Jocelyn Pelletier / Mois Multi : Chaos contrôlé (MISE À JOUR)

Présenté en ouverture du festival, RADICAL K-O fait partie de ces projets qui promettent de marquer l’imaginaire. Le spectacle, articulé autour du thème de la boxe et de la violence primitive qu’elle évoque, est orchestré par le comédien et metteur en scène Jocelyn Pelletier, lui-même épaulé par l’artiste audio Érick d’Orion. «On avait le goût de créer une performance sans compromis, qui serait vraiment viscérale. On s’est donc mis à réfléchir à ce qui suscite de l’intérêt de nos jours», explique Jocelyn Pelletier. C’est là qu’est apparue l’idée du sport, plus particulièrement de la boxe et des codes qui l’encadrent. «C’est un sport où les gens sont vénérés, autour duquel il y a tout un rituel qu’on va détourner, pour trafiquer notre propre spectacle. La boxe, c’est vraiment un prétexte.»

Violence en trois dimensions

Un prétexte, donc, pour travailler avec les codes du sport de combat comme autant de moteurs dramatiques animant les trois protagonistes qui se partageront la scène. Au cœur du ring se déploiera alors un combat intérieur poétisé où la violence prendra une forme tant physique que sonore et visuelle (grâce à l’apport vidéo de Justin Roy). Afin de développer ce langage en trois dimensions, l’équipe de concepteurs a pu bénéficier d’une résidence de création au studio d’Essai de la Coopérative Méduse, laquelle aura servi à jeter les bases d’un travail complexe plutôt vertigineux. «Je travaille souvent à partir de textes, et là il n’y en a pas du tout. C’est confrontant, mais ça m’amène dans des zones intéressantes en tant qu’artiste.»

Plein écran

Il n’est toutefois pas surprenant de voir Jocelyn Pelletier se frotter à ce type de défi, puisque la performance, la vidéo et le son occupent une place significative dans ses pièces. Bien qu’il ne s’agisse pas ici d’un spectacle théâtral conventionnel, ce nouvel objet artistique comportera tout de même une construction dramaturgique «cassée, imparfaite, mais bien présente», afin de guider le spectateur dans un voyage intérieur. «Parfois on avance avec la vidéo, parfois avec la performance physique, parfois c’est avec le son que la performance évolue. Le spectacle est un genre d’univers parallèle où on montre des fantasmes, des peurs, des envies, mais surtout le côté viscéral de la violence primitive. La boxe, même magnifiée, c’est fondamentalement deux personnes qui se tapent sur la gueule.»

Cette violence omniprésente cousue de sons et de lumières ne laissera personne indifférent, comme l’illustre Pelletier: «C’est un mur qui avance vers nous et qui nous rentre dedans. C’est violent visuellement, c’est violent sur le plan sonore, mais tout ça creuse d’un même effort pour nous amener à une certaine plénitude.» C’est donc à une expérience résolument sensorielle et radicale que sont conviés les spectateurs, et qui donnera le coup d’envoi à une 16e édition du Mois Multi tout aussi ludique et immersive.

4 et 5 février à 21h30

Studio d’Essai de la Coopérative Méduse

(Dans le cadre du Mois Multi)

Mise à jour, 5 février à 11h30: la seconde représentation de Radical K-O est annulée. Une dépêche vient d’être partagée sur la page Facebook du Mois Multi.