Alan Lake / Ravages : Comme un parfum de catastrophe
Applaudi chaleureusement à Montréal, le manitou de Factori(e) Land est de retour dans son atelier avec vue sur la bibliothèque Gabrielle-Roy. Entrevue avec un créateur d’images et de mouvements inspiré.
Steve Huot, directeur général et artistique de La Rotonde, le voit sortir de la cage d’escalier. Celle de la future Maison de la danse, celle qui mène aux bureaux du 336 rue du Roi. « C’est le retour de l’enfant prodige! » À Québec, y’a pas à dire : le milieu de la danse est fier de ce que Alan Lake a accompli à la Cinquième Salle de la Place des Arts. La critique de notre collègue Philippe Couture était, par ailleurs, vraiment positive.
Découvert par les aficionados de la danse de l’autre côté de l’autoroute 20, le chorégraphe a « scoré » chaque soir et même si c’était son premier passage dans la métropole. Avec 300 personnes par représentation on peut presque parler d’un exploit, surtout pour un inconnu. « À la discussion où il y avait une centaine de personnes, la directrice a demandé aux gens si c’était la première fois qu’ils voyaient mon travail et tout le monde a levé la main! » Susciter de grosses attentes? C’est tout nouveau pour Alan Lake.
Danse naturaliste, mais pas hippie
Alan Lake et son équipe d’interprètes créatifs sont allés puiser l’inspiration pour Ravages à Saint-Raymond-de-Portneuf, à l’occasion d’un séjour passablement mouvementé qui a duré un mois. « On a vécu des contextes climatiques extrêmement concrets, ce qui fait qu’on a vécu du beau temps, mais on a vécu aussi une petite tornade où les arbres tombaient, on a vécu un déluge de la rivière. […] Tous ces éléments-là ont influencé le corps. »
Mais il n’y a pas que la gestuelle qui imite ou évoque les caprices de dame Nature. La dramaturgie se construit également autour de cette idée de la tempête, celle qui plane au-dessus et autour des danseurs pendant la pièce. Antoine Berthiaume, le compositeur de la musique originale qui a aussi travaillé sur Curios du Cirque du Soleil, a par ailleurs misé sur le cor anglais pour accroître la tension. Sur scène, toutefois, il n’y a pas de ventilateur, ni d’eau, ni de glaise. Les éléments du décor, du tulle à la poutre de bois, agissent à titre de symboles. « Ç’a été important pour moi de construire une climatologie, mais avec des choses abstraites. »
Spectacle multidisciplinaire
Une bonne part de la notoriété d’Alan Lake repose sur sa production vidéo (lire : cinématographique) qui vient comme compléter ses œuvres. Mais cette fois-ci, les images en mouvements viennent ponctuer la pièce par segments à travers les passages dansés.
Il en résulte une œuvre plurisdiciplinaire, mais « au service du mouvement ». Au cœur du travail du chorégraphe? La mise en valeur du travail et des corps de ses complices Dominic Caron, David Rancourt, Esther Rousseau-Morin et Arielle Warnke St-Pierre. Tout sauf des pantins, des danseurs matures qui apportent leur personnalité au mouvement, mais qui incarnent tout de même la signature de plus en plus reconnaissable de Monsieur Lake.
Les 6, 7 et 8 mai à 20h
Salle Multi de Méduse
(Exceptionnellement du mercredi au vendredi)