Corteo : le Cirque du Soleil est (vraiment) de retour
Le spectacle de la célèbre compagnie montréalaise crée en 2005 est présenté actuellement au Centre Bell. Un peu refroidis par Crystal, sa dernière production façon Disney on ice, on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre… D’autant que Corteo annonce devant nos sourcils inquisiteurs un cortège funéraire et nostalgique. Arrêtons là le suspense : on a été très agréablement surpris.
On retrouve les caractéristiques du Cirque du Soleil dans cette grosse production à gros budget, avec du chant, des décors et costumes flamboyants et une soixantaine d’artistes sur la piste. Si le spectacle était initialement présenté sous chapiteau, l’équipe créé cette fois une scène double tout en longueur au milieu de l’aréna de hockey, avec un énorme plateau circulaire coulissant en son centre. Un beau clin d’œil aux pistes de cirque originelles – et qu’on retrouve par exemple à la TOHU, seule scène circassienne circulaire en Amérique du Nord. L’équipe joue bien avec cette contrainte, consciente du public présent de part et d’autre de la scène.
L’histoire, c’est celle du clown italien Mauro qui décède et que l’on suit dans son ascension céleste, en passant par une réminiscence de sa vie. Thème étrange qui se traduit par une nostalgie joyeuse et festive, dans un contexte de cirque européen du début du 20e siècle. Les costumes baroques sont superbes avec des chemises à manches bouffantes et des robes à longues traînes. Dans cette nostalgie, on retrouve une scène revisitée de Roméo et Juliette dans un petit théâtre de Guignol, des numéros qui retournent à l’origine épurée de leur discipline (un équilibriste sur échelle)… Les personnages traditionnels du cirque sont convoqués, de l’Arlequin au géant en passant par les lilliputiens et Monsieur Loyal.
Sans se reposer sur l’impressionnant décor, le spectacle stupéfie par la qualité technique des numéros de cirque. On assiste à de vrais tours de force, des performances poussées d’artistes qui n’hésitent pas à prendre des risques. On pense par exemple au superbe numéro final de barres en synchronisation qui en met plein la vue, ou à celui de danse de poteau, tout en maîtrise. Il y a de la créativité dans la mise en scène aussi, et beaucoup d’idées – comme le numéro de trampoline, qui a lieu entre deux immenses lits d’enfants. Et on reste marqué par cet incroyable tableau où la lilliputienne, attachée à d’immenses ballons d’hélium, s’envole au-dessus de la foule.
Malgré la pléthore d’artistes et d’accessoires, la mise en scène (signée Daniele Finzi Pasca, qui avait également fait Luzia du Cirque du Soleil, mais aussi la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Sotchi) concentre l’œil du spectateur sur une seule action sans qu’il ne se perde. On en prend plein les yeux, mais juste ce qu’il faut. Le plateau reste en général épuré si ce n’est les deux ou trois tableaux de groupe. Les numéros se déroulent sur un fond musical chanté, souvent en italien, par deux artistes sur scène – la demoiselle se fend même d’un numéro de tissu tout en chantant. L’orchestre, habillé en clowns, est quant à lui réparti aux quatre coins de la scène.
Enfin, on soulignera la poésie du spectacle dans certains tableaux tout en émotion, mais également l’humour clownesque, bien plus présent que dans les dernières productions de la compagnie. La plupart des dialogues sont en italien, mais point n’est besoin de comprendre pour apprécier… Une féérie qui tombe à point en cette période des fêtes, qui surprend même les habitués de cirque et qui touchera un large public. Bref, le Cirque du Soleil est de retour.
Corteo
au Centre Bell jusqu’au 30 décembre