Act of God : Les racines de la catastrophe
Scène

Act of God : Les racines de la catastrophe

Dans la langue de Shakespeare, l’expression «Act of God» réfère aux cas de force majeure et aux catastrophes naturelles qui dépassent le contrôle de l’être humain. Sous la plume double de Michel Nadeau et de Marie-Josée Bastien, la catastrophe est humaine mais non moins lourde de conséquence.

Une catastrophe. Sept histoires. Sept personnages dont on suit la dérive, comme autant de déclinaisons de la relation de l’être humain à un tel bouleversement: certains le subissent, d’autres le provoque alors qu’un autre le fuit. Du biologiste au vendeur d’assurances, chaque destin n’a en apparence rien à voir avec les autres. C’est au fil du parcours que des liens sous-terrains se dessinent et s’entrecroisent. «Il y a une chercheuse en Abitibi qui s’est rendu compte que lorsqu’on coupe un arbre, les racines des autres arbres fusionnent carrément pour lui transmettre leur sève, dans le but que ça puisse continuer de pousser. C’est un système de coopération, et c’est un peu comme nos personnages qui sont tous liés par en-dessous, de façon inconsciente», explique Michel Nadeau.

Si cette métaphore écologique a été un guide important pour la structure de la pièce, ce n’était toutefois pas l’idée à la base de la création. «L’anecdote de départ, c’est un fait divers qui se passait au Japon. En cours de route, le Japon a disparu mais il en reste des traces. (…) Il y a un dicton japonais qui dit que lorsqu’il se passe quelque chose de grave, si tu veux guérir, aide quelqu’un. C’est une devise qu’on a appliquée au projet. La catastrophe et ça, ça a été les deux murs porteurs de notre création».

À la manière d’un film d’Alejandro González Inárritu (21 grammes, Babel), Act of God prend assise sur une temporalité non-linéaire. Certes, orchestrer un tel casse-tête à quatre mains n’est pas chose simple, mais le duo Nadeau-Bastien, qui signe conjointement le texte et la mise en scène, n’en est pas à sa première collaboration. Par ailleurs, plusieurs heures d’improvisations apportent de l’eau au moulin des créateurs, qui remettent ensuite les scènes à l’épreuve d’une lecture avec les comédiens. «À un moment, un acteur connaît sa partition quasiment plus que les auteurs. (…) Ça fait en sorte que tout le monde s’approprie la création, que ça devient une équipe où tout le monde a son mot à dire et travaille dans le même sens», complète Marie-Josée Bastien.

Sous le couvert de «l’action divine», on devine des liens de solidarité humaine d’une grande force qui savent persister dans le temps. C’est d’ailleurs ce qui justifie, pour le directeur du Théâtre Niveau Parking, le choix de la catastrophe comme moteur dramatique : «C’est très présent dans nos sociétés. (…) Il y a toujours des catastrophes qui nous pendent au-dessus de la tête, qui sont plus énormes que nous, sur lesquelles on a aucun contrôle. Quand ça arrive, des liens se tissent pour que la vie continue. Ça fait sortir le meilleur, mais aussi le pire de l’être humain».

 

Du 11 mars au 5 avril

Théâtre Périscope