurs bouteilles et d’en ouvrir une de temps en temps pour voir l’évolution du vin afin de le déguster au moment optimal.
Les vins nature, ça sent l’écurie
On ne fait souvent pas la différence à l’aveugle entre un vin conventionnel et un nature. Cette odeur d’écurie, comme on dit, est en réalité un défaut du vin – qu’on ne retrouve pas seulement dans les vins nature. Ce préjugé vient sans doute du fait qu’on a souvent justifié certains défauts en disant que « c’est normal, c’est du nature ». Halte là ! Nature ne veut pas dire défaut. En outre, si certains vins nature peuvent parfois avec des effluves un peu fauves, disons-le comme ça, c’est une question de goût, et ça peut être très bon.
Plus un vin est cher, meilleur il est
Certes, il y a une question de coût dans la qualité ; plus le vigneron travaille à la main et de façon artisanale et plus son produit reviendra cher. Cependant, la plupart des vins industriels coûtent très peu à la production et on les paie donc chers pour ce qu’ils sont. Par exemple, Veuve Clicquot produit ses champagnes à partir de raisins achetés à d’autres producteurs et en gros volumes, pour des bouteilles qui sont ensuite vendues à partir de 72$.
Le champagne est toujours le meilleur choix de bulles
Justement, parlons du champagne ! Le nom de cette région emblématique évoque le berceau des vins mousseux, choix par excellence quand il s’agit de fêter en grand. Mais question goût et qualité, un vin de Champagne ne sera pas forcément la meilleure option en matière de bulles. D’autres vins mousseux – des crémants d’Alsace par exemple – sont parfois bien meilleurs, bien moins connus et souvent moins chers. On pense ainsi au Recaredo, un mousseux espagnol qui se vend à partir d’une quarantaine de dollars.
Ne jamais garder ses bouteilles au frigo
Les ennemis dans la conservation du vin : les variations de température, la lumière, les vibrations et les fortes chaleurs. Dans l’idéal, on conserve ses bouteilles dans une cave au frais, sans lumière et un peu humide. Pour les gens qui n’ont pas ça sous la main, à savoir une grande majorité, on opte pour un cellier électrique avec température ajustable – et deux sections, pour les rouges et les blancs. À défaut de cellier, le mieux est de mettre vos bouteilles au frigo. Il y fait certes un peu trop frais pour le vin, mais au moins la température reste stable. J’en connais qui n’auront bientôt plus de place pour stocker leurs légumes…
Les bulles se servent toujours dans une flûte à champagne
La flûte a été inventée pour mieux admirer les bulles des vins mousseux tandis qu’elles remontent le long du corps fin et allongé du verre. Mais mis à part son atout esthétique, ce verre possède une ouverture étroite qui ne permet pas au vin de bien s’exprimer. On lui préfèrera donc un verre à vin de forme plus classique, avec une ouverture large. Aussi, il est plus facile d’y mettre le nez pour en sentir les effluves… Certaines maisons ont d’ailleurs créé des gammes de verreries hybrides spécialement conçues pour les bulles.
Il vaut mieux garder sa bonne bouteille pour une occasion spéciale
Si l’idée est louable, dans les faits on a plutôt tendance à ne finalement jamais ouvrir la fameuse bouteille, ne trouvant pas d’occasion assez spéciale. Le vin peut alors passer sa période de dégustation optimale… Pour sa part, la sommelière Véronique Rivest est une grande défenseure des accords bons vins-bouffe de tous les jours. Après tout, pourquoi attendre un repas gastronomique ? Ce soir, commandez vous donc de la pizza et ouvrez cette bonne bouteille.
Les vins rouges québécois ne sont pas bons
Les auteurs de cette phrase sont en général des buveurs de gros Bordeaux ou plus généralement de rouges puissants. Certes, au Québec on ne produit pas ce type de vins-là, tout simplement car on n’a pas ici le climat européen ou sud-américain qui donne des rouges tanniques et costauds. On trouvera plutôt ici des vins de climat froid, légers en alcool et dont les meilleurs crus peuvent évoquer le Jura ou la Savoie. Il s’agit tout simplement de s’initier à ce type de vin. Pour ça, on vous conseille par exemple les bouteilles des vignobles Les Pervenches ou du Domaine du Nival.