Le songe d'une nuit d'été : Réunion de famille symphonique
Scène

Le songe d’une nuit d’été : Réunion de famille symphonique

Le temps d’un concert hors série, le théâtre shakespearien fait une incursion sur la scène de l’OSQ.

Au cours des derniers siècles, la musique classique et le théâtre ont partagé la scène de manière quasi indissociable. C’est d’ailleurs au cours de cette faste période, en 1843, que le compositeur allemand Felix Mendelssohn a écrit Ein Sommernachtstraum (en français, Le songe d’une nuit d’été), musique de scène créée pour la célèbre pièce shakespearienne du même nom. Cette œuvre marquante du répertoire classique occupait depuis longtemps l’esprit du directeur musical de l’Orchestre symphonique de Québec, Fabien Gabel. «C’est une œuvre qui me suit depuis mon adolescence, j’avais envie de la diriger. […] C’est un projet qui me tenait à cœur dès mon arrivée à l’OSQ. La pièce est magnifique et la musique est merveilleuse.»

Shakespeare symphonique

Une soirée symphonique au théâtre, voilà ce que propose l’OSQ alors que les mots de William Shakespeare se juxtaposeront une nouvelle fois aux rythmes de Mendelssohn. Maestro de la partition théâtrale de ce spectacle grandiose, c’est Jacques Leblanc qui en assure la mise en scène. Collaborateur régulier de l’Opéra de Québec, le directeur artistique du Théâtre de la Bordée n’en est pas à ses premiers contacts avec l’univers fantastique de la pièce: «Quand Yoav Talmi est arrivé à la tête de l’OSQ, j’avais fait avec lui Le songe d’une nuit d’é de Shakespeare et Mendelssohn, mais seulement en lecture. J’ai monté, avec l’atelier d’opéra de l’université Laval, Le songe d’une nuit d’é de Britten. J’ai aussi joué dans Le songe d’une nuit d’été mis en scène par Robert Lepage, il y a 15-20 ans. C’est une œuvre que j’ai visitée plusieurs fois.»

Figurant parmi les comédies les plus oniriques du répertoire shakespearien, Le songe d’une nuit d’é trace en cinq actes un conte aux frontières du rêve, où se côtoient fées, elfes et un lutin dans un chassé-croisé aux multiples quiproquos. Sur la scène, pas moins de 60 musiciens, 22 enfants, 2 chanteuses et 11 comédiens donneront vie au même spectacle. S’il s’agit d’une tâche considérable, diriger cette imposante distribution, le défi réside toutefois dans l’amalgame du dialogue entre musique et théâtre. «Ce qui est intéressant là-dedans, c’est l’interaction entre l’orchestre et le jeu. [L’œuvre de Mendelssohn] c’est de la musique de scène, faite pour accompagner la pièce. Il y a donc beaucoup de passages où l’orchestre répond aux comédiens, où les comédiens répondent à l’orchestre. […] On a une contrainte importante, qui est pour moi un plaisir: la contrainte rythmique du spectacle tel qu’il a été composé.»

 

Cohabitation scénique

C’est donc au tour des comédiens, qui font valser sur scène les triangles amoureux d’Hermia, d’Héléna, de Lysandre et de Démétrius, de suivre le rythme et de moduler leur jeu au fil de la couleur musicale imposée par l’œuvre de Mendelssohn. De son point de vue de chef d’orchestre, Fabien Gabel précise: «La musique est véritablement au service du théâtre. L’orchestre est une personne. Nous sommes au service de la pièce et pas l’inverse. C’est certain qu’il y a une interaction entre la musique et le texte. […] Plusieurs artistes se sont inspirés du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare pour composer. Dans le cas de celle de Mendelssohn, elle était vraiment destinée au théâtre, elle est complémentaire au texte.»

À l’occasion de cette collaboration spéciale, l’orchestre sera sorti de sa fosse, en quelque sorte intégré au décor, offrant à voir quelques interactions cocasses entre les musiciens et les comédiens. Plus qu’un simple accessoire de soutien, l’orchestre fera ainsi partie intégrante de la mise en scène imaginée par Leblanc.

Cette cohabitation exceptionnelle de l’Orchestre et des mots de Shakespeare sur une même scène est l’occasion de souligner l’importance de la rencontre entre les diverses formes d’art. «La musique est intimement liée au théâtre, on n’a qu’à penser à l’opéra. En plus, c’est intéressant de sortir du cadre formel. Le théâtre est une des plus belles formes d’art qui existent», explique Gabel. «J’espère que les gens qui ne connaissent pas le théâtre vont pouvoir être séduits. Et, inversement, que le public qui connaît moins bien la musique classique va la découvrir.»

Le 9 avril au Grand Théâtre de Québec