Machine de cirque à Montréal Complètement Cirque: un cirque sans surprises mais rigolo
Ils sont jeunes, athlétiques, fougueux et rigolos. Misant parfois sur des formules très classiques, parfois sur des numéros vertigineux aux contours étonnants, les 4 comparses de Machine de cirque n’essaient pas de réinventer la roue mais ils font mouche avec un cirque bien mené et un humour bon enfant mais de bon goût.
La rumeur à leur sujet est si enthousiaste qu’il y avait risque de ne pas combler les attentes. Les gars de Machine de cirque, quatre circassiens basés à Québec et accompagnés du vétéran musicien Frédéric Lebrasseur, nous sont apparus prometteurs hier soir même si l’arrimage entre leurs acrobaties et leur scénographie aux mille possibles ne se produit pas de la manière la plus fertile qui soit, et même si leur approche clownesque et parfois enfantine du cirque n’est pas de la première originalité. C’est du cirque familial inoffensif mais pas gnangnan, qui s’appuie sur des valeurs sûres mais qui a de la personnalité : on imagine que lorsqu’ils se sentiront plus libres de bousculer les traditions et les formules éculées, Yohann Trépanier, Raphaël Dubé, Ugo Dario et Maxim Laurin vont nous en mettre plein la gueule. En somme, Machine de cirque est une excellente première œuvre, qui nous fait anticiper une suite plus rebelle, moins policée. Espérons qu’elle vienne.
Il y a donc cet immense échafaudage – la machine – qui était une bonne idée sur papier mais qui est plutôt sous-exploitée au final. Utilisée comme fer de lance de figures au trapèze ou comme point d’ancrange d’acrobaties diverses, la «machine» regorge de possibilités mais sa structure finalement assez rectangulaire et rectiligne s’avère lassante et les quatre artistes l’abandonnent plus souvent qu’autrement pour retrouver le devant de la scène, où ils paraissent se sentir moins à l’étroit et où ils performeront les meilleurs numéros de la soirée: notamment à vélo ou sur la bascule, ou encore sur un unicycle en hauteur (où Raphaël Dubé brille particulièrement en créant l’inquiétude de la foule à cause du caractère périlleux de son numéro).
Vous l’aurez compris, Machine de cirque ne cherche pas à enrober ses prouesses dans une certaine narrativité ou à défendre un quelconque propos. Leur cirque est de tradition purement foraine, même s’il s’accompagne d’une esthétique vaguement inspirée des œuvres mécanisées du 18e siècle, faisant la part belle à l’ingénierie tout en exacerbant les merveilles du corps humain solidement entraîné. C’est un cirque de valorisation de la prouesse, mais réalisé dans une perspective d’authentique ébahissement devant le corps, pas dans une logique de divertissement et de sur-spectacularisation.
Mais bien sûr, cette succession de numéros épuiserait rapidement notre attention si elle n’était pas exécutée avec tout l’humour dont Machine de cirque est capable. Clownesques, les garçons explorent toute la palette du jeu physique comique et empruntent des traditions de mime directement chez Marcel Marceau, les renouvelant en les intégrant à des numéros de jonglerie ou à des acrobaties classiques. Rien de neuf sous le soleil, mais c’est fait avec beaucoup de soin. On aura notamment droit à une nouvelle version du fameux numéro des serviettes qui les a rendus célèbres sur le web (voir la vidéo ici): c’est plutôt irrésistible même si les ficelles de l’affaire sont hyper-apparentes.
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Jusqu’au 12 juillet à la Tohu, dans le cadre de Montréal Complètement Cirque
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