Crépuscule : Ce qui ne s'éteint pas
Scène

Crépuscule : Ce qui ne s’éteint pas

Tout au long de l’été dernier, ils ont illuminé la brunante de leurs acrobaties aériennes devant quelque 110 000 spectateurs. Cette année, la compagnie circassienne Flip FabriQue revient animer l’Agora du port de Québec avec ses idées vertigineuses. 

Raviver les braises, ce nouvel opus de la série Crépuscule, promet d’être à la hauteur de la réputation de la troupe. Déjà, le défi à relever en 2015 était de taille: perpétuer la tradition estivale des spectacles de cirque quotidiens à Québec, emboîtant ainsi le pas au mythique Cirque du Soleil. Après une saison couverte de succès, la Ville de Québec remet une nouvelle fois sa confiance entre les mains de l’équipe de Bruno Gagnon, directeur général et artistique de Flip FabriQue. «L’été dernier, c’était la première fois que Flip avait un mandat à aussi grand déploiement. Maintenant, on est deux fois plus forts qu’on était avant, beaucoup plus solides. Les sentiers ont été battus, tout est en place pour la deuxième édition.»

Visiblement confiant et enthousiaste, Bruno fera aussi partie du groupe d’acrobates qui porteront (littéralement) le nouveau spectacle sur leurs épaules. Sur scène, 14 artistes et 5 musiciens souffleront sur les braises encore chaudes d’une terre imaginaire: un désert aride post-apocalyptique conçu par la scénographe Véronique Bertrand, en étroite collaboration avec les lumières de Caroline Ross. Pour diriger cette imposante équipe de production, la troupe peut compter sur l’expertise d’Olivier Normand, un collaborateur de longue date ayant aussi signé la mise en scène de leurs précédentes créations.

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Crédit: Alexandre Galliez

Après l’incendie

Fort du travail accompli lors de la première édition de Crépuscule, le metteur en scène souligne toutefois la distinction à faire entre les univers considérablement différents des deux spectacles. «L’an passé, on traitait le crépuscule comme un moment suspendu. Là, on a décidé de le traiter comme un point d’entrée vers la nuit. La nuit, c’est un endroit où on peut être caché, mais où on peut aussi être totalement soi-même», une dichotomie qui se reflétera sur le décor rocheux, puisque l’environnement sera la métaphore des mystérieux protagonistes qui l’habite. «Les braises, c’est l’indice qu’il y a eu un feu… et que ça pourrait redevenir un feu. Comme une espèce de vie qui veut reprendre. […] Dans un univers où les personnages semblent tous anonymes ou masqués, qu’est-ce qui reste d’humain en eux? C’est quoi la petite braise qu’on peut rallumer? Qu’est-ce qui ne peut pas mourir malgré l’incendie?»

Des humains qui savent voler

Pour Olivier Normand et Bruno Gagnon, le concept développé est un terreau très fertile à l’élaboration de numéros de cirque. À quelques semaines du début des répétitions, la mécanique de travail développée par le metteur en scène et les acrobates s’apprête à se remettre en marche: un carrefour d’idées où la frontière technique et artistique est perméable, permettant au langage scénique de raconter une histoire de peu de mots. «Ce qui m’intéresse dans l’utilisation du cirque, c’est que les mouvements acrobatiques racontent quelque chose en tant que tel, explique le metteur en scène. Pour le public, ça donne un rapport au spectacle qui est très physique.»

Assis sur le bout de leur chaise, le visage dans les mains, les spectateurs entretiennent un lien spécial avec les artistes. «On veut sentir à la fois que les acrobates sont très humains, mais qu’en même temps ils peuvent voler. C’est ce qui transporte le public. Il reconnaît les artistes comme des gens comme lui, mais qui ont des capacités extraordinaires. Quand on a ces deux pôles-là dans un spectacle, c’est réussi.»

Revenir à la vie

Une des nouveautés suscitant l’intérêt du public est sans doute la participation musicale de Valaire (anciennement Misteur Valaire), qui performera chaque soir au sein du dispositif scénographique. Les membres de Valaire, loin d’être un simple house band, seront le cœur de cette vie qui reprend au fil des numéros, profitant de la scène pour présenter leur nouveau matériel musical, à paraître en septembre prochain. «Les collaborations à grande échelle et à plus long terme comme ça, c’est rare qu’on a la chance de pouvoir le faire, indique Luis Clavis, porte-parole du groupe. […] On a parlé aux gens de Flip FabriQue et on a senti qu’ils voulaient avoir une vraie collaboration. Ils étaient ouverts à ce que notre milieu et notre expérience influencent leur spectacle, et vice versa.»

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Valaire (Crédit: Philippe Arsenault)

C’est dans quelques semaines que se fera le nœud entre l’atmosphère festive de Valaire, l’imaginaire pragmatique d’Olivier Normand et l’instinct acrobatique de Bruno Gagnon. Une rencontre au sommet qui promet d’embraser l’enthousiasme estival des spectateurs de Québec, beau temps, mauvais temps.

Du 22 juillet au 4 septembre 2016
L’Agora port de Québec