Nancy Bernier, nouvellement directrice artistique et productrice du théâtre, est visiblement très enthousiaste à l’aube de son premier été en poste. C’est sans hésitation que son choix s’est arrêté sur Belle famille, une oeuvre mettant en scène un tueur à gages pris au dépourvu par l’arrivée inopinée d’une rocambolesque famille dans un chalet, où le règlement de compte deviendra plutôt difficile.
À l’occasion du quinzième anniversaire du texte, l’auteure Isabelle Hubert a été invitée à retravailler sa pièce. « Je pensais que ce serait juste un peu d’écriture, et finalement ça a été beaucoup parce que j’y ai pris énormément de plaisir. J’étais complètement détachée de mon texte et c’était une super belle expérience de s’autocoacher. » Remise au goût du jour dans une mise en scène de Bertrand Alain, Belle famille vise à rassembler un public de tous les âges, sans pour autant prétendre réinventer le genre de la comédie d’été.
Deux poids, deux mesures
Malgré sa popularité apparente, le théâtre d’été est souvent considéré comme un divertissement de moindre qualité, lorsqu’on le compare avec les œuvres présentées en salle, en saison régulière. Néanmoins, il s’agit d’une porte d’entrée de choix pour plusieurs professionnels du milieu, qui y font leurs premières armes. « Quand je suis rentrée dans le milieu du théâtre, ça m’a un peu surpris de voir que certains artistes levaient le nez là-dessus, indique Isabelle Hubert. Quand on commence, on veut changer le monde. Comment voulez-vous changer le monde en faisant une pièce pour quinze personnes, dans un studio obscur avec des gens qui sont d’accord avec ce que vous dites? »
Malgré l’abondance de nouveaux auteurs et de l’effervescence du théâtre de création, peu de gens semblent intéressés à écrire des comédies d’été, laissant au dépourvu un répertoire aux prises avec un besoin criant de se renouveler. C’est d’ailleurs le principal cheval de bataille de Nancy Bernier pour les années à venir. « Mon but, c’est de faire de la création de nouveaux textes de théâtre d’été. Écrire de la comédie, c’est excessivement difficile, autant qu’en jouer. Ça prend une intelligence du comique et ce n’est pas tout le monde qui peut jouer avec autant de subtilité et d’énergie. C’est pour ça que j’aime autant le théâtre d’été et que je veux le défendre. »
Historiquement, ça fait 60 ans qu’on fait du théâtre dans nos granges et c’est unique au monde.
Les débats sont nombreux sur l’acceptation et la valeur artistique de la comédie d’été, qui permet pourtant au grand public d’avoir accès à un théâtre de qualité, bien loin du fameux amant dans le placard. En ce sens, La Roche à Veillon promet de présenter une saison estivale à la fois intelligente et rayonnante, comme l’explique la directrice artistique : « Historiquement, ça fait 60 ans qu’on fait du théâtre dans nos granges et c’est unique au monde. Ça donne rien de le bouder ou de le snober, on est les seuls qui font ça sur la planète! On va-tu prendre notre bière, manger une patate frite et rire? C’est plein de bonheur! »
Du 27 juin au 2 septembre
Théâtre de la Roche à Veillon
(547 avenue de Gaspé Est, Saint-Jean-Port-Joli)