Tête-à-tête: En toute proximité avec Stéphane Gladyszewski
Le performeur Stéphane Galdyszewski, connu comme danseur mais surtout pour son travail vidéothermique unissant corps et technologie, propose à l’Agora de la danse une rencontre en tête-à-tête avec lui, à travers le filtre d’un masque technologique aux potentialités inédites. Une performance intimiste pour un spectateur à la fois.
Ceux qui ont vu son spectacle Corps noir ou l’inconscient convié, ou même la courte chorégraphie qu’il a dirigée lors du spectacle Danse à 10, savent que Stéphane Gladyszewski est un fabuleux inventeur, un esprit vif qui redéfinit les contours de la danse contemporaine et du spectacle vivant en déplaçant la vidéo et la lumière vers des directions étonnantes. Sa plus grande innovation, la projection vidéothermique, utilise une caméra infrarouge thermique couplée à un projecteur vidéo et à un système optique pour filmer le corps humain en dévoilant ses zones de chaleur. Chez lui, le corps et la technologie s’imbriquent profondément, plutôt que de simplement s’accompagner. L’effet est toujours saisissant: révélateur de la fragilité humaine ou de sa toute-puissance, mais aussi apte à redéfinir l’identité comme le rapport aux corps qui nous entourent et au nôtre.
Cette fois, conviant chaque spectateur à une performance intime, il a imaginé un système optique construit par assemblage de différents verres, selon le principe de l’anamorphose. Greffé à un masque dans lequel le spectateur est invité à poser son visage, le système se présente comme un dispositif de rencontre. De l’autre côté, le spectateur découvrira Gladyszewski dans un éclairage clair-obscur, prêt à performer pour lui.
«C’est une performance axée sur la rencontre, explique-t-il. Il s’agit de retrouver l’essence de la rencontre entre deux personnes. Ça se passe beaucoup dans le regard, dans la présence, dans l’atmosphère. C’est comme si on partageait le même regard, pour un temps. Qu’est ce qu’être avec une autre personne? Peut-on voir le monde à travers son point de vue? Ce sont les questions qui ont guidé ce travail.»
Plutôt philosophique et sensorielle, l’expérience est pourtant née d’un autre processus, celui-là plus concret. Gladyszewski travaille en effet depuis quelques années avec un créateur de cinéma sur un projet de masque dont le but serait de lui «greffer une nouvelle identité», c’est-à-dire de lui concevoir un nouveau visage hyperréaliste pour sonder la perception de soi à partir d’un visage étranger. D’essais en erreurs, ce projet a fait naître Tête à tête. Ainsi vont les hasards de la création.
«Avec Tête à tête, dit-il, je ne pars pas de l’idée de questionner l’identité. Ce questionnement pourra venir à l’esprit du spectateur, mais je ne l’ai pas créé dans ce but. Le masque, ou les notions de réflection et de miroir qui sont convoqués dans la performance, vont nécessairement mener le spectateur à se retrouver face à lui-même. Mais j’ai bâti ce projet comme un puzzle, me souciant seulement des outils et de la matière. Ce que je peux toutefois en dire est qu’il se produit en quelque sorte une dématérialisation du corps à travers la fusion entre le masque et le visage. Comme si des hologrammes de moi et de l’autre personne se rencontraient.»
Dans un environnement sonore très spatialisé, la performance joue aussi avec les échelles, flirtant d’abord avec des dimensions plus larges pour ensuite se resserrer vers l’étroitesse, vers l’intimiste.
Du 8 au 16 novembre à l’Agora de la danse